Informations générales
Événement : 89e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :La santé mentale et le bien-être sont devenus des préoccupations sociales et politiques majeures durant la pandémie de COVID-19 au Québec. Certes, cette crise sanitaire a mis à l’épreuve la santé mentale de l’ensemble de la population, mais on s’est inquiété particulièrement de celles et ceux qui sont en première ligne pour occuper des fonctions sociales essentielles, notamment les personnels de la santé et des milieux scolaires. À titre d’exemple, une étude publiée récemment révèle que de 29 % à 40 % des enseignant-e-s ressentent au moins une fois par semaine des sentiments d’épuisement émotionnel (Tardif et al., 2021), alors que cette proportion se situait autour de 20 % il y a 10 ans (Houlford et Sauvé, 2010). Durant la période de la pandémie, en janvier 2021, le Conseil supérieur de l’éducation a émis un avis sur la santé mentale à l’école et le ministère de l’Éducation a même organisé un vaste symposium sur la question. Bien que la préoccupation sociale et politique ait émergé de manière relativement récente, de nombreux travaux se sont attardés à la santé mentale au travail en milieu d’éducation au Québec, et ce, depuis longtemps (p. ex., Carpentier-Roy et Pharand, 1992). Ce colloque a pour but de réunir les chercheurs et chercheuses travaillant sur cette question avec une diversité d’approches théoriques et méthodologiques afin de faire un état des lieux des connaissances scientifiques disponibles sur la santé mentale et le bien-être au travail des personnels scolaires au Québec et sur les manières de prévenir les problèmes en la matière. Prenant pour prémisse l’interdépendance des personnels scolaires dans l’organisation du travail, et pour embrasser la complexité de cette problématique, le colloque s’intéresse à la situation de chacune des catégories professionnelles œuvrant dans les écoles, à savoir les enseignant-e-s, évidemment, mais aussi les professionnels non enseignants, les personnels de soutien et les directions d’établissement.
Remerciements :Merci au Collectif de recherche sur le rapport au travail et la recherche transformatrice (2RT), financé par le Fonds de recherche du Québec - Société et Culture, et le Centre de recherche et d'intervention sur l'éducation et la vie au travail (CRIEVAT) pour le soutien apporté.
Dates :- Simon Viviers (Université Laval)
- Emmanuel Poirel (UdeM - Université de Montréal)
- Frédéric Yvon (UdeM - Université de Montréal)
- Nancy Goyette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Programme
Mot d’ouverture
Risques psychosociaux du travail et santé mentale
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Communication orale
Enquête épidémiologique sur la santé mentale du personnel de l’enseignement : la contribution d’une approche participativeMariève Pelletier (Institut national de santé publique du Québec)
Une revue rapide de l’actualité québécoise depuis mars 2020 montre que le milieu de l’éducation a été grandement affecté par la pandémie de COVID-19. Les mesures sanitaires ont entraîné des bouleversements multiples et souvent majeurs dans le fonctionnement des écoles. La pandémie est survenue alors que le milieu de l’éducation était déjà touché par des changements organisationnels et une pénurie de personnel. Une publication de l’INSPQ montre qu’en 2014-2015, 15,7% des hommes et 17,3% des femmes travaillant dans le secteur de l’enseignement présentait un niveau élevé de détresse psychologique liée au travail (Tissot, Vézina, Pelletier et Jauvin, 2021). Des données plus récentes tenant compte du contexte actuel sont nécessaires pour mesurer l’ampleur des problèmes de santé mentale dans ce secteur après deux ans de pandémie. La présentation portera donc sur un projet de recherche en cours visant à dresser un portrait de la santé mentale et des facteurs de risques psychosociaux du travail chez le personnel du milieu de l’enseignement publique préscolaire, primaire et secondaire québécois. Il s’agit d’une enquête épidémiologique transversale réalisée par questionnaire en ligne auto-administré auprès de l’ensemble des travailleurs et travailleuses de ce secteur au Québec. L’apport d’une méthodologie de recherche participative dans le cadre d’un projet de recherche épidémiologique sera discuté. Si possible au moment du congrès, des résultats préliminaires seront présentés.
