Informations générales
Événement : 91e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :L’éducation de langue française en contexte anglodominé est actuellement un espace en tension. Avec la pression de renforcer l’identité francophone tout en promouvant la réconciliation avec les peuples autochtones (Commission de vérité et réconciliation du Canada [CVR], 2015), lutter contre le racisme en tant qu’institution eurocentrique (Gérin-Lajoie, 2020; Ibrahim, 2016) et participer à l’accueil et à l’installation des familles immigrantes ou réfugiées (Blaney, 2011; Farmer et al., 2013; Initiative des communautés francophones accueillantes), l’éducation de langue française est un espace dynamique et complexe.
Par leurs questionnements et leurs recherches, les chercheuses et chercheurs participent à la description de cet espace scolaire francophone, mais aussi au dialogue au sujet des enjeux « sous tension ». Que ce soit dans le domaine de la didactique, des fondements de l’éducation ou de l’administration et du leadership scolaire, les chercheuses et chercheurs constatent divers enjeux, les priorisent, les théorisent, en font des objets de recherche et, par un retour récursif avec le terrain de l’éducation de langue française, agissent sur ces enjeux et sur l’avenir du projet éducatif de la minorité de langue officielle. Bien que les chercheuses et chercheurs qui s’inscrivent dans ces divers domaines ont souvent le même objet de recherche, peu d’occasions sont offertes pour réfléchir ensemble aux enjeux qui nous préoccupent, pour confronter nos perspectives et déceler les zones d’ombre de nos positionnements. Ce colloque est le lieu d’une telle rencontre et de mise en commun des expertises sur l’éducation de langue française dans des contextes anglodominés ou diversifiés.
Le colloque est organisé sous forme de cercles de dialogue exploratoire. Au contraire de la présentation magistrale, un dialogue exploratoire est un espace commun de raisonnement, de partage des conceptions de départ, de remise en question et de construction de connaissances communes (adapté de Littleton et Mercer, 2010 : p. 279).
Chaque cercle de dialogue exploratoire dure 50 minutes et comporte une ou plusieurs communications de 10 minutes chacune liées à un des thèmes proposés ou soulevés en fonction des propositions reçues, suivi d’une période de discussion de 20 minutes ayant pour but de susciter le dialogue exploratoire et l’émergence de nouvelles questions de recherche. Les personnes inscrites à distance peuvent interagir avec le groupe au moyen d’un clavardage. En raison de la nature interactive du colloque, il est attendu que les personnes participantes soient présentes pendant toute la durée du colloque (une journée et demie). Un repas froid est offert à l’heure du midi du 16 mai aux personnes inscrites au colloque.
Remerciements :Nous tenons à remercier CCUNESCO pour leur appui financier des activités des 3 Chantiers d'actions et de recherches pour des F/francophonies inclusives (GaCran, PAC, Francophonie et autochtonie), y inclus l'organisation de ce colloque.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Phyllis Dalley (Université d’Ottawa)
- Andrea Burke-Saulnier (Université Sainte-Anne)
- Robert-Falcon Ouellette (Université d’Ottawa)
- Hannah Sutherland (Université d’Ottawa)
- Elie Ndala (Université d’Ottawa)
- Josée Lebel (Université d’Ottawa)
- Kawtar Kathi (Université d’Ottawa)
Programme
Accueil et mot d’ouverture
Thématique 1 : Construction identitaire et reproduction des F/francophonies (partie 1)
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Communication orale
Voix des jeunes et éducation à la citoyenneté numérique éthique : Une approche sociocritique en contexte francophone minoritaireMegan Cotnam-Kappel (Université d’Ottawa), Martine Pellerin (Université de l'Alberta - Campus St-Jean)
Dans un contexte numérique où les discours haineux et la radicalisation sont en hausse (UNESCO, 2023), notre recherche financée par le CRSH, intitulée « Vivre, réfléchir et agir en ligne (#VRAenligne) », propose de redéfinir l'éducation à la citoyenneté éthique à l’ère numérique. Elle se concentre sur les voix et le pouvoir d'agir des jeunes en contextes francophones minoritaires. Ces jeunes font face à des défis spécifiques relatifs à l'identité, à la diversité et à la citoyenneté, exacerbés dans l'espace numérique, mais les approches pédagogiques existantes ne capturent pas l'expérience vécue des jeunes en contexte francophone minoritaire (Cotnam-Kappel et Woods, 2020; Pellerin et Jacquet, 2021).
