512 - Inclusion scolaire et technologies numériques. Entre promesses, pratiques, effets documentés, et recommandations.

L’éducation inclusive soutenue par le numérique est mise en avant par les textes institutionnels (UNESCO, 2020), mais mettre en place l’accessibilité, pour, et en plus de, gérer la diversité, constitue un défi(Assude, 2019) et suscite un profond désarroi chez les personnes enseignantes(Plaisance, 2019).

Ces constats nous conduisent à nous interroger sur les formations mises en place pour accompagner le personnel enseignant dans le développement de compétences encore peu examinées par les travaux (Fenoglio, 2024) relatives à l’usage du numérique dans une perspective inclusive.

Pour répondre à cette question, notre recherche documentaire met en perspective discours institutionnels et offres de formation en France. Elle s’appuie sur un corpus de textes officiels, de maquettes de formation initiale universitaire, de plans de formation continue conçus au niveau académique, et d’outils en ligne mis à la disposition des enseignants pour intégrer le numérique dans une perspective inclusive.

Nos résultats indiquent un fort décalage entre les prescriptions et l’accompagnement des personnes enseignantes à l’éducation inclusive au et par le numérique. Ils nous invitent à poursuivre notre recherche en nous intéressant, par exemple, aux pratiques (compensatrices ou/et inclusives) et perceptions des personnes enseignantes et formatrices face à ces prescriptions, et à la manière dont ils et elles pourraient être mieux accompagnés afin de mettre le numérique au service de l’inclusion.

Malgré le socle institutionnel « reconnaissant que toute discrimination fondée sur le handicap est une négation de la dignité et de la valeur inhérentes à la personne humaine » (ONU, 2006, p. 3), les personnes autistes sont souvent éludées des dispositifs éducatifs. Le Comité pour les droits de l'enfant souligne ainsi les vulnérabilités épistémiques mises à nu du fait d'iniquités éducatives : « la majorité des enfants autistes n'ont pas accès à l'enseignement » (ONU, 2016, p. 14). ‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬Leur présence s'y révèle elliptique, réduite à la portion congrue ; celle des sujets verbaux aux capacités socio-cognitives les moins altérées (Lacôte-Coquereau, 2024). Au motif d'une « inquiétante étrangeté », on installe en liminalité « dans des ailleurs, ceux qui sont touchés par une déficience », ceux qui se dérobent à notre regard (Gardou, 2005, p. 10). Notre problématique porte donc sur des enjeux éthiques majeurs : l'invisibilisation d'un public autiste non verbal, éloigné des normes de l’écosystème éducatif. Face à ce défi inclusif, le programme Participe 3.0 accompagne, via réalité virtuelle, de jeunes Autistes dyscommunicants vers plus d'autonomie et de participation sociale. Pourtant, malgré ses fascinantes potentialités, l'outil numérique per se ne peut suffire. Nos résultats soulignent l'importance d'un dispositif collaboratif anthropocentré où les médiations humaines favorisent les apprentissages d'un public autiste singulier, à l’ineffable éducabilité.

En France, la norme éducative des élèves porteurs de handicap est inclusive. Or, les dispositifs adaptés varient en fonction de la nature du handicap et des besoins éducatifs particuliers de l’élève qui en est atteint. La déficience visuelle en est un exemple concret. Bien que les technologies numériques pédagogiques dédiées à la basse vision fassent preuve d’une réelle avancée, elles représentent un coût onéreux et sont très souvent indissociables de l’apprentissage du Braille (étude Homère, 2023). Ces équipements ne se substituent en aucun cas aux services d’accompagnement spécifiques compétents en pédagogie, psychologie et motricité, garants de l’autonomie des jeunes déficients visuels (ANPEA, 2021). L’école inclusive ne peut donc se concrétiser sans la mise en place de partenariats (CFPSAA, 2021). En outre, on constate des disparités territoriales dans la mise en œuvre des moyens spécifiques par l’éducation nationale, ce qui a pour effet de priver certains jeunes déficients visuels d’accompagnements spécifiques (ANPEA, 2021). Ainsi, comment l’outil numérique peut-il favoriser l’inclusion scolaire des élèves déficients visuels. Quel est le degré de complémentarité des professionnels accompagnants dédiés à la basse vision ? Au moyen d’un état des lieux de l’existant, nous proposons de dégager les critères déterminants des limites entre numérique et moyens humains et d’apporter une réflexion sur la mise en œuvre efficiente des technologies adaptées.

