En France comme au Canada, les femmes usagères de drogues représentent en moyenne 25 % des files actives des structures de prise en charge, alors que les usages de drogues se féminisent. Comment expliquer ce moindre recours à la prise en charge ? Quels sont les enjeux liés à la prise en charge communautaire ?
Les résultats présentés reposent sur 97 entretiens réalisés avec des usagères et usagers de drogues, des professionnels sociosanitaires et des acteurs des politiques publiques, à Bordeaux et Montréal.
Il existe dans les deux villes très peu d’espaces non mixtes, alors qu’ils favorisent la venue des femmes usagères de drogues. À Bordeaux, la non-mixité entre en contradiction avec le modèle universaliste, tandis qu’à Montréal, les espaces non mixtes sont encouragés par le modèle de santé communautaire, mais souvent trop peu financés pour être mis en place. Il est nécessaire de repenser la non-mixité en France, dans une optique de gender transformative health.
Également, les femmes rencontrées se sont pour la plupart déjà senties jugées par des professionnels de santé, et cela les a dissuadées de prendre contact avec des structures de prise en charge. Face à ces éléments, la pair-aidance, plus développée à Montréal qu’à Bordeaux, apparaît comme une ressource clef pour favoriser la venue des femmes dans les structures, afin de pallier les déficiences dans la prise en compte des besoins des consommateurs par les institutions et les professionnels.