447 - Promouvoir le bien-être conjugal chez les couples parentaux : défis et pistes de solution

La transition à la parentalité, soit la période comprise entre la décision de fonder une famille ou la grossesse d’un premier enfant jusqu’à deux ans postpartum, est une étape majeure dans la vie des partenaires amoureux. Des études ont documenté les fluctuations possibles du bien-être conjugal et sexuel des nouveaux parents, mais peu d’études ont aussi porté sur leur engagement relationnel. Puisque le couple est le pilier de la famille, il s’avère crucial de mieux comprendre ce qui peut favoriser le bien-être individuel, relationnel et familial des nouveaux parents. Le modèle tripartite de l’attachement postule que le soutien, la sexualité et l’attachement sont trois systèmes sous-jacents au fonctionnement du couple. En s’appuyant sur ce modèle, la présente étude longitudinale à devis mixte avait pour but d’explorer l’ajustement des couples de la grossesse à deux ans postpartum. Un échantillon de 211 couples a été recruté lors du deuxième trimestre de grossesse pour répondre individuellement à une série de questionnaires en ligne à cinq reprises. Ils ont aussi pris part à 14 jours de journaux quotidiens à 4 mois postpartum. De plus, six couples ont accepté de participer à des entretiens qualitatifs semi-structurés. La présentation abordera le protocole de recherche de l’étude PASSAGE et introduira les questions de recherche auxquelles le projet a permis de répondre à ce jour. Enfin, les retombées anticipées pour l’accompagnement périnatal seront énoncées. 

L’arrivée d’un premier enfant est un défi exigeant demandant l’adaptation des couples. Les conflits augmenteraient, alors que la satisfaction conjugale diminuerait pendant la transition à la parentalité (TAP). Or, les facteurs pouvant moduler les liens entre les conflits et la satisfaction conjugale lors de la TAP restent peu connus. Par exemple, les insécurités d’attachement pourraient amplifier ces liens alors que l’intimité pourrait les atténuer. Cette étude visait à examiner les liens entre les conflits quotidiens et la satisfaction conjugale des partenaires suivant l’arrivée d’un premier enfant ainsi que le rôle modérateur de l’attachement et de l’intimité dans ces liens. Des couples (N = 196, 7 couples de même sexe) accueillant un premier enfant prenant part à une plus large étude prospective ont complété individuellement des journaux quotidiens pendant 14 jours à quatre mois postpartum. Des analyses dyadiques multiniveaux basés sur le Modèle d’interdépendance acteur-partenaire ont révélé que le degré de conflits quotidiens était lié négativement à la satisfaction de la personne et de l’autre partenaire. L’attachement pouvait à la fois amplifier et atténuer les liens entre les conflits et la satisfaction conjugale, alors que l’intimité atténuait ces liens. Les implications pour l’accompagnement clinique et l’éducation aux futurs parents seront discutées.

La transition à la parentalité peut modifier la dynamique des couples, considérant ses bouleversements physiques, psychologiques et financiers. À l'exception des pays nordiques, le Québec se démarque par ses politiques de congé parental rémunéré. Peu d'études longitudinales ont exploré le rôle du revenu et de la durée du congé parental dans les trajectoires de satisfaction conjugale et sexuelle des nouveaux parents. Cette étude visait à examiner ces associations chez des couples québécois en transition à la parentalité. Un échantillon de 211 couples a complété des questionnaires en ligne pendant la grossesse et à 4, 8 12, et 24 mois postpartum. Des analyses dyadiques de courbes de croissance latentes ont révélé que le revenu des mères et la durée du congé parental des partenaires étaient associés positivement à la satisfaction conjugale des mères 4 mois après l'accouchement, tandis que le revenu des partenaires prédisait négativement la satisfaction conjugale des mères au même moment. Le revenu plus élevé d’un parent a aussi ralenti la baisse de la satisfaction conjugale de l’autre partenaire au fil du temps. En ce qui concerne la satisfaction sexuelle, un congé plus long des mères prédisait une satisfaction plus faible chez leurs partenaires, tandis que le revenu plus élevé montrait des associations variées. Les résultats soulignent les rôles protecteurs et délétères de ces facteurs, permettant de mieux informer les interventions visant à soutenir les nouveaux parents.

La transition à la parentalité (TAP) entraîne des changements relationnels, sexuels et identitaires. Les études montrent que des facteurs physiques et émotionnels sont liés au bien-être sexuel des parents. Une sexualité satisfaisante comprendrait aussi une dimension liée au sens; or, cet aspect demeure peu étudié. Considérant que le sens que les individus attribuent à leur sexualité peut changer avec les événements, il est probable qu’il évolue avec la TAP. Cette étude qualitative a exploré le sens que les couples parentaux donnent à leur sexualité et la manière dont celui-ci a évolué depuis la naissance de leur premier enfant (âgé de 36-42 mois). Les deux partenaires de six couples de genres mixtes ont participé à des entrevues individuelles semi-structurées. Une analyse qualitative d’approche phénoménologique interprétative a révélé que la TAP a favorisé une réflexion sur la sexualité et sa place dans le couple. Le sens de la sexualité pourrait évoluer ou demeurer inchangé à la suite de la TAP et englober des aspects positifs et négatifs (p. ex., à la fois une source de plaisir et de préoccupations). Certaines expériences seraient propres aux mères (p. ex., corps sexuel transformé), aux pères (p. ex., sexualité partagée avec un être cher) ou aux deux (p. ex., sexualité précieuse favorisant la reconnexion du couple). Les résultats suggèrent que la sexualité est liée à l’identité du couple et que le sens pourrait être un élément clé du bien-être sexuel des parents.