Cette communication vise à éclaircir les processus d'enseignement et d'apprentissage associés à la distribution d'ordinateurs ou de tablettes aux élèves en situation de difficulté d'apprentissage, dans une perspective de différenciation pédagogique ou de compensation des désavantages.L'étude s'appuie sur les concepts d'affordances et de genèse instrumentale pour analyser les défis rencontrés. Les témoignages d'enseignants et d'enseignantes spécialisés mettent en évidence le rôle souvent secondaire laissé aux élèves, relégués par le primat à des choix technologiques standardisés conçus et déployés dans un paradigme techno-solutionniste. Les données recueillies invitent à reconsidérer le statut de l'élève dans ces pratiques institutionnelles associées aux technologies d'aide, en le percevant non pas uniquement à travers le prisme d'un paradigme médical de déficits fonctionnels. En effet, une proposition est faite d'un instrument de mesure de la place de l'élève dans la gestion de son Environnement Personnel d'Apprentissage (EPA), afin de réinterroger la place de l'élève présentant des besoins éducatifs particuliers face à des technologies d'aide. Ce dispositif, bien que conceptuel, suggère trois axes : l'accompagnement à l'identification des affordances, la gestion de l'EPA comme objectif d'apprentissage et le soutien à l'agentivité de l'élève.Les implications d'une telle approche dans les déploiements numériques sont discutées.

La mobilité étudiante joue un rôle crucial dans la promotion de l’inclusion en éducation. Cependant, pour une bonne partie de la communauté universitaire, les échanges internationaux demeurent inaccessibles, en raison de diverses contraintes (Alvarez & Steiner, 2019). Afin d’offrir une expérience de mobilité sur le campus, notre projet vise à internationaliser la formation dans une logique de coopération interuniversitaire. En exploitant le numérique, nous développons un Collaborative Online International Learning (COIL), dont l’objectif est de permettre aux étudiant.es d’élaborer des modalités, des stratégies et des outils d’évaluation des apprentissages adaptés à un contexte d’enseignement de plus en plus diversifié et multiculturel. Ce cours, destiné aux étudiant.es de 3^ème de baccalauréat en enseignement primaire, représente une opportunité d’explorer l’évaluation des apprentissages sous l’angle des différentes politiques éducatives (Suisse & Canada). Notre comm. vise à présenter les enjeux liés à la mise en place d’un COIL à travers le concept de classe internationale, en abordant les dimensions technologiques, disciplinaires et interinstitutionnelles. Nous allons montrer que le COIL n’est pas seulement une méthode d’apprentissage. Grâce au numérique, il réduit les inégalités et ouvre l’enseignement international aux étudiant.es sans coûts et contraintes supplémentaires. Il transforme la classe en une communauté mondiale d’apprentissage, inclusive, diverse et équitable.

L’école ne transmet pas seulement des connaissances, mais il y a également tout un jeu relationnel qui se joue. Or l’absence du cadre scolaire, les hospitalisations, la fatigue due à la maladie, les traitements, apparaissent comme autant de freins à cette dimension sociale.
Dans quelle mesure les technologies numériques peuvent contribuer à l’inclusion scolaire des élèves empêchés ?
Dans notre recherche, nous engageons une réflexion sur deux types de technologies numériques mises en place pour ce public. Tout d’abord les robots de téléprésence mis en avant par le gouvernement français, mais également le Cartable Connecté conçu par une association.
Notre méthodologie repose à la fois sur une analyse de la littérature, mais également sur une étude empirique consistant au recueil de discours de pratique de six enseignants d’école élémentaire et maternelle.
Devant cette situation inédite d’enseignement dans leur classe, nous avons privilégié comme cadre théorique une approche systémique à travers le modèle d’analyse du carré PADI (Pédagogie, Acteurs, Dispositif, Institution) proposé par Wallet (2010).
Nos résultats mettent en avant différents points d’attention : la question de l’image de l’élève comme avatar à travers le robot de téléprésence, la nécessaire coopération entre les différents acteurs, mais également le renouvellement des pratiques pédagogiques des enseignants. En effet il ne suffit pas de mettre la technologie en classe pour qu’elle soit utilisée.

