Au Canada et dans d’autres pays avec un historique de colonialisme, les systèmes de santé sont un prolongement de l’entreprise coloniale qui perpétuent des dynamiques d’oppression et de pouvoir, rendant les soins non culturellement sécuritaires. Cet état de fait a notamment été étayé par la Commission de Vérité et Réconciliation, la Commission d'enquête publique sur les relations entre les peuples autochtones et certains services publics, ainsi que le rapport de recherche sur les stérilisations imposées à des femmes issues des Premières Nations et Inuit (PNI) au Québec. En 2021, le décès tragique de Joyce Echaquan au centre hospitalier de Lanaudière a permis une certaine prise de conscience publique concernant les discriminations expérimentées par les personnes issues des PNI dans les soins et services de santé, qui participent à l’alourdissement d’un fardeau de maladie et de souffrance déjà fort inéquitable pour ces populations.
Des soins culturellement sécuritaires, développés à travers des partenariats équitables entre communautés autochtones et organisations de santé, constituent la solution plaidée par les principaux acteurs de ce domaine pour renverser les relations de pouvoir néfastes du colonialisme en matière de santé. La sécurité culturelle est une idée développée originellement par Ramsden, une infirmière maorie, dans le champ de la formation en sciences infirmières à Aotearoa (Nouvelle-Zélande), en réponse aux iniquités de santé expérimentés par les peuples Māoris. Ce concept est défini comme un résultat ressenti par ceux qui expérimentent des soins de santé au sein desquels ils se sentent en sécurité, en fonction de leurs propres valeurs et normes culturelles.