Lors du colloque, nous discuterons de notre approche sociocritique du numérique en éducation (Collin, Guichon et Ntébutsé, 2015) et de notre méthodologie d’ethnographie critique, participative et numérique (Plummer et Stornaiuolo, 2019 ; Cotnam-Kappel, 2014 ; Pellerin, 2017), favorisant la production et la co-analyse de données multimodales par les jeunes eux-mêmes. Cette démarche vise à reconnaître le rôle des jeunes en tant qu'agents de changement dans la reproduction des francophonies. Notre intervention au colloque enrichira le débat sur l'éducation de langue française en contextes diversifiés, mettant en lumière le potentiel transformateur d'une éducation à la citoyenneté numérique éthique conçue par et pour les francophones en situation minoritaire.
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Communication orale
Construction identitaire, intersectionnalité et liminalité au regard de représentations de genreMariette Théberge (Université d’Ottawa)
La situation actuelle des F/francophonies en contexte d’anglophonie est en évolution puisqu’il a suffi de moins de cinquante ans pour passer d’une population homogène à une diversité ethnique et culturelle qui enrichit nos points de repère. Cette évolution met en perspective la construction identitaire des élèves dans les différents systèmes scolaires ainsi que des enjeux intersectionnels et liminaux, entre autres, ceux relatifs aux représentations de genre, qui constituent « les différents visages de l’altérité » (Sarot et Moro, 2016, p. 66).
Partant des concepts d’identité (Mucchielli, 2021; Rodrigues, 2021), de représentations sociales (Mannoni, 2022), d’intersectionnalité (Jaunait et Chauvin 2013; Levesque, 2022; Pagé et Anctil Avoine, 2023) et de liminalité (Prada et al., 2023), j’aimerais amorcer un dialogue exploratoire à partir des questions suivantes : Quels sont les enjeux d’intersectionnalité et de liminalité relatifs à la construction identitaire et aux représentations de genre qui se posent dans les contextes scolaires anglodominés des F/francophonies ? Quels sont les tensions que suscitent ces enjeux et les seuils à respecter dans les pratiques éducatives pour éviter d’adopter des postures eurocentristes ? Il apparaît de plus en plus essentiel de saisir la portée des changements sociaux qui influencent le cours de ce que nous pensons et faisons dans les transitions identitaires qui se vivent actuellement au sein d’écoles (Pélissier et Théberge, soumis).
Thématique 1 : Construction identitaire et reproduction des F/francophonies (partie 2)
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Communication orale
L’enjeu de la politique de l’intervention directe chez les élèves et chez les enseignant.e.s dans les écoles de langue française au Canada, en milieu anglodominantCharlyne Lavoie (Université d’Ottawa)
La thématique de la construction identitaire et de la reproduction des F/francophonies évoque en moi des partages issus d’entretiens réalisés lors de recherches impliquant des jeunes, des enseignantes et enseignants évoluant dans divers milieux anglodominants. Ma proposition est donc liée à ma compréhension du ressenti d’élèves acadiens et bilingues par rapport à la langue parlée à l’école au Nouveau-Brunswick. Elle est également basée sur le vécu d’enseignantes et d’enseignants lié à leurs interventions directes et répétitives envers les élèves concernant la langue.
En conséquence, la question de l’utilisation de la langue française dans l’espace scolaire demeure un enjeu actuel. À cet égard, l’une des questions adressées aux directeurs d’écoles dans l’étude de Fleuret et Bangou (2023) est la suivante : « Quelles sont les politiques si un élève parle une autre langue que le français dans l’école » ? (p.13). De plus, dans les entretiens que j’ai menés, tant les témoignages des élèves que ceux des enseignantes et enseignants rapportent que l’intervention directe est davantage négative que positive. Sachant la tension créée chez certains élèves, enseignantes et enseignants, pourquoi
intervenir directement ? Est-il toujours approprié d’insister sur le milieu scolaire francophone ? -
Communication orale
Un nouveau « lieu de culture » : Comment dégager l’école de langue française de la relation binaire « francophone/anglophone »?Rachelle Gauthier (University of Prince Edward Island)
Cette réflexion s’inspire du cadre théorique d’une étude qui a été mené dans le but de comprendre les manifestations identitaires de jeunes qui vivent au croisement des deux communautés linguistiques officielles du Canada. Ces jeunes, que je nomme « jeunes anglo-dominants d’héritage francophone » (Gauthier, 2015-2016, 2023), ont un héritage francophone, proviennent de foyers anglo-dominants, et fréquentent l’école de langue française en milieu minoritaire.
