618 - Colloque conjoint RRECQ – Institut EDS – Recherche en durabilité et circularité : perspectives transdisciplinaires

La transition vers l’économie circulaire (ÉC) nécessite des transformations chez l'ensemble des agents économiques au Québec. Ces transformations soulèvent plusieurs enjeux majeurs :
1) Les capacités et ressources organisationnelles, techniques et cognitives (Hobson, 2019; Jambou et al., 2022) permettant aux acteurs de s’adapter, d'adopter et de promouvoir de nouvelles pratiques, et d’améliorer leurs performances environnementales (Kabongo & Boiral, 2017) ;
2) Des apprentissages de la part des agents économiques pour mieux comprendre les enjeux, prendre des initiatives, et générer des actions collectives, concertées et systémiques (Bocken et al., 2018) ;
3) Des interactions entre les agents économiques, la structure sociale, organisationnelle et institutionnelle dans laquelle ils opèrent (Cantù et al., 2021) ;
4) Des actions collectives et initiatives qui permettent aux parties prenantes d'expérimenter par essais-erreurs et de se construire un référentiel commun autour de l’EC (Chembessi et al., 2022).
Pour aborder ces enjeux, nous examinons le rôle des apprentissages et des approches d’essais-erreurs dans l’engagement des PME québecoises dans la transition circulaire.

Nous présentons les résultats d'une revue de littérature sur les apprentissages et les essais-erreurs dans les expérimentations circulaires.

Face aux grands défis actuels, les entreprises subissent des pressions croissantes pour adopter des pratiques d’approvisionnement responsable (AR). Mais contrairement aux grandes entreprises, la recherche dédiée aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) en cette matière est maigre et fragmentée. Basé sur une revue narrative systématisée de 30 travaux publiés entre 2009 et 2023, ce papier a pour objectif de structurer les grandes tendances de pratiques d’AR spécifiques aux PME et d’en décliner le niveau de maturité par rapport grandes entreprises.  Des résultats préliminaires ressortent quatre catégories de pratiques : les initiatives durables prises par les PME (1), la mobilisation interne des employés à la durabilité (2), l’exercice de pressions normatives et règlementaires sur les fournisseurs (3), et l’adoption d’outils de communication et de collaboration avec diverses parties prenantes, y compris le co-développement de capacités d’action avec les fournisseurs. Ces pratiques sont motivées ou freinées par des facteurs internes (valeurs, leadership, ressources, etc.) et externes (règlementation, marchés, pressions institutionnelles, etc.). Le travail discute les implications pour la gestion pratique des PME, ainsi que pour l'application des principes de l'économie circulaire et du développement durable, en mettant l'accent sur les défis propres aux PME et sur le rôle souhaité des pouvoirs publics

Les politiques publiques encouragent depuis quelques années le développement de l’économie circulaire, comme une réponse à des préoccupations environnementales majeures et à des opportunités d'emploi prometteuses. Ce paradigme remet en cause les modèles économiques des entreprises, et modifie les usages et les pratiques des acteurs. Parallèlement, la transformation numérique traverse la société et entraîne des changements suffisamment profonds pour inciter les pouvoirs publics et les organisations professionnelles à se préparer au développement des compétences professionnelles et pertinentes. La digitalisation ouvre de nouvelles perspectives pour tous les acteurs économiques en termes d'organisation, de productivité et de compétences. Les emplois verts apparaissent de plus en plus attractifs car ils se situent dans des secteurs porteurs appelés à se développer dans les décennies à venir. Notre objectif est de mettre en évidence les voies intersectionnelles des différentes problématiques liées au développement de l'économie circulaire, à la transformation numérique et au développement des compétences.

Depuis 25 ans, le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) se positionne comme un acteur clé de l’écosystème québécois d’experts en économie circulaire (EC). Portant un axe de diffusion et de formation pour divers milieux organisationnels, le CTTÉI a décidé d’explorer les voies de l’éducation relative à l’environnement (ERE) par la mise en œuvre d’un projet de recherche-développement. Ce dernier vise à cibler, puis à expérimenter, des concepts et des stratégies de l’ERE pertinentes à son contexte spécifique, puisque les interventions éducatives en milieu non formel sont encore sous-théorisées. Par l’ERE, il est donc souhaité de faciliter le déclenchement d’une réflexion critique chez les participants ainsi qu’encourager l’engagement et le passage à l’action vers l’EC dans leurs pratiques organisationnelles.

Ce projet de recherche s’effectue parallèlement au déploiement d’un parcours de découverte de l’EC pour des acteurs de développement économique. Renforcé par l’ERE, le projet permettra aux participants de développer leur pouvoir agir en tant qu'acteurs de changements et d’accroître leur sentiment de compétence. Construit dans une démarche collaborative multiacteurs, le projet prendra fin au printemps 2024 et permettra de mettre en lumières divers apprentissage et perspectives de cette démarche de recherche interdisciplinaire et interdimensionnelle appliquée.

