Il n’est plus à démontrer que les collectifs d’artistes constituent des entités dont l’action participe de manière importante à la vitalité culturelle d’une société. Les compagnies de théâtre ou de danse, groupes musicaux autoproduits, centre d’artistes autogérés, maisons d’édition dirigées par des écrivains, pour ne donner que ces exemples, forment une constellation abondante et dynamique de la production artistique, au Québec comme ailleurs.
Or, ces organisations, souvent de taille modeste et caractérisées par une orientation résolument artistique – une logique de la création – s’avèrent vulnérables et souvent marginalisés dans l’univers de la consommation culturelle, où d’autres logiques – commerciales, managériales, etc. – leur font face. En effet, ces collectifs de production artistiques rencontrent plusieurs défis afin de pérenniser et soutenir leurs activités de création, parmi lesquels les décalages entre les logiques gestionnaires et artistiques, les injonctions administratives des subventionnaires ou les enjeux de la diffusion devant public. Quelles sont les tensions et les stratégies d’adaptation qui animent actuellement ces organisations?
Au Québec, le financement de la production culturelle est assuré en grande proportion par les subventions publiques. Dans les dernières années, et peut-être d’autant plus dans la foulée du renouvellement de la Loi sur le statut professionnel des artistes, les requêtes adressées aux collectifs d’artistes par les organismes subventionnaires ont impulsé de nouvelles pratiques administratives et potentiellement conduit à plusieurs transformations dans la culture de ces organismes. Plusieurs travaux de recherche récents, menés au Québec (Bellavance, Barré, Dubuc, etc.) et ailleurs (Casemajor, Legendre, Liot, Sinigaglia, etc.), se sont intéressés à ces organismes artistiques et à leur situation dans l’écosystème culturel. Ce colloque est l’occasion de mettre en commun ces connaissances pour mieux comprendre ces terrains.