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Communication orale
La santé mentale et le bien-être des directions d’établissement d’enseignement pendant la crise sanitaire au QuébecEmmanuel Poirel (UdeM - Université de Montréal), Frédéric Yvon (Université de Montréal)
Les directions d’établissement d’enseignement (DÉ) sont en première ligne pour relayer les prescriptions sanitaires en réponse à la crise pandémique qui a eu un effet sur la santé mentale et le bien-être de tous les membres de leur personnel. Or, si les DÉE ont montré qu’elles faisaient preuve de résilience (Adhoc Recherche, 2020), elles n’ont pas été épargnées. La première vaste enquête nationale du GRIDE (Lapointe, Poirel et Chartrand, 2020) montre qu’un mois avant la pandémie 98 % travaillaient déjà intensément, très vite (92%), pendant de longue périodes de concentration intense (88%). Pour 85% des DÉ la quantité de travail demandée était excessive et le travail était très exigeant émotionnellement (87%). Or, la pandémie a eu pour effet d’exacerber encore davantage ce problème, le temps supplémentaire a doublé depuis le début de la pandémie, les DÉ travaillent davantage le soir et/ou la fin de semaine et 93% ressentent des émotions négatives en lien avec leur travail (Adhoc Recherche, 2020). Cette communication présente des résultats préliminaires de la deuxième phase de l’enquête menée par le GRIDE en pleine crise sanitaire dans laquelle une vingtaine de DÉ de toutes les régions du Québec ont participé à des entretiens entre les mois de mars et mai 2021. Les résultats permettront de témoigner de la santé mentale et du bien-être des DÉ pour orienter les actions publiques en matière de prévention dans les établissement d’enseignement.
Entre bien-être optimal et psychopathologie : débats théoriques et conceptuels
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Communication orale
Sur la route de la santé mentale optimale : Analyse de l’évolution et de la fonctionnalité de la notion de santé mentale dans les politiques publiques québécoisesMarcelo Balboa (Université Laval)
Nous assistons à une situation difficile en ce qui concerne le bien-être et la santé mentale des enseignants. Cette situation préoccupe les parties prenantes pour des raisons différentes et fondamentalement contradictoires. Pour leur part, les enseignants sont préoccupés par la complexité croissante de leur travail et la précarité progressive de l'emploi et des conditions de travail qui génèrent une détérioration de leur santé mentale. Les autorités et les agences spécialisées (p.ex., OCDE), quant à elles, s’inquiètent d’abord et avant tout des effets négatifs possibles de la dégradation de la santé mentale des enseignants et de la pénurie conséquente qu’elle engendre sur la réussite scolaire et la qualité de l'enseignement. Ainsi, les enseignants plaident de leur côté pour une transformation de l’organisation du travail afin d’améliorer leur santé mentale, alors que les autorités et organismes spécialisées plaident plutôt pour une meilleure adaptation des enseignants à l’organisation du travail issue des politiques publiques d’éducation afin d’atteindre les cibles de performance du système éducatif.
Nous soutiendrons l’idée selon laquelle la manière de conceptualiser la santé mentale joue un rôle clé dans la validation scientifique de l’implantation de certaines politiques. Nous aborderons l'évolution historique de la notion prédominante de santé mentale dans les politiques publiques québécoises et traiterons du débat scientifique entourant ces "optimisations" notionnelles.
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Communication orale
Étudier le bien-être au travail chez les enseignant·e·s sans évacuer sa complexité : pistes de réflexion conceptuelles et méthodologiquesLouise Clément (Université Laval), Alice Levasseur (Université Laval), Caterina Mamprin (Université de Moncton), Emmanuel Poirel (Université de Montréal)
Une croissance du nombre de recherches menées sur la thématique du bien-être au travail (BET) chez les enseignant·e·s peut être observée depuis le début des années 2000 (Rusk et al., 2013) et celle-ci est désormais alimentée par le contexte pandémique. Alors qu’un travail de délimitation conceptuelle a été engagé par certains chercheur·euse·s en psychologie positive, le terme « bien-être » demeure polysémique et il est associé à des conceptions aussi équivoques qu’abondantes. Dans une perspective systémique qui s’appuie sur une proposition bipartite, où le « fardeau » du bien-être n’incombe pas seulement au travailleur·euse (Oades et Dulagil, 2017), mais aussi où l’étude du BET doit s’appuyer sur le contexte où évoluent les individus (Gilbert et al., 2011), nous proposerons des pistes de réflexion conceptuelles et méthodologiques afin de mieux cerner le BET chez les enseignant·e·s. En prenant appui sur des éléments issus de deux de nos recherches (qualitative et quantitative) qui abordent le BET dans une perspective alliant l’hédonisme et l’eudémonisme, mais surtout en examinant les modèles présents dans la littérature, nous discuterons, entre autres, des relations sociales, des perspectives d’avancement professionnel, mais aussi des rôles assumés par les enseignant·e·s au quotidien. La prise en considération de ces aspects, en plus de varier selon les perspectives théoriques, contribue à éloigner le concept de BET chez les enseignant·e·s des définitions plus « génériques ».