Ce cadre théorique aborde la notion de l’identité dans une perspective postcoloniale, en opérationnalisant le concept du tiers-espace (Bhabha, 1994). Le tiers-espace est une zone de contact entre groupes culturels qui foisonnent de tensions et de créativité, un espace liminal qui problématise la notion de frontières étanches entre cultures et déconstruit les relations binaires qui en résultent.
À la lumière de cet encadrement, la relation binaire francophone/anglophone au sein de l’école de langue française est devenue un des points centraux de l’étude. En portant attention aux histoires des participant(e)s, les résultats mettent en lumière un nouveau « lieu de culture » entre les deux pôles de cette opposition binaire. Ce faisant, cette étude remet en question la reproduction idéologique de la séparation des deux communautés de langues officielles au Canada et offre des pistes pour penser autrement par rapport à la diversité linguistique et culturelle qui est installée au sein de l’école de langue française aujourd’hui.
Thématique 2 : Accueil des familles immigrantes et demandeuses d’asile
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Communication orale
Des pratiques éducatives favorisant la collaboration avec les parents d’élèves nouveaux arrivants dans le contexte des écoles de langue française de l’OntarioPierre Pélissier (Université d’Ottawa)
En tant qu’étudiant au doctorat, issu de l’immigration et parent d’une enfant qui fréquente les écoles de langue française de l’Ontario, je suis préoccupé par l’accueil des familles immigrantes, qui constitue un véritable enjeu dans le contexte anglodominé des systèmes d’éducation en langue française. D’une part, le phénomène migratoire contribue à la croissance de la population scolaire francophone. D’autre part, la participation des parents dans le cheminement scolaire de leurs enfants est d’une grande importance, car elle peut avoir des retombées positives sur la réussite et le bien-être des élèves. C’est pourquoi, cette recherche vise à répondre à la question suivante : Quelles sont les pratiques éducatives qui favorisent la collaboration avec les parents d’élèves nouveaux arrivants dans le contexte des écoles de langue française de l’Ontario?
Pour ce faire, des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de huit acteurs scolaires dont quatre sont membres du personnel enseignant et les quatre autres sont membres de la direction ou personnes-ressources attitrés à des programmes conçus pour accompagner les élèves nouveaux arrivants. C’est en référence aux concepts d’inclusion, de pratique éducative et d’expérience, ainsi qu’à la quatrième composante du modèle de Compétence pour l’équité, l’inclusion et la justice sociale que j’ai effectué une analyse narrative de ces données, ce qui permet de faire valoir des pratiques actuellement en vigueur dans ce contexte.
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Communication orale
Familles numériquement analphabètes vivant en milieu minoritaire francophone et école en mode virtuel : nous dirigeons-nous vers une formation à double vitesse?Malanga-Georges Liboy (Université Sainte-Anne)
L’école considère les parents d’élèves comme des partenaires qui jouent un rôle indispensable dans le processus d’apprentissage des enfants. Or, les parents ne forment pas une entité homogène et ne possèdent pas tous les mêmes compétences pour jouer ce rôle. Les parents récemment immigrés ou réfugiés font face à certains défis tels que l’insuffisance des compétences numériques. Peut-on dire qu’on est en train de voir naître une école à deux vitesses alors que l’école ne tient pas compte des défis de ces parents? Cette étude, qui a été menée quelques mois avant la déclaration du début de la COVID-19, vise à examiner les compétences numériques des parents récemment issus de l’immigration. La démarche méthodologique qualitative de type exploratoire a été effectuée auprès de 20 parents en recourant aux entrevues semi-dirigées, à l’observation et aux questions sociodémographiques. Les recommandations formulées pourraient offrir aux décideurs quelques pistes possibles de solution afin d’empêcher une inégalité de chances en défaveur des jeunes élèves issus de l’immigration.
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Communication orale
Immigration et inclusion en milieu minoritaire francophone au Nouveau-Brunswick : considérations pour l’enseignement dans une francophonie plurielleVirginie Abat-Roy (Université de Moncton), Bianca Oliveira (Université de Moncton), Sébastien Poirier (Université de Moncton)
Dans les dernières années, les écoles en milieu minoritaire francophone au Nouveau-Brunswick connaissent un changement démographique rapide en raison d’une hausse rapide de l’immigration, en particulier dans les régions urbaines . Le district scolaire francophone sud dans la région du Grand Moncton, par exemple, a vu son nombre élèves nouveaux arrivants décupler entre 2019 et 2023, représentant 14% de la population scolaire totale, dont 44% avec une faible connaissance de la langue française. Ainsi, ce contexte soulève des questions quant au rôle de l’école dans son mandat de francisation des élèves immigrants pour qu’iels reçoivent des apprentissages de qualité.
