Si les études disciplinaires ont toujours soutenu l’activité des musées selon leur type (arts, sciences, société), on observe depuis 60 ans une extension de la recherche afin d’améliorer son fonctionnement, garantir certaines de ses fonctions et mieux saisir son rôle dans la société.
Au fondement de toutes les missions muséales, la recherche scientifique procure les éléments factuels et interprétatifs qui permettent de concevoir les expositions, d’élaborer leur discours et de leur attribuer des significations. Elle s’avère ainsi indispensable à la conservation, qui repose sur la connaissance des objets et des œuvres comme un préalable à la constitution de collections. La recherche fournit aussi un cadre précieux concernant les stratégies expographiques, relatives tant aux contenus des expositions qu'à leur analyse comme « média » (Davallon et Flon, 2013 ; Davallon, 1999). Elle s’incarne également dans une attitude critique face aux thématiques et aux collections des institutions, ainsi que dans une posture réflexive sur leur propre histoire.
Alors que la recherche était l’apanage des musées de grande taille pouvant y consacrer des ressources conséquentes, les départements ou services consacrés ont connu un déclin, laissant les chercheurs universitaires occuper une part accrue du terrain. Fondée sur un cursus universitaire, la muséologie s’appuie depuis 40 ans sur des liens très étroits entre les milieux de la recherche académique et celui des milieux de pratiques.
Ce colloque aborde les rapports entre les musées et la recherche à partir d’une chronologie ponctuée de périodes charnières de reconfiguration des débats menés depuis et sur les musées. Il s’agit d’examiner ces rapports en retraçant la sédimentation des approches qui découlent de la redéfinition de la figure du « public » (Blanc, Eidelman, 2023 ; Esquenazi, 2009 ; Eidelman, Roustan, Goldstein, 2006 ; Hermès 2001) dans les études muséales, autrement abordée à l’aune de la démocratisation (Tobelem, 2016).