536 - Pratiques évaluatives, éducatives, pédagogiques, didactiques, de gestion et de collaboration : regards croisés pour contribuer à la réussite éducative

Favoriser la réussite éducative des apprenants est une préoccupation constante guidant mes agirs évaluatifs, que ce soit en tant que professeur, accompagnateur ou évaluateur. Il s’agit toutefois d’une lumière vers laquelle s’orienter plutôt qu’une destination atteignable, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, la réussite éducative constitue un credo flou, un état de grâce que les apprenants peuvent atteindre ici ou dans un autre monde – c'est-à-dire un autre programme ou un autre lieu de formation – et il est donc difficile de savoir si nos actions aident à l’atteindre. Ensuite, parce que l’évaluation n’est jamais le but de l’éducation, seulement un moyen de favoriser les apprentissages, ou une étape obligée pour les reconnaître formellement. Je vais déployer ces idées en donnant des exemples de mes travaux de recherche ou d’accompagnement en développement de situations d’évaluation. D’abord, en étant critique face aux usages de l’évaluation formelle, par exemple dans le cadre de la sélection des personnes immigrantes. Ensuite, en tentant de toujours mettre de l’avant l’importance des conséquences positives et négatives potentielles sur les personnes évaluées lorsque j’accompagne des équipes développant des situations d’évaluation. Finalement, en faisant preuve, autant que possible, de bienveillance et de flexibilité dans la manière dont j’évalue dans les cours que j’enseigne. 

Au Québec, l’éducation préscolaire vise à favoriser le développement global des enfants à travers cinq domaines : social, langagier, cognitif, affectif et physique/moteur (Ministère de l’Éducation du Québec [MÉQ], 2021). Or, les enfants commencent leur parcours avec des défis en santé physique, rendant essentiel le développement de saines habitudes de vie (SHV), incluant une alimentation saine et une activité physique régulière, qui sont cruciales pour leur développement, leur cognition, leurs habiletés motrices et leur réussite éducative (Carson et al., 2017; Barg et al., 2023; Fortin-Vidah, 2021; Janssen et LeBlanc, 2010; Liu et Stein, 2013; MÉQ, 2021). Malgré ces bénéfices, peu de recherches québécoises explorent les pratiques éducatives favorisant les SHV, bien que des études internationales en montrent les limites et les multiples facteurs qui peuvent les influencer (Ahmadi et Montazeri, 2019; Berger et al., 2009; Simar et Jourdan, 2010). Les questions de recherche sont : quelles pratiques éducatives les enseignantes à l’éducation préscolaire mettent-elles en œuvre pour promouvoir les SHV chez les enfants, et quels facteurs les influencent ? Pour y répondre, une recension des écrits a été nécessaire. Cette présentation résumera les résultats de la littérature scientifique sur ces pratiques et les facteurs influençant leur application. 

En mathématiques, il n’est plus à démontrer que la compréhension des concepts mathématiques favorise davantage la réussite éducative que la simple application de procédures ou de trucs. Mais qu’est-ce que comprendre les concepts mathématiques? La compréhension est le fruit de la construction de connexions entre les différentes représentations externes d’un même concept mathématique (Duval, 1996; Hiebert et Wearne, 1992) et la représentation interne que l’apprenant s’en fait (Thomas et Mulligan, 1995). Ces représentations évoluent au fur et à mesure du développement cognitif et des opportunités d’apprendre qui sont proposées à l’apprenant. Dans mon travail de chercheuse tout comme dans celui de formatrice, je m’intéresse à ces représentations et à leur transformation tout comme aux tâches ou aux expériences mathématiques qui sont proposées aux élèves pour favoriser cette évolution. Je me positionne donc à l'intersection des courants cognitifs et didactiques. Je m’intéresse au développement cognitif de l’élève, non pas pour identifier ses déficits, mais pour déterminer son niveau de progression afin de lui proposer des tâches mathématiques qui lui permettront de développer son plein potentiel mathématique. À qui ressemble ce développement cognitif? Quels sont des éléments clés à intégrer dans ces tâches mathématiques? Je développerai ces idées en donnant des exemples de mes travaux.

Le numérique peut représenter un levier intéressant pour soutenir la réussite éducative de tous les élèves, à la fois en tant qu’outil d’apprentissage et en tant que discipline à part entière. Cette présentation explorera ces deux dimensions complémentaires. 1- Apprendre avec le numérique. Lorsqu’il est intégré de manière réfléchie aux pratiques pédagogiques, le numérique peut jouer un rôle bénéfique pour soutenir la réussite éducative des élèves. De nombreuses recherches ont démontré que son utilisation peut favoriser l’engagement et l’apprentissage des élèves (Hattie, 2023). Par exemple, les outils numériques peuvent favoriser l’accessibilité aux contenus éducatif, en plus de faciliter une rétroaction de qualité adaptée aux élèves (See et al., 2021). 2- Apprendre à propos du numérique. Au-delà de son rôle en tant qu’outil, le numérique représente également un objet d’apprentissage en soi. La maîtrise des compétences numériques est désormais essentielle, non seulement pour répondre aux exigences du marché du travail, mais aussi pour permettre aux individus d’évoluer dans une société de plus en plus numérique. Dans ce contexte, l’école joue un rôle fondamental en offrant à tous les élèves un accès équitable au développement d’une littératie numérique (Reddy et al., 2020). Celle-ci ne se limite pas à la simple utilisation des technologies, mais inclut également une compréhension critique des systèmes numériques, ainsi que de leurs implications éthiques et sociales.