La politique provinciale 321 reconnaît deux secteurs d’éducation distincts afin de promouvoir et de protéger chaque communauté linguistique officielle suscitant des réflexions face à ce contexte particulier : plusieurs des élèves allophones sont dirigés vers les écoles de la majorité anglophones, la volonté de franciser les élèves rapidement face au risque de (re)créer des dynamiques assimilatives d’intégration ou de ségrégation dans les écoles, ou encore envers l’évolution de la posture de l’école néo-brunswickoise qui vise une « inclusion pour tous ». Finalement, il est important de se demander si la posture des écoles francophones, visant traditionnellement à protéger la langue et culture acadienne et française, contribue à redéfinir ou à diluer cette identité.
Dîner
Thématique 3 : Réconciliation avec les peuples autochtones
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Communication orale
Construire le dialogue avec les Premiers Peuples : Opportunités et défis des milieux minoritaires francophones pour l’intégration des savoirs et perspectives autochtones en classe.Diane Campeau (Université d’Ottawa)
L’enjeu de renforcer l'identité francophone tout en promouvant la réconciliation avec les peuples autochtones (Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), 2015), se révèle dans l’application des exigences des curricula au regard de l’intégration des savoirs et perspectives autochtones des nations locales en classe .
A partir d’expériences d’accompagnement de plusieurs établissements d’éducation et ce dans plusieurs provinces nous amorcerons une discussion au regard des enjeux mais également des occasions offertes qui permettent de construire le dialogue entre les milieux éducatifs et les communautés autochtones. Le défi des ressources disponibles en français reflétant les réalités des nations autochtones locales sera discuté de même que l’important rôle des acteurs de l’éducation dans la création de partenariats véritables.
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Communication orale
Les enjeux de réconciliation dans les milieux éducatifs de langue française en contexte minoritaire et immersifEva Lemaire (University of Alberta)
Je propose de discuter de la nécessité, pour l’éducation francophone minoritaire et l’immersion française, de développer une perspective spécifique sur la réconciliation, au-delà de la traduction des ressources produites dans le milieu anglophone, afin d’adresser l’histoire et les enjeux propres à la francophonie en lien avec les peuples autochtones. Alors que les appels à l’action de la Commission de Vérité et de Réconciliation du Canada (2015) ont amené les provinces à repenser les programmes d’études, les professionnels de l’enseignement exerçant en langue française sont souvent démunis, faute de ressources spécifiques au contexte francophone minoritaire et immersif, et faute de relations établies avec les différentes communautés autochtones (Côté, 2021a, 2021b ; Griffith-Zahner, 2023).
En me basant sur mes travaux, je discuterai des possibilités de faire émerger une réflexivité sur les contacts de langue entre français et langues autochtones notamment grâce au(x) michif(s) (Lemaire, 2021a). On abordera aussi le rôle des écoles résidentielles et écoles de missionnaires francophones (Lemaire, 2022a), l’importance d’opter pour une approche plus inclusive envers les Ainés afin d’éviter de reproduire une nouvelle violence coloniale sous couvert de défendre les droits linguistiques francophones (Dion et al., 2021 ; Lemaire, 2023), et enfin les enjeux en termes de formation des enseignants et futurs enseignants (Lemaire, 2022b, 2021b, 2020 ; Lemaire et al., 2020).
Thématique 4 : Lutte contre le racisme et l’eurocentrisme
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Communication orale
Noircité et éducation : Repenser l'inclusion dans les milieux scolaires francophonesElie Ndala (Université d’Ottawa)
Avec l'afflux continu d'immigration, la francophonie accueille une diversité croissante et hétérogène en son sein (Gérin-Lajoie, 2020; Madibbo, 2021). Une alarme a longtemps été sonnée quant au désengagement des élèves noirs ainsi qu’au manque de représentativité du contenu enseigné et du personnel éducatif (Brathwaite, 1996; Dei, 2008; Teklu, 2012; James, 2021). Ces enjeux s’appliquent désormais aux écoles de langue française et soulignent l’importance de reconsidérer leur rôle, particulièrement en contexte francophone minorisé (Bélanger et Dulude, 2020; Liboy et Patouma, 2021).