L'inclusion académique constitue un défi central dans l'enseignement supérieur marocain, marqué par des obstacles méthodologiques, linguistiques et divers auxquels est confrontée la population étudiante (Bouhafs & Karam, 2020). Pour répondre à ces défis, la plateforme Archipelknowledge.university a été conçue et développée dans une optique d’équité éducative, en adoptant une approche hybride combinant cours en ligne et en présentiel.
Ce projet repose sur une analyse approfondie des attentes des apprenant.e.s marocain.e.s, révélant une forte demande pour des solutions éducatives flexibles et accessibles. Pour mettre en œuvre cette vision, notre dispositif repose sur une démarche centrée sur la différenciation pédagogique. Notre choix s’est porté sur Moodle, un système de gestion de l’apprentissage reconnu pour sa robustesse et son adaptabilité (Marcant, 2018). Le module pilote, centré sur la lexicographie, a été développé selon le modèle pédagogique ADDIE garantissant une conception structurée et optimisée des contenus (Spatioti et al., 2022).
L’évaluation de la plateforme, réalisée à l’aide de l’outil de régulation des activités d’enseignement/apprentissage Oura2 (Alvarez et al., 2021), a montré un taux de satisfaction élevé parmi les étudiant.e.s de première année de licence. Ceux-ci ont particulièrement apprécié la flexibilité et l’accessibilité des cours. Toutefois, les retours ont également mis en évidence des pistes d’amélioration, notamment en matière d’interactivité des contenus et d’accompagnement pédagogique.
En combinant différenciation et évaluation continue, ce projet vise à garantir l’accès équitable à l’éducation, tout en tenant compte des divers contextes et besoins des apprenant.e.s marocain.e.s. Il illustre le rôle fondamental des technologies numériques dans la construction d’une éducation inclusive et adaptée aux réalités locales.

Le pôle pilote « 100 % Inclusion, un Défi, un Territoire » réunit des professionnels de terrain et des chercheurs autour de l’émergence de ressources pédagogiques inclusives dans les régions du Nord et de l’Ouest de la France. Cette présentation exemplifie l’utilisation de l’IA dans le cadre du pôle pilote à travers deux exemples.

Premièrement, nous développons un répertoire de ressources pédagogiques inclusives qui exploite les avantages de l’intelligence artificielle pour prendre en compte de manière approfondie les particularités des situations professionnelles rencontrées sur le terrain avant toute recommandation de ressources. Ce répertoire facilite le déploiement opérationnel des ressources sélectionnées par l’utilisateur en proposant une approche multidimensionnelle de l’implantation.

Deuxièmement, le projet MIRIADE (Mettre l’Inclusion en Récit avec l’IA pour Développer l’Empathie) offre un environnement interactif de création de récits. Cet imaginarium, médiatisé par le corps enseignant, est développé par et pour les enseignants et permet aux élèves de développer leur imaginaire et leurs référentiels à travers l’élaboration de récits contre-stéréotypés.

Cette présentation abordera les avantages et inconvénients que nous prenons en considération dans ces développements, y compris ceux liés au fonctionnement intrinsèque des grands modèles de langage et des modèles d’image qui dominent l’espace technologique actuel.

L’intégration des technologies numériques dans l’enseignement représente un levier potentiel d’inclusion scolaire, en facilitant la différenciation pédagogique et en répondant à la diversité des besoins éducatifs. Cependant, au Maroc, cette transition soulève des enjeux majeurs liés à l’accessibilité, aux compétences numériques des enseignant·e·s et à la disparité des infrastructures.

Cette communication explore l’impact des technologies numériques sur l’inclusion scolaire à travers une étude de cas menée dans des établissements du secondaire marocain. Elle met en lumière les pratiques existantes et les stratégies déployées par les enseignant·e·s pour adapter leur pédagogie, tout en identifiant les obstacles rencontrés. L’étude repose sur des entretiens semi-dirigés et des observations de classes, permettant de croiser les perspectives des praticien·ne·s et des élèves à besoins spécifiques.

Les résultats révèlent que les technologies numériques contribuent à renforcer la motivation et l’engagement des élèves, tout en favorisant des pratiques d’évaluation plus équitables. Toutefois, les enseignant·e·s soulignent la nécessité d’une formation continue et d’un accompagnement technique adapté.

Cette communication s’inscrit dans une réflexion globale sur les conditions nécessaires à une inclusion scolaire réussie à l’ère du numérique. Elle propose des recommandations pour renforcer la collaboration entre les établissements scolaires, les décideurs et les institutions de formation.

Les outils numériques peuvent constituer un levier pour les pratiques pédagogiques inclusives. De nombreuses recherches ont exploré les interactions entre ces deux champs, mettant en lumière leur enrichissement mutuel. Cependant, le lien entre les usages réels en classe et les catégorisations proposées par la recherche reste encore peu formalisé. De plus, un même outil numérique peut être facilitateur pour certains élèves tout en constituant une barrière pour d'autres, ce qui nécessite une analyse fine des contextes et des besoins spécifiques.

Notre recherche s’inscrit dans une réflexion globale sur l’accessibilité par le numérique. Elle vise à dépasser une approche prescriptive en développant un cadre méthodologique permettant aux enseignants d’évaluer la pertinence et les limites des outils au service de leurs pratiques inclusives. Cette démarche repose sur une méthodologie interdisciplinaire et participative, appuyée sur la méthode Delphi. Dans un 1e temps, nous analysons des questionnaires élaborés par 3 groupes d’experts aux profils variés afin d’identifier d’éventuels invariants pédagogiques. Ces invariants serviront à structurer une grille d’analyse des outils numériques en contexte inclusif.

