606 - La santé et la sécurité du travail au cœur des enjeux actuels

Considérant que l'activité physique joue un rôle clé dans la santé des travailleurs, de nombreux scientifiques reconnaissent la pertinence d'étudier davantage sa relation avec le présentéisme. Cependant, les études sur cette association montrent une certaine divergence dans la mesure et dans les résultats obtenus. Une clarification par une étude de la portée permettra d’apporter un éclairage sur cette relation. Une stratégie de recherche a été menée dans six bases de données scientifiques. Deux examinatrices indépendantes ont mené un processus de sélection des études.

Après avoir examiné 9773 titres et résumés et 269 articles en texte intégral, 57 articles uniques répondaient à nos critères d'éligibilité. La plupart des articles ont été publiés depuis 2010 et provenaient principalement des États-Unis. En termes de méthodologie, 33 études étaient observationnelles, 12 étaient longitudinales, 10 étaient des essais contrôlés randomisés et 3 étaient des interventions. La plupart des études définissent le présentéisme comme une perte de productivité due à des problèmes de santé. Ces études ont tendance à rapporter plus de résultats qui soutiennent leur hypothèse (c'est-à-dire que plus d'activité physique est associée à moins de présentéisme). Cette étude a mis en évidence l'homogénéité de la façon dont le présentéisme est conceptualisé et mesuré dans les études qui examinent la relation entre l'activité physique et le présentéisme.

Actuellement, dans le milieu scolaire, il est rapporté que les élèves du primaire seraient, en moyenne, 6 heures par jour à l’école (Rush et al., 2012) et y passeraient de 50 à 70% de leur temps assis (Aminian et al., 2014; Egan et al., 2019). Au niveau universitaire, la plupart des étudiant.e.s (83%) ont déclaré être assis pour la totalité du temps de classe (Benzo et al., 2016). À cet effet, depuis quelques années maintenant, il s’exerce un changement de paradigme dans le secteur de l’éducation, et ce, à l’échelle mondiale. Le modèle traditionnel laisse tranquillement place à un modèle plus adapté aux besoins des différents types d’apprenants du 21ème siècle, dont l’aménagement flexible (Delzer, 2016). Malgré le fait que ce type d’intervention soit assez récent, plusieurs publications scientifiques rapportent des effets intéressants à l’utilisation de l’aménagement flexible, notamment sur la réussite scolaire et les conditions de santé des jeunes. Alors que la sédentarité représenterait la quatrième cause de mortalité dans le monde (OMS, 2010), l’objectif du projet MA classe flexible est donc d’explorer les différences entre la classe traditionnelle et la classe flexible, principalement en ce qui concerne les comportements sédentaires de ses apprenants. Ce projet, de type exploratoire, vise également à bonifier le concept d’aménagement flexible et à obtenir une meilleure compréhension des milieux d’enseignements dits « traditionnels ».

Les CHSLD au Québec sont des milieux de vie, de soins et de travail ayant fait l’objet de nombreux constats d’insuffisance ces dernières années. Ainsi, la pénurie de main d’œuvre (CPMT, 2020) et les problèmes de santé physique et psychologique des soignants (Aubry et Couturier 2014) ont été recensés avant même la pandémie. Alors que le gouvernement met sur pied des « maisons des aînés » inspirées par des habitats innovants en rupture avec des modèles existants, très peu d’informations sont disponibles relativement aux processus de conception de ces types d’habitats et à leur évaluation du point de vue de la SST des travailleurs. 

La recherche collaborative présentée documente la conception d’un centre de soins de longue durée innovant, localisé en France et, de façon exploratoire, la « mise à l’épreuve » du concept du « penser petit » développé dans le projet à son ouverture. La triangulation des données collectées (documentation projet, entrevues semi dirigées, photovoices) visait à documenter le processus, l’expérience des usagers, l’environnement bâti et l’organisation du travail. Après avoir présenté le processus du projet, on s’intéressera aux facteurs favorables et aux obstacles à l’intégration des préoccupations en SST lors des différentes étapes du projet, de l’élaboration à l’implantation. La présentation sera l’occasion d’échanger autour des limites et des opportunités pour le Québec de réaliser de telles infrastructures tenant compte de la SST dès leur conception.