À l'occasion du Mois de l'Histoire des Noirs, le gouvernement ontarien a annoncé la création d'un module obligatoire sur l'histoire des personnes noires pour les élèves de 7e, 8e et 10e années (The Canadian Press, 2024). Similairement, nous avons collaboré avec le ministère de l’Éducation et de la Petite Enfance du Nouveau-Brunswick pour œuvrer à l’ajout de contenu pédagogique sur l'histoire des personnes noires au curriculum des sciences humaines de la 4e à la 6e année. Cette démarche nous a invité à problématiser davantage le discours sur l'inclusion en éducation et la place de l'antiracisme en son sein (Varma, 2022). Nous mobiliserons donc les notions de « noircité » (blackness) en francophonie (Thésée, 2022) pour appréhender le type d’inclusion auquel nous devrions aspirer en tant pour les agents détenteurs d’un statu quo que des élèves susceptibles d’exclusion (Dalley, 2014).
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Communication orale
L’identité du noir africain comme jalon contre le racisme antinoir(e)William Fils Tcheumtchoua Nzali (Université d’Ottawa)
La recherche sur l’école de langue française en lien avec le racisme antinoir(e), a souvent été abordée, à notre connaissance, à partir d’un cadre épistémologie euro centrique. En effet, les études sur les expériences des personnes noires, telle que l’insertion professionnelle de ces dernières, continue de baigner dans le colonialisme et le racisme épistémologique par la quasi-non-utilisation des épistémologies qui leur sont propres (Duchesne, 2020). Cependant, certains chercheurs et chercheuses estiment qu’il serait plus équitable et inclusif d’aborder les expériences des personnes noires à partir de ou des épistémologies propres à leur vision du monde (Dei, 2017; Jean-Pierre et Collins, 2022; Madibbo, 2021; Thésée et Carr, 2016).
Dès lors, il nous semble que réfléchir sur le racisme antinoir(e) implique de saisir l’essence de l’identité noire, concept incontournable dans la lutte contre ce racisme (Dei, 2017; Fanon, 2002; Glissant, 1990; Ibrahim, 2017).
Notre communication qui se situe dans une perspective d’éducation fondamentale antiraciste noire, voudrait répondre à la question de savoir comment comprendre l’identité de la personne noire afin de mieux aborder le racisme antinoir(e) en contexte minoritaire francophone. Il s’agira pour nous, de mettre en exergue quelques fondements de cette identité noire : l’esclavage, la colonisation, la recréation et la relation pour plus d’équité dans la pensée et l’action anti-raciste noire en milieu minoritaire francophone.
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Communication orale
Peut-on parler de l’antiracisme sans parler de race?Awad Ibrahim
Je propose à discuter deux points que je trouve essentiel dans toute discussion antiraciste. Premièrement, il y a un dilemme lorsqu’on parle de l’antiracisme en français parce que, je postule, le concept de race comme conçu dans le monde anglo-saxon n’existe pas en français – au moins pas exactement. C’est sur cette base, il faut le dire clairement, qu’on comprend l’antiracisme comme cadre transformatif. Alors, la question que je me pose est : peut-on parler de l’antiracisme en français sans parler de race? Deuxièmement, d’après mon expérience avec cette question, je la trouve tellement émotionnelle qu’elle n’est pas facile à traiter. Alors, je propose une stratégie de comment adresser cette question : discussion par invitation. En discutant ces deux points j’espère à avoir une discussion conceptuelle aussi que pratique.
Clôture
Cassons la croûte ensemble!
Pour ceux et celles qui aimeraient poursuivre les conversations entamées pendant la journée, nous vous invitons à nous rejoindre au restaurant pour une soirée conviviale. Le restaurant sera annoncé quelques jours avant le colloque.
Accueil et mot de bienvenue
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Communication orale
Enjeux de l'éducation de langue française au Canada : regard du CamerounJulia Ndibnu-Messina Ethé (Université de Yaoundé I)
Après une écoute attentive des enjeux soulevé pendant le colloque Enjeux de l'éducation de langue française en contexte minoritaire, nous proposerons un regard réflexif sur les différences et les similarités entre ce contexte bi-plurilingue et minoritaire et celui du Cameroun. Le Canada et le Cameroun ont en partage deux langues officielles (français et anglais), des langues autochtones ou maternelles et des langues de la migration.
Julia Ndibnu-Messina Ethé est spécialiste de l'enseignement bi-plurilingue en contexte multiculturel camerounais. Elle est présidente fondatrice de l'ACETELACH (acetelach.org) et membre de Educlang - UOttawa. Elle a été détentrice de la Chaire de mobilité du monde francophone à l'Université d'Ottawa en 2022 et membre du groupe d'experts IFADEM.