De nombreuses initiatives ont été récemment mises en place pour faire face aux
problèmes environnementaux. Face à ces questionnements, le secteur créatif (dans son sens
large) est reconnu comme un levier de durabilité, avec un potentiel qui reste à ce jour largement
inexploité (UNESCO, 2022). Dans ce schéma, l’accent est également mis sur l’éducation. Cette
dernière peut et doit jouer un rôle fondamental grâce à sa capacité à transmettre des
connaissances, des savoirs et des valeurs qui permettent de favoriser les pratiques responsables.
Débuté en 2022, le projet européen Erasmus plus MOSAIC (Mastering job-Oriented Skills in Arts &
crafts thanks to Inclusive Centres of vocational excellence) impliquant 7 pays et quinze
partenaires, a entamé un travail de recherche-développement qui a pour ambition, après une
cartographie précise des initiatives spécifiques et meilleures pratiques au sein des centres
d’enseignement et de formations professionnelles (VET) du projet, de concevoir et expérimenter
des outils et modules de formations spécifiques afin de répondre aux défis posés par les
questions environnementales. Les récentes approches - écoconception, conception responsable,
sobriété par exemple - mettent en lumière un nouvel ensemble de compétences orientées vers la
résolution de problème environnemental spécifique. Autour de ces problématiques, le rôle des
VET en tant que principales institutions engagées dans l’enseignement des métiers d’art apparaît
comme essentiel.

Actuellement, les paliers gouvernementaux municipaux et provinciaux n’offrent aucune solution de recyclage textile. Malgré le potentiel de revalorisation de ces matières, 300 000 tonnes de déchets textiles partent chaque année à l'enfouissement au Québec (Mutrec, 2020). Cette communication examinera l’étude de cas du studio de design atelier b, qui produit un gisement textile de 1,5 tonne annuellement. Par la recherche à travers le design, ce projet de recherche-création utilise des procédés traditionnels de fabrication de papier, de technologies à la fine pointe ainsi que des méthodes artisanales pour développer une série de prototypes issus du surcyclage textile.

Le point culminant de ce parcours de recherche marquera l’acquisition de nouvelles connaissances concernant les échantillons de matériaux innovants. Le partage avec la communauté locale de designers fait partie intégrante de la promotion d'une culture de collaboration et d'échange de connaissances vers des pratiques plus circulaires. Les résultats de cette recherche éclaireront une réflexion critique sur la manière dont les designers peuvent influencer le cycle de vie des vêtements dès les premières étapes d’éco-conception. De plus, les connaissances tirées de cette recherche seront diffusées auprès des étudiant.es par le biais d'initiatives pédagogiques, reliant la théorie à la pratique et permettant à la prochaine génération de designers d'adopter des principes durables.

La recherche s’est intéressée aux incertitudes économiques et environnementales qui favorisent ou nuisent à la transition vers l’ÉC. Par exemple, les effets de substitution de produits et de prix ont attiré l’attention des chercheurs, bien qu’ils n’expliquent pas toute la complexité de la mise en œuvre de l’ÉC. Malheureusement peu de recherches ont centré leur attention sur la compréhension d’autres mécanismes, tels que des effets rebonds sociaux des stratégies visant la circularité. Le concept d’effet rebond réfère à la différence entre les avantages environnementaux espérées de technique et processus nouveaux visant l’implantation de l’ÉC et ceux réellement atteints. Par exemple, les avantages pour l’environnement de l’éco-efficacité gagnée dans un système productif peuvent être perdus si la production et la consommation augmentent. Comprendre et anticiper ces effets rebonds est essentiel pour la mise en œuvre de la transition vers l’ÉC. Les objectifs du présent projet sont (1) de réaliser une analyse systématique de la littérature sur les effets rebonds qui affectent la transition vers l’ÉC et, (2) sur cette base, d’élaborer un agenda de recherche.