Plusieurs couples de nouveaux parents vivent une baisse de satisfaction sexuelle, souvent liée à des préoccupations corporelles. Or, les facteurs pouvant protéger la satisfaction sexuelle ont été peu explorés. L’objectif de cette étude était donc d’examiner, en contrôlant les symptômes potentiels de dépression postpartum, le rôle modérateur du soutien conjugal reçu dans les liens entre les préoccupations corporelles des deux partenaires et leur satisfaction sexuelle à 8 (T1), 12 (T2) et 24 mois (T3) postpartum. Pour ce faire, 184 couples ont rempli des questionnaires en ligne à chaque temps de mesure. Les résultats révèlent une association positive entre le soutien conjugal reçu et la satisfaction sexuelle au T1 pour les deux parents, mais aucun lien avec leur trajectoire de satisfaction sexuelle. Les préoccupations corporelles ne sont pas liées à la satisfaction sexuelle, mais deux effets de modération sont identifiés : 1) lorsque les partenaires n’ayant pas porté l’enfant reçoivent un niveau élevé de soutien, leurs préoccupations corporelles sont négativement liées à leur satisfaction sexuelle au T1, 2) lorsque les mères ayant porté l’enfant reçoivent un niveau élevé de soutien, leurs propres préoccupations corporelles sont liées à une plus faible diminution de la trajectoire de satisfaction sexuelle de leur partenaire. Ces résultats offrent des perspectives cliniques nuancées sur le soutien conjugal reçu et la satisfaction sexuelle chez les nouveaux parents.

Le contexte exigeant de la transition à la parentalité (TAP) peut nuire à la qualité de la relation de couple, notamment à l’engagement conjugal des deux partenaires. La présente étude explore les fluctuations de l’engagement conjugal selon deux modes - l’engagement optimal et le sous-engagement -, de la grossesse à un an postpartum. Elle examine aussi le rôle de l’attachement (anxiété d’abandon et évitement de l’intimité) et du soutien conjugal afin de mieux comprendre ces fluctuations. Des analyses de courbe de croissante latente et de modération ont été menées auprès de 211 couples. Les résultats révèlent que l’engagement optimal des deux parents diminue de manière significative et que le sous-engagement des mères seulement augmente de la grossesse à la première année postpartum. L’évitement de l’intimité chez le partenaire serait lié à son plus faible engagement optimal pendant la grossesse. L’anxiété d’abandon de la mère serait liée à une diminution de l’engagement optimal chez son partenaire. L’anxiété d’abandon des deux parents serait liée à une diminution du sous-engagement chez la mère. Des effets d’interaction ont aussi révélé le rôle du soutien conjugal reçu comme modérateur de ces liens. Ces résultats révèlent l’importance de considérer l’engagement des deux partenaires et les facteurs pouvant y être associés afin de prévenir la dissolution du couple et les conséquences pour l’enfant lors de la TAP. 

Lors de la transition à la parentalité, les futurs et nouveaux parents sont vulnérables aux fluctuations relationnelles et sexuelles; les considérations et préoccupations en découlant sont communes et associées à plus de stress et d’anxiété chez les parents, affectant leur bien-être sexuel et général. Bien qu’ils veulent être informés et soutenus, un manque d’interventions sexopérinatales est constaté, souvent dû à un manque de connaissances et de formation sur le sujet. Pourtant, contribuer à la santé sexuelle des parents est un élément essentiel pour favoriser le bien-être, la qualité et la stabilité des couples, mais aussi de la famille et du développement de l’enfant. À ce jour, plusieurs enjeux existent en recherche sexopérinatale : peu d’études sur la sexualité périnatale; emphase sur les couples parentaux monogames hétérosexuels; et perspective du/des partenaire(s) effacée dans les études. La transition à la parentalité est une période remplie de défis sexuels; les parents et les professionnels de la santé périnatale bénéficieraient d’un meilleur soutien pour mieux répondre à leurs besoins. Quelques propositions d’actions sont à considérer: formation d’étudiants, de résidents et de professionnels de la santé offrant des services et des suivis en périnatalité aux parents; ateliers psychoéducatifs et capsules vidéo informatives pour parents; et développement de l’accès et du référencement aux sexologues, psychologues et autres professionnels pour parents en difficulté. 

L’arrivée d’un nouvel enfant est une transition majeure pouvant fragiliser le bien-être conjugal et sexuel des parents. Ceci peut mener à une baisse de la satisfaction relationnelle et un risque accru de détresse psychologique. Pourtant, les ressources existantes offrent un soutien limité, notamment pour les pères. Cette présentation abordera d’abord la genèse d’une nouvelle application mobile d’autosoin conçue pour accompagner les parents d’enfants de 0 à 24 mois à travers des modules éducatifs et interactifs axés sur neuf dimensions du bien-être parental, relationnel et sexuel. Ensuite, elle présentera le protocole de recherche d’une étude pilote visant à documenter l’appréciation de cette application, au moyen d’un devis mixte prétest-posttest auprès de 100 parents afin d’évaluer (1) l’expérience utilisateur (satisfaction, utilité perçue) et (2) les changements observés sur les axes d’autosoin ciblés. Des résultats préliminaires quant aux participants utilisateurs du nouvel outil numérique axé sur le bien-être seront présentés, suivis d’un aperçu des prochaines étapes du projet. Les résultats pourraient permettre de documenter l’appréciation et l’efficacité préliminaire de l’application et d’orienter le développement de services fondés sur des données probantes pour le bien-être des couples parentaux. En favorisant une adaptation positive à la parentalité, ce projet vise à combler une lacune dans l’accompagnement périnatal.