La pleine conscience (PC) et l'autocompassion (MSC) peuvent aider à prévenir et réduire l'épuisement professionnel et le stress au travail (Neff et al., 2020 ; Xie et al., 2020). L'utilisation de technologies numériques est une façon originale et adaptée de rendre ces interventions plus accessibles aux professionnels (Mrazek et al., 2019) qui rencontrent des obstacles dans leur pratique (i.e. : longs programmes, horaire chargé) (Birtwell et al., 2019). Ces interventions sont hautement pertinentes en contexte de COVID-19. Cette scoping review vise à présenter l’état des connaissances sur l'utilisation de programmes en ligne et d'applications mobiles de PC, MSC et méditation chez les travailleurs. Des recherches ont été effectuées dans MEDLINE, PsychInfo et Web of Science pour identifier les articles répondants aux critères d'inclusion : (1) les participants sont des travailleurs, (2) l'intervention est individuelle, numérique et basée sur la PC/MSC/méditation et (3) les articles sont en français ou en anglais. 56 articles ont été inclus, publiés entre 2010 et 2022. Les interventions utilisées, les populations étudiées, les avantages et inconvénients de ces technologies ainsi que les variables d’intérêt sont présentées et les pistes de recherches futures sont mises en lumières. La communication des conclusions de cette revue permettra d’encourager l’avancement de la recherche dans ce domaine et ainsi potentiellement améliorer la santé et le bien-être des travailleurs.

La pandémie actuelle bouleverse le travail des soignants et de ceux qui les encadrent, accentuant les impacts sur leur charge émotionnelle. La peur provoquée par la pandémie, le sentiment de ne pas effectuer un travail de qualité ou de travailler à l’encontre de ses valeurs personnelles et professionnelles ainsi que les difficultés à concilier le travail et ses obligations familiales sont, entre autres, des facteurs amplifiant la charge émotionnelle. Cette charge, présente avant la crise sanitaire, s’ajoute aux autres risques psychosociaux (RPS) du travail et contribue à menacer la santé et la sécurité au travail.

Notre revue de la littérature, bâtie en suivant la méthode « Cochrane Handbook for Systematic Reviews of Interventions » (Higgins et al., 2008), s’intéresse à la charge émotionnelle des travailleurs et des gestionnaires du réseau de la santé, des 10 dernières années jusqu’à la période actuelle. Nous avons interrogé 6 bases de données. Sur 819 articles, 489 ont été retenus sur la base du titre. Le processus de tri a été poursuivi par les trois membres de l’équipe.

Basé sur l’analyse des articles retenus nous proposerons une synthèse des connaissances sur la charge émotionnelle chez les travailleurs de la santé et les gestionnaires, particulièrement dans un contexte de pandémie : définition du concept, présentation des facteurs contributifs, impacts sur la population étudiée et stratégies collectives et individuelles envisageables pour agir sur celle-ci.

Le contexte actuel dominé par la pandémie de la covid-19 et l’innovation technologique fait en sorte que le changement au travail devient une norme. Ceux-ci s’ajoutent aux tresseurs traditionnels contribuant parfois au déséquilibre entre les contraintes et les ressources que disposent les travailleurs, ce qui affecte leur santé psychologique. Pour s’adapter à ces perturbations, les employés sont appelés à manifester de la résilience, une qualité susceptible de les aider à s’adapter aux changements, à surmonter les défis sous-jacents et à se développer malgré les contraintes issues de ce contexte. Un employé résilient appréhende le changement et l’incertitude comme des possibilités qui pourraient favoriser l’innovation et par conséquent, contribuer à sa santé, sa performance, son comportement, sa relation et son développement professionnel. Cette présentation va porter sur une revue systématique de la littérature ayant l’objectif principal d’illustrer les composantes essentielles de la résilience au travail dans trois points essentiels. Le premier point étant celui de définir les caractéristiques de l’employé résilient. Deuxièmement, elle vise à cerner et identifier les principaux antécédents qui influencent la résilience de l’employé.  Ces antécédents sont principalement constitués de facteurs de risque ou de protection autant sur plan tant individuel qu’organisationnel. Enfin, l’étude produit un modèle conceptuel, servant d’outil explicatif de la résilience des employés.

Ce travail de recherche s’inscrit dans le cadre d’une thèse en ergonomie en cours de réalisation au sein du laboratoire Environnement Ville Société de l’Université Lyon 2 en France. Elle est financée par le Parcours Doctoral National en Santé Travail coordonné par l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique. Si la thèse s’intéresse aux cadres de pensée et d’action mobilisés en prévention et à leurs potentielles inadéquations avec les activités de service, cette communication présentera plus spécifiquement deux actions de prévention réalisées lors du travail de terrain avec des médiateurs sociaux. La première, un groupe de travail comprenant travailleurs et préventeurs réunis autour d’une maquette volumétrique, a permis de construire une solution intégrant les enjeux de santé et de sécurité dans le cadre d’un projet de déménagement. La seconde, une séance d’analyse de la pratique à partir de récits de différents médiateurs, a participé au développement de leurs compétences et à la construction d’un référentiel commun pour gérer les problématiques qu’ils rencontrent. Ces deux actions s’appuient sur les concepts d’objet intermédiaire et d’objet frontière pour agir en prévention dans une logique de coproduction entre les travailleurs et les préventeurs. Par extension, elles viennent également questionner plus largement la verticalité de la prévention, en particulier les modalités d’action que sont l’information et la sensibilisation.