Cette présentation se penche sur l’intégration des principes de l’économie circulaire dans la vie quotidienne et sur manière dont les objets tombent en désuétude, circulent et sont réappropriés par les ménages. Pour aborder cette question, elle mobilise une série d’entretiens menés dans la ville de Québec avec des consommateur, des commerçants ou des personnes impliquées dans des groupes comme les Cafés Réparation. Deux grandes conclusions se dégagent. La première, c’est que s’engager dans l’achat, la vente, la recherche ou le don d’objets usagés demande de nombreuses ressources, notamment du temps, des compétences et un moyen de transport approprié. Pour cette raison, dans l’état actuel des choses, donner une deuxième vie aux objets du quotidien relève plus d’un loisir ou d’une passion que d’une pratique à large échelle. La seconde conclusion concerne le rôle central des réseaux sociaux – plus particulièrement Facebook – pour l’ensemble des acteurs impliqués, notamment via les petites annonces ou pour les communications des groupes actifs autour de ces enjeux. L’algorithme qui détermine la visibilité des annonces et des publications joue un rôle fondamental dans la circulation des objets entre les ménages et peut, de ce point de vue, soit la promouvoir, soit l’entraver sérieusement. L’ensemble de ces éléments pointe donc vers la nécessité de réfléchir à des infrastructures qui rendraient cet ensemble de pratiques accessibles à l’ensemble de la population.

Le Québec et la France sont les premiers à avoir interdit l’obsolescence programmée et encourager la réparation des appareils électroniques. Alors que les consommatrices·eurs sont mieux informés.ées sur leur réparation, ils/elles préfèrent acheter des appareils durables plutôt que réparables. Peu de recherches se sont penchées sur l’affichage de la durée de vie, et ce, malgré les lacunes de l’indice de réparabilité et de durabilité, telles que le besoin accru de transparence et une révision de la pondération de certains sous-critères. L’objectif de la recherche était d’identifier les conditions d’efficacité d’un affichage de la durée de vie d’un téléphone intelligent. Quatre ateliers de codesign ont été réalisés avec une dizaine d’experts.es en génie et design en vue de concevoir trois propositions d’affichage de durée de vie qui ont ensuite été testées auprès de consommateurs.rices. Deux conditions d’efficacité d’un affichage ont été identifiées : 1) communiquer une information de durée de vie en année pour le téléphone cellulaire et un affichage en cycle pour certains autres appareils (laveuses) ; 2) concevoir un affichage dynamique indiquant une durée de vie selon l’état d’utilisation de l’appareil afin d’éviter que cette durée ne soit perçue uniquement comme une date de péremption du fait d’un affichage statique. 

L’émergence du télétravail et l’avènement d’environnements de travail ouverts amènent à repenser l’aménagement des espaces à bureaux. Alors que ces approches organisationnelles s’inscrivent dans des stratégies d’économie circulaire, il est d’intérêt d’évaluer celles applicables au reconditionnement des bureaux en fin d’usage pour répondre aux enjeux de ces nouveaux espaces.

Le projet s’intéresse à l’évaluation environnementale de scénarios de reconditionnement de bureaux, sachant que toute augmentation de la circularité ne garantit pas nécessairement une amélioration globale du bilan environnemental. En s’appuyant sur une analyse des flux de matières (AFM), établie à partir du démantèlement d’un lot de bureaux, trois scénarios distincts de reconditionnement ont été élaborés à partir de critères de fonctionnalité. L’évaluation s’est appuyée sur une approche d’analyse de cycle de vie en considérant les catégories d’impacts : les changements climatiques, l’utilisation d’énergie, de minéraux et d’eau ainsi que l’occupation et la transformation des terres.

Le bilan des flux confirme que les scénarios de reconditionnement sont avantageux sur le plan de la consommation de ressources. En effet, le reconditionnement offre une économie de matière allant de 40 à 60 %. Par ailleurs, l’apport en matière première vierge équivaut à plus de 60 % de l’impact total. Les résultats montrent également que cette stratégie augmente la performance environnementale de 20 % en moyenne.

Dans la continuité de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, plusieurs initiatives de biométhanisation ont été lancées à travers la province. Dans ce contexte, il est impératif de mettre en place des outils garantissant des retombées optimales pour les projets en cours et ceux de futurs. Ce défi est d'autant plus crucial que, selon la localisation et les caractéristiques environnementales, les résultats concernant la récupération réelle par rapport aux coûts engendrés et à la réduction de l'empreinte environnementale peuvent varier. Pour répondre à ces défis, une équipe de recherche de l’Université Laval, en collaboration avec l’industrie, le gouvernement et les municipalités, a développé l'outil Optim-O, un système géospatial d’aide à la décision pour la gestion de la chaîne de valorisation des matières organiques. Cette présentation met en lumière les différentes opportunités offertes par cette technologie géospatiale pour optimiser la chaîne de valorisation des matières organiques. Des exemples de fonctionnalités de l’outil seront présentés, notamment pour la détermination du gisement de matières organiques, l'optimisation de la collecte et du transport de ces matières, ainsi que la distribution du digestat dans les champs agricoles. Enfin, une perspective sur l'évolution de cette technologie vers un jumeau numérique géospatial pour favoriser la circularité dans la gestion des matières organiques sera également abordée.