615 - La communication accessible : une responsabilité partagée

Historiquement, la recherche sur les sourd-es a été largement menée par des chercheurs entendants (McKee et al, 2013 ; O'Brien et al, 2013). Cette recherche explore les principaux enjeux éthiques en matière de recherche avec les communautés sourdes, afin d'identifier des pratiques respectueuses de la culture sourde et favoriser la participation active des personnes sourdes à chaque étape de la recherche. Basée sur l’approche théorique des études sourdes (Bauman et Murray, 2014) et la méthodologie de la connaissance située (Haraway, 2009), la recherche a permis de réaliser cinq entretiens avec onze participant-es (professeurs, chercheurs, étudiants) en langues des signes américaine, française et internationale. L’analyse thématique a mis en lumière moult enjeux : problèmes d'interprétation, obstacles au financement, défis éthiques et sociaux propres à la recherche sur les sourds, etc. Elle souligne également l’importance d'un modèle de recherche collaborative et de la reconnaissance de l'identité culturelle des sourd-es (Singleton, 2014 ; McKee et al, 2012). En conclusion, la recherche suggère d'élaborer des principes spécifiques pour travailler avec ces communautés, inspirés des lignes directrices pour les peuples autochtones (EPTC 2, 2022). Le rapport recommande d'ajouter un chapitre sur la recherche avec les sourd-es dans les politiques des organismes de financement et de créer un comité au CRSH et au FRQSC pour promouvoir des pratiques inclusives

Introduction : En 2022, des journées-conférences ont visé à rendre accessibles aux personnes vivant avec de l’aphasie – un trouble de communication acquis – des recherches ayant précisément porté sur l’aphasie. Cette initiative intitulée « Mots-croisés autour de l’aphasie » a fait l’objet d’un guide proposant une nouvelle méthode de mobilisation de connaissances accessible aux personnes ayant un trouble de communication (PTC).  

Objectif : En cohérence avec le projet, cette communication vise à démontrer par l’exemple la mise en œuvre de cette méthode de mobilisation de connaissance tout en présentant le guide développé.

Méthodologie et résultats : 9 présentations scientifiques ont eu lieu à l’Association québécoise des personnes aphasiques. Ce projet a réuni en personne plus de 160 participant·e·s, parmi lesquel·le·s 55% de PTC. Malgré leur trouble de communication, les PTC ont posé 48% des questions formulées lors des périodes d´échanges, démontrant un vif intérêt de part de la communauté à s’informer de leur condition et des avancées scientifiques entourant cette dernière.

Conclusion : Cette expérience a notamment témoigné de l’importance de l’adaptation du contenu scientifique de la part des scientifiques. Le succès des journées-conférences Mots-croisés tient en des éléments clefs pouvant être reproduits dans le cadre d’autres évènements de mobilisation de connaissances scientifiques. Ils sont listés dans le guide et seront abordés lors de la présentation. 

Cette conférence explore les innovations technologiques destinées à améliorer la communication des personnes malentendantes. L’objectif est d’analyser comment des outils numériques, tels que les applications de transcription instantanée et les appareils auditifs connectés facilitent l’inclusion sociale et professionnelle. La méthodologie repose sur l’essai concret des technologies existantes par des utilisateurs.  Les résultats montrent que ces technologies permettent une meilleure compréhension des échanges verbaux, réduisent l’isolement social et favorisent l’autonomie. Les conclusions soulignent l’importance de développer des solutions accessibles et personnalisées, tout en encourageant des collaborations entre chercheurs, ingénieurs et utilisateurs pour répondre efficacement aux besoins des malentendants.