Le secteur agricole au Canada est constitué d’environ 70 % de microentreprises (ME) employant de 1 à 4 employés. La prise en charge de la prévention en SST pose des défis dans ces ME. Parmi les dangers récurrents auxquels sont exposés les agriculteurs figurent les pesticides, dont les effets à la santé sont largement documentés dans la littérature scientifique. Pour pouvoir cibler les actions de prévention pertinentes, l’analyse des situations d’exposition et de leurs déterminants est une étape clé. Cela implique nécessairement la participation des agriculteurs et l’engagement des chercheurs dans un processus de construction sociale, soit l’application de différentes stratégies permettant de tisser les liens de confiance contribuant ainsi à la mobilisation et l’implication des agriculteurs dans l’intervention. La construction sociale est généralement bâtie avec les acteurs internes de l'entreprise or, pour pouvoir agir sur l'amélioration des conditions d'exercice du travail dans les ME, il est nécessaire de considérer également le réseau d’acteurs externes aux entreprises. Cette communication présentera la construction sociale menée auprès de l’ensemble du réseau d’acteurs (agriculteurs et acteurs externes aux entreprises) dans le cadre d’une programmation de recherche portant sur la prévention de l’exposition aux pesticides puis discutera des actions à privilégier pour de futures recherches-interventions visant des microentreprises.

La pandémie de la COVID-19 a exercé une pression importante sur la gestion des entreprises agricoles au Canada. Dès la première vague, le déploiement des mesures socio-sanitaires à la ferme ainsi que les conséquences anticipées sur les entreprises agricoles comme sur l’ensemble de la chaine de transformation alimentaire ont ajouté aux stresseurs importants que rencontrent le secteur agricole. Partant du cas des éleveurs de porcs du Québec, la présente étude s’attarde à la perception du risque lié à la COVID-19 ainsi qu’à son intégration dans la gestion de la santé et de la sécurité du travail dans les fermes porcines. Pour ce faire, nous formulons l'argument que la perception du risque des éleveurs de porcs a évolué dans le temps au fil de l’avancement de la crise et est directement associée à l'observance de pratiques de travail sécuritaires axées sur gestion optimisée de la COVID-19 à la ferme. Sur le plan de la méthodologie, les données sont tirées du volet qualitatif de l'étude Éleveurs de porcs en santé (Beauregard et al., IRSST 2018-2021). Onze entrevues ont été effectuées après la déclaration de l’urgence sanitaire au Québec, nous permettant d’avoir un regard en temps réel sur la perception du risque SST associé à la COVID-19 et de sa gestion par les producteurs agricoles.

Cette présentation vise à restituer les premiers résultats d'une recherche en cours dans le milieu de la restauration au Québec. Elle cherche à identifier les défis auxquels font face les gestionnaires de restaurants en temps de pandémie. D'un point de vue théorique, ces défis sont appréhendés sous l'angle de la justice organisationnelle et des parcours de vie. La recherche s'appuie sur une série d'entrevues qualitatives menées auprès de gestionnaires de trois segments de la restauration (restaurants gastronomiques, brasseries et restaurants de chaines) de novembre 2021 à avril 2022. Les entrevues explorent la trajectoire des gestionnaires, l'impact de la crise, les procédures et règles organisationnelles en place et les problèmes rencontrés. Trois enjeux sont identifiés comme centraux: les enjeux distributifs autour de la répartition des pourboires; les enjeux interactionnels des relations de travail; et les enjeux procéduraux autour de la répartition des responsabilités et de la charge de travail. L’analyse permet de saisir la pluralité des dispositifs mis en place face à ces enjeux et comment les types de segments et les trajectoires des gestionnaires contribuent à en saisir les variations. La recherche contribue également à saisir comment la crise ainsi que certaines configurations organisationnelles ont pu entrainer des effets néfastes sur la santé psychologique tant des gestionnaires que des employés.