Cette démarche aboutira à une modélisation-outil utilisable par les enseignants. Ce modèle permettra de maintenir l’intention pédagogique inclusive comme cadre central et d’évaluer la plus-value technologique en termes d’accessibilité et d’impact inclusif sur les apprentissages.

L’évaluation des apprentissages comporte des enjeux importants chez les personnes enseignantes et c’est notamment le cas de l’évaluation inclusive. On observe une augmentation constante des mesures d’adaptation pour favoriser la réussite des apprenants. Cependant, la gestion de ces mesures est devenue un défi majeur en raison de l’explosion des mesures à déployer lors des évaluations. Afin d’améliorer le soutien aux personnes apprenantes lors des évaluations et pour tracer un portrait de la situation dû à un manque de connaissance sur les pratiques évaluatives inclusive, un dispositif a été développé. Cette communication présente le développement d’une ressource éducative libre qui a pour objectif d’identifier chez les personnes enseignantes leurs pratiques d’évaluation inclusive. Avec une démarche méthodologique de type Design-Based Research, le dispositif a été développé avec les parties prenantes. Une première étape consistait, en se basant sur des écrits scientifiques, à développer un questionnaire pour identifier les pratiques évaluatives inclusives des personnes enseignantes. Ensuite, il a été intégré à la plateforme NumÉduca (les Boussoles numériques éducatives). La Boussole s’inscrit dans une démarche d’autoévaluation et une rétroaction immédiate est générée automatiquement. Ensuite, des ressources sont présentées aux personnes enseignantes en fonction des résultats obtenus au questionnaire. Aussi, un scénario pédagogique a été développé pour mieux sensibiliser les personnes enseignantes à l’évaluation inclusive. Cette communication sera aussi l’occasion de présenter les résultats préliminaires des premières expérimentations.

L’inclusion scolaire des élèves ayant des besoins particuliers représente un enjeu fondamental dans le système éducatif québécois. La mesure 30812, mise en place pour soutenir les élèves autistes de haut niveau, vise à leur fournir des outils numériques adaptés afin de favoriser leur engagement scolaire. Toutefois, malgré ces investissements, peu d’études ont évalué l’impact réel de ces technologies sur leurs relations interpersonnelles, leur posture face à l'école ainsi que leurs comportements en classe.

Ce projet de recherche s’inscrit dans une perspective sociocritique du numérique en éducation en explorant l’influence des usages numériques sur l’engagement scolaire des adolescents autistes de haut niveau bénéficiant de cette mesure. S’appuyant sur une approche qualitative, il vise à examiner les effets des outils numériques sur les trois dimensions de l’engagement scolaire : affective, cognitive et comportementale. Alors que certains travaux soulignent le potentiel du numérique comme levier d’inclusion, d’autres mettent en garde contre les risques liés à une surutilisation, à la distraction ou encore à un isolement accru des élèves. Il est donc essentiel d’adopter une posture critique et de questionner l’efficacité réelle de ces dispositifs dans un cadre pédagogique structuré.

Cette recherche s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’intégration des technologies en éducation. Elle met l’accent sur l’inclusion scolaire et les outils numériques. Les résultats attendus permettront d’alimenter les pratiques enseignantes et les politiques éducatives en fournissant un éclairage scientifique sur les conditions nécessaires pour une utilisation approprié des outils numériques offerts aux élèves autistes dans un cadre pédagogique.

Cette communication reprend les tensions entre les solutions informatiques standardisées et la diversité des besoins pédagogiques, en cherchant à comprendre leur nature et origine. Elle propose une approche transdisciplinaire, en commençant par la pédagogie différenciée, qui valorise la diversité humaine et l'hétérogénéité des apprenant·es. Contrairement à cela, les ordinateurs et leur standardisation posent des défis, notamment au niveau des applications qui peinent à communiquer au-delà de leur écosystème et dont l'intégration des données est souvent spécifique aux commerçants.
Les difficultés d'intégration scolaire du numérique ne résident pas dans la technique mais dans la manière dont les capacités computationnelles sont mises à disposition des utilisateur·ices. L'économie numérique valorise ces capacités de manière prédatrice, au détriment des utilisateur·ices finaux et des développeur·es. La radicalité du propos repose sur l'histoire économique, montrant comment les besoins des apprenant·es sont instrumentalisés pour servir une économie numérique en place.
Pour une intégration technologique réussie, cette communication propose plusieurs pistes. Les praticien·nes doivent s'impliquer dès la conception des solutions, et les chercheur·es doivent étudier les mécanismes de capture de valeur et leurs conséquences pour l'école. La recherche-action et le design thinking peuvent également assurer une valeur pédagogique aux solutions numériques implémentées à l'école.