L’aphasie est un trouble acquis du langage qui peut apparaître soudainement, par exemple à la suite d’un accident vasculaire cérébral, ou graduellement, en contexte d’aphasie primaire progressive, une maladie neurodégénérative. L’aphasie masque les compétences de la personne dont la pleine participation sociale dépend entre autres de la capacité de ses interlocuteurs à révéler cette compétence en conversation. Depuis 1982, l’Association québécoise des personnes aphasiques (AQPA) a pour mission de favoriser l’intégration sociale des personnes aphasiques et d’épauler les proches dans leur rôle de soutien, notamment en sensibilisant la société à la réalité de ces personnes. Cette proposition vise donc à donner la parole à trois groupes d’individus déterminants pour réfléchir à une société plus accessible sur le plan communicationnel, c’est-à-dire les personnes aphasiques, leurs proches, et les intervenantes de l’AQPA. Dans le cadre des activités offertes aux membres de l’AQPA, ces trois groupes d’individus seront questionnés quant aux enjeux d’accessibilité communicationnelle rencontrés par les personnes aphasiques ainsi qu’aux solutions pour améliorer cette accessibilité. Les réponses seront soumises à une analyse qualitative sommaire. Une synthèse des résultats de cette initiative communautaire sera présentée et appuyée par des extraits vidéos pour contribuer à sensibiliser la société aux besoins des personnes touchées par l’aphasie en matière de communication accessible.

Les politiques gouvernementales d’inclusion prévoient divers moyens pour réduire les obstacles rencontrés par les élèves ayant une surdité en classe, comme la présence d’interprètes, la transcription en temps réel et les systèmes de modulation de fréquence (Cawthon et al., 2015). Toutefois, la mise en œuvre de ces politiques varie d’une école à l’autre (Inclusive Education Canada) et, sans mesures adéquates, ces élèves n’ont malheureusement pas un accès complet aux informations transmises en classe (Colin et al., 2021). Afin de documenter les besoins à considérer pour soutenir la réussite sociale et scolaire de ces élèves au secondaire, deux études qualitatives ont été menées impliquant : 1) cinq groupes de discussion focalisés avec 20 intervenantes spécialisées en surdité et 2) six entrevues semi-dirigées auprès d’élèves de 13 à 15 ans ayant une surdité. Une analyse thématique inductive a été effectuée (Braun et Clarke, 2022). Les résultats révèlent, entre autres, que les élèves et les intervenantes perçoivent que certaines mesures d’accessibilité, telles que la présence d’interprète orale, le sous-titrage des vidéos et l’accès à un environnement peu bruyant, sont mises en place de manière inconstante. Sur la base des résultats, des recommandations seront formulées pour favoriser l’inclusion et la réussite sociale et scolaire des élèves ayant une surdité.

Pour favoriser la recherche participative, il est essentiel de considérer l’accessibilité de l’espace physique sur les plans de la communication et de la cognition en plus des aspects de mobilité. 

Objectif : L’objectif est de recenser, par une revue de la portée (scoping review), les solutions pour rendre les espaces physiques publics plus accessibles aux personnes ayant des difficultés de communication ou de cognition.

Méthodologie : La revue suit les lignes directrices PRISMA. La recherche documentaire a été menée en septembre 2024 en collaboration avec une bibliothécaire spécialisée. Les bases de données bibliographiques Medline, All EBM Reviews, EMBASE et PsycINFO ont été interrogées à l’aide de mots-clés tenant compte des concepts de Architecture et design et de Troubles cognitifs, sensoriels et du langage. Les résultats ont été limités aux documents publiés après 2000. 

Résultats attendus : La stratégie de recherche a permis de repérer 1621 références (après retrait des doublons) qui sont en cours d’évaluation. L’équipe travaille à identifier les références éligibles qui permettront d’identifier les thèmes associés aux recommandations et solutions proposés dans la littérature jusqu’à présent. 

Conclusion : À plus long terme, cette revue de la portée vise à formuler des recommandations pour la conception d’espaces physiques plus accessibles afin de favoriser la participation à la recherche des personnes en situation de handicap communicatif ou cognitif.   
 