Des recherches récentes montrent que les organisations qui accordent une grande priorité à la santé psychologique, c'est-à-dire celles dont le climat de sécurité psychosociale (CSP) est élevé, obtiennent de meilleurs résultats en matière de santé psychologique au travail. Cependant, il existe peu de données probantes sur l'impact et les mécanismes par lesquels le CSP influence les interventions en matière de santé organisationnelle, tant sur le plan du contenu que sur celui de leur pertinence et de leur qualité. Cette étude vise à investiguer si le CSP peut être utilisé avec des informateurs clés pour prédire l'étendue, la nature et l'efficacité perçue des mesures préventives implantées pour prévenir les problèmes de santé mentale dans les établissements de santé et de services sociaux. Un questionnaire a été administré à 242 informateurs clés à travers 34 établissements. Les résultats montrent que le CSP est fortement et positivement corrélé avec le nombre de mesures préventives implantées ou maintenues pendant la pandémie. Les analyses préliminaires suggèrent qu'une grande variété de mesures ont été mises en place dans le secteur de la santé pour améliorer l'environnement de travail psychosocial et atténuer les risques liés au COVID-19 pour le personnel. Cependant, la proportion de répondants qui considèrent ces mesures comme efficaces varie. D’autres analyses sont en cours.

La pandémie de la COVID-19 a généré du stress, de la détresse psychologique, voire de l’épuisement professionnel, pouvant conduire à des blessures morales en milieu hospitalier. Ces dernières peuvent survenir lors de la perpétration, du défaut de prévention ou du fait d’être témoin d'actes qui transgressent les valeurs morales chez les personnes impliquées. La présente étude qualitative vise à comprendre de quelles manières certains événements survenus en milieu de travail génèrent ces conflits éthiques ainsi que les émotions y étant associées, de même que les stratégies utilisées pour y faire face. Ainsi, 42 travailleurs de la santé ont participé à des entrevues qualitatives. Selon les résultats, les événements ayant généré des conflits éthiques surviennent principalement lorsqu'ils doivent agir ou sont témoins d’actions portant atteinte à leurs valeurs. Ces événements ont pour conséquence d'engendrer des sentiments négatifs (honte, culpabilité, sentiment d'incompétence) et éventuellement, des blessures morales. Les principales stratégies utilisées pour faire face aux émotions difficiles sont la qualité du collectif de travail, le soutien des proches, ainsi que les stratégies individuelles de protection. Cette étude a également permis d'identifier les différentes sources dont découlent les blessures morales et de proposer des pistes d’amélioration des conditions psychosociales au travail, ainsi que des stratégies d’adaptations individuelles en temps de crise sanitaire.

De nouvelles technologies (bracelets, casques, textiles intelligents dotés de biosenseurs, etc.) permettent aux entreprises de collecter des données sur les travailleurs et leur activité, afin d'avoir un meilleur contrôle sur le travail, augmenter la performance économique, et favoriser la prévention de maladies et d’accidents du travail. Pourtant, leur utilisation offre un moyen de surveillance et de contrôle pour les employeurs pouvant créer une asymétrie de pouvoir défavorisant le salarié qui, par une prescription étroite de son travail, n'a plus les moyens de réguler son activité affectant ainsi sa santé. Notre étude vise à comprendre quels facteurs influencent la mise en place d'indicateurs de gestion permettant l'analyse des données collectées et quelles sont les implications des pratiques de gestion entourant leur utilisation pour la SST des travailleurs. Pour répondre à ces objectifs, l’analyse thématique d’une vingtaine d'entretiens semi-dirigés auprès d'acteurs impliqués dans l'implantation et l'utilisation de ces technologies et d'un groupe de discussion réunissant les membres du comité SST d’un syndicat donnera accès aux représentations de travailleurs, gestionnaires et représentants syndicaux. Nous présenterons donc les résultats préliminaires concernant les préoccupations sur une diversité d'enjeux, incluant les contraintes psychosociales et les risques de SST liés à l'industrie 4.0, en fournissant des pistes de réflexions concernant la prévention.

Les équipements de protection constituent en temps de pandémie un facteur stratégique d’une grande importance pour les travailleuses, travailleurs afin d’assurer la continuité des soins et des services essentiels offerts à la population. La crise sanitaire de la COVID-19 a mis au jour plusieurs enjeux relatifs à ce type de matériel. Au cœur de la pandémie au Québec, un groupe de travail sur les équipements de protection a été créé au sein du Réseau québécois COVID-pandémie (RQCP). Constitué de chercheurs, d’experts, d’intervenants et de partenaires du réseau de la santé et des services sociaux, le groupe de travail avait pour mandat de mobiliser les connaissances de pointe sur les équipements en lien avec la COVID-19. La présentation exposera les résultats d’un rapport qui résume les conclusions auxquelles les membres du Groupe sont arrivés pour éviter de répéter les écueils rencontrés lors de la pandémie de Covid-19. Le rapport est constitué d’une série de recommandations portant sur l’utilisation des équipements, l’accès à une formation de qualité, l’approvisionnement et la distribution des équipements, l’innovation et l’économie circulaire.