L’accessibilité physique est essentielle pour l’autonomie et la participation sociale des personnes ayant des incapacités (PAI), notamment dans des espaces complexes comme les aéroports. Cependant, elle ne se limite pas aux aménagements physiques ; des facteurs communicationnels influencent aussi la navigation, la compréhension des consignes et l’accès aux services (Fougeyrollas et al., 1998). Une infrastructure accessible sans dispositifs communicationnels adaptés peut ainsi créer de nouvelles barrières (González et al., 2021). Cette étude examine l’accessibilité physique des aéroports pour les PAI tout en soulignant l’importance des facteurs communicationnels. Des parcours commentés ont été réalisés dans trois aéroports canadiens (72 participants, n = 24 par site), permettant d’analyser en temps réel les obstacles rencontrés. Des sessions de co-conception suivront avec des PAI et des acteurs aéroportuaires pour développer des solutions intégrant accessibilité architecturale et communicationnelle. Les résultats préliminaires révèlent des obstacles physiques (signalisation insuffisante, aménagements inadaptés) et communicationnels (signalétique déficiente, accès limité aux informations numériques, communication inefficace avec le personnel). Ces constats soulignent la nécessité d’une approche intégrée pour garantir une accessibilité aéroportuaire véritablement inclusive.

Contexte : L'aphasie est un trouble acquis de la communication qui affecte la capacité des personnes à comprendre, parler, lire ou écrire. Cela entraine souvent un isolement social et une diminution de la qualité de vie. En tant que services essentiels pour la communauté, les institutions financières (IF) présentent de nombreux obstacles à la communication pour les personnes vivant avec l'aphasie (PVA).

Objectif : Cette étude vise à identifier les obstacles et les facilitateurs à l'accessibilité communicationnelle des IF et à discuter des solutions permettant d'optimiser cette accessibilité.

Méthodes : Recherche qualitative descriptive, incluant des entretiens semi-structurés avec des PVA et des questionnaires remplis par des employés d'IF.

Résultats : Les PVA ont identifié 13 types d'obstacles (physiques, attitudinaux et sociétaux) et 40 facilitateurs (liés aux attitudes conversationnelles et aux politiques de service). Les employés des IF ont souligné la nécessité d’une meilleure formation et sensibilisation à l’aphasie ainsi qu’aux stratégies de communication adaptées.

Conclusion : L'étude met en évidence les principaux obstacles auxquels les PVA sont confrontées dans les IF, ainsi que les facilitateurs potentiels qui pourraient améliorer l'accessibilité communicationnelle. Des programmes de formation ciblés et la normalisation des politiques d'accessibilité permettraient d’améliorer l'accès aux services pour les PVA.

Introduction : Aphasie post-AVC entraîne des défis communicationnels qui limitent la participation sociale des personnes touchées. Malgré les interventions orthophoniques, des lacunes dans les services reçus sont perçues par plusieurs personnes vivant avec une aphasie (PVA), notamment en ce qui concerne la préparation aux interactions avec des personnes non familières. De leur côté, les orthophonistes relèvent plusieurs obstacles qui limitent leur capacité à répondre aux besoins des PVA, dont le manque de temps et de ressources.

Objectif : Mieux comprendre les besoins des PVA et des orthophonistes concernant les façons de cibler la participation sociale, notamment les interactions avec les personnes non familières en réadaptation orthophonique.

Méthodologie et résultats : Des entrevues individuelles semi-dirigées ont été menées auprès de 4 orthophonistes et 5 PVA. L’analyse qualitative a permis d’identifier les défis spécifiques aux interactions avec des personnes non familières, les obstacles perçus par les PVA et les limites des approches actuelles. Les résultats mettent également en lumière les outils jugés nécessaires ou sous-utilisés par les orthophonistes pour mieux préparer les PVA aux interactions de service du quotidien.  

Conclusion : 
En identifiant des besoins concrets, cette étude ouvre la voie à des approches mieux adaptées pour soutenir les PVA dans la reprise des interactions de service et améliorer leur qualité de vie à long terme.

Contexte: Malgré les discussions croissantes sur l’équité, des efforts sont requis pour créer des environnements inclusifs, notamment en termes de communication. La communication neuromixte (entre personnes au fonctionnement neurocognitif différent) soulèvent des défis souvent attribués aux personnes neurominorisées. Or, la communication effective nécessite la participation de toutes les parties prenantes dans un effort collectif. Objectif: Présenter un cadre réflexif portant sur la responsabilité partagée dans la communication neuromixte. 
Approche: Inspiré·es des études critiques et adoptant une posture épistémologique qui questionne les normes établies, nous nous attardons aux dynamiques de pouvoir et les privilèges sociaux pesant sur le processus de communication. 
Mobilisant les concepts de neurodiversité et de double problème de l’empathie, nous proposons un cadre en trois principes pour (re)penser la communication neuromixte : 1. Communiquer est un engagement collectif ; 2. Compenser les désavantages générés par les attentes neuronormatives ; 3. S’engager et établir un dialogue. Retombées et conclusion Ce cadre vise à encourager des prises de conscience permettant de reconnaître que, si toutes les formes de communication sont théoriquement légitimes, les pratiques et attentes neuronormatives désavantagent certaines personnes, notamment neurominorisées. Il vise aussi à orienter les actions pour faciliter le changement vers des pratiques de communication plus accessibles.

Les proches aidants, essentiels pour les personnes présentant une maladie d’Alzheimer (PMA), doivent réussir à gérer des comportements perturbateurs et être capable d’avoir une communication satisfaisante afin de maintenir une bonne relation avec leur proche. Ainsi proposer une formation aux proches aidants, associant l’enseignement de principes Montessori à des stratégies de communication peut constituer une solution afin de conserver une communication efficace. 

Objectif: Évaluer quantitativement et qualitativement les effets d’un nouveau programme de formation (AID-COMm) sur l’utilisation et l’efficacité de principes Montessori associés à des stratégies de communication.

Méthodologie: 15 proches aidants de PMA au stade léger à modéré ont participé aux 4 séances de AID-COMm qui ciblaient la mémoire, l’accès lexical, le discours, les capacités préservées de la PMA et certains comportements perturbateurs. L’efficacité de AID-COMm a été évaluée de manière quantitative par un questionnaire et qualitative par des entrevues de groupe.

Résultats et conclusion : Les analyses quantitatives et qualitatives démontrent une augmentation de l’utilisation et de l’efficacité des stratégies enseignées en lien avec le langage et certains comportements perturbateurs. 
AID-COMm permet aux proches aidants de développer leurs habiletés d’utilisation des stratégies pour optimiser les interactions avec leur proche et mieux appréhender les comportements perturbateurs avec les principes Montessori. 

Les études démontrent que la perte auditive est très fréquente avec l’âge et fait partie intégrante du processus de vieillissement. Bien qu’elle évolue lentement, ses conséquences sur la vie des personnes âgées restent lourdes et handicapantes. Plusieurs aînés malentendants résidant en CHLSD, n’utilisent pas d’aides auditives ou possèdent des appareils non fonctionnels. Par conséquent, la communication avec les préposés au bénéficiaire (PAB) peut être ardue et frustrante. Il est important qu’ils puissent aider les aînés à utiliser leurs aides auditives et adoptent des supports de communication efficaces lorsqu’ils s’adressent à cette clientèle. Cette conférence vise à présenter un programme d’auto formation, sous forme de capsules vidéo, complété individuellement par les PAB, dont l’objectif est d’améliorer l’accessibilité et la qualité de la communication. Les capsules portent sur les problèmes auditifs chez les aînés, les stratégies de communication, les aides auditives et les systèmes d’amplification personnels. Les participants ont complété une batterie d’épreuves pré- et post-formation pour évaluer leurs connaissances, leurs habiletés et leur efficacité personnelle. Les résultats ont démontré une amélioration des compétences évaluées ainsi qu’une satisfaction quant au contenu du programme et à l'approche éducative utilisée pour la transmission des informations. Ce programme serait donc utile pour améliorer la qualité des services offerts à la clientèle malentendante.