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Communication orale
Analyse de la santé mentale d’enseignants québécois par le capital psychologique : une nouvelle avenue pour documenter leur bienêtre au travailDenis Bertieaux (Université de Mons), Émilie Cousineau (UQTR), Natacha Duroisin (Université de Mons), Stéphanie Girard (Université du Québec à Trois-Rivières), Nancy Goyette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Sacha Stoloff (Université du Québec à Trois-Rivières)
Depuis plusieurs années, de nombreuses recherches dépeignent les défis liés à la complexité de la profession enseignante et les conséquences que cela incombe en termes de détresse psychologique menant parfois au décrochage professionnel. Or, l’étude des facteurs qui contribuent à leur bienêtre devient une avenue inédite pour mieux comprendre ce phénomène. À cet égard, le capital psychologique, qui se définit comme un état psychologique positif de développement, rassemble quatre construits : l’autoefficacité, l’optimisme, l’espoir et la résilience. Ce concept permet de circonscrire le processus de construction d’une identité professionnelle positive qui favorise la persévérance des enseignant.e.s dans des contextes difficiles, tout en préservant leur santé mentale. Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche mixte dont le premier volet quantitatif comporte la passation d’un questionnaire en deux temps (novembre 2021 et mars 2022). Les résultats porteront sur le premier temps de mesure et dresseront un portrait général du bienêtre d’enseignants québécois (n ≈ 130) sous l’angle de ce concept peu connu en sciences de l’éducation. Il sera aussi possible d’explorer pour une première fois en sciences de l’éducation, les relations entre les dimensions du capital psychologique et celles du bienêtre au travail. Une réflexion subséquente portera sur les dispositifs de formation continue à mettre en œuvre dans les milieux.
Diner
Le travail émotionnel, au cœur de l’activité éducative et de gestion
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Communication orale
Instruction au sosie pour accéder au travail émotionnel des directions d’écolesKaryne Gamelin (UdeM - Université de Montréal)
Le travail des directions d’école est très exigeant sur le plan émotionnel ce qui les place à risque d’épuisement. Plusieurs recherches démontrent le travail émotionnel que doivent faire les directions d’école. Conceptuellement, le travail émotionnel consiste à montrer de façon authentique (vivre pleinement et consciemment l’émotion affichée) ou de façon superficielle (feindre les émotions, à montrer ce qui est attendu sans ressentir intérieurement l’émotion affichée) son vécu émotionnel dans le respect des normes sociales (Hochschild, 2003). Par ailleurs, la recherche sur le travail émotionnel montre que l’expression d’émotions superficielles est plus présente chez les gestionnaires comparativement aux subordonnés (Glaso et Einarsen, 2008). Les recherches visant à mesurer le travail émotionnel sont principalement de nature quantitative et peine à donner accès au travail réel dans toute sa densité. Or, dans le cadre d’un doctorat professionnel mobilisant la méthode d’instruction au sosie, le travail émotionnel en surface dans le travail d’une direction d’établissement a émergé en tant que stratégie d’influence socioémotionnelle. Cette communication permettra de discuter de ces résultats en questionnant en quoi le jeu émotionnel en profondeur ou en surface a un impact sur la santé mentale des directions d’école.
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Communication orale
Le lien affectif à l’élève et le travail invisible de care en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire : entre désir et injonctionKarine Bilodeau (Université Laval), Émilie Giguère (Université Laval), Louise St-Arnaud (Université Laval)
Cette présentation explore le lien affectif à l’élève en éducation préscolaire et en enseignement au primaire. Une théorie du travail vivant, une perspective féministe ainsi que celle des parcours de vie du champ de l’orientation sont mobilisées pour explorer le rapport au travail des femmes dans ce milieu traditionnellement féminin. La méthodologie est basée sur une recherche qualitative incluant 4 stratégies de collecte de données : des entretiens individuels et de groupe, une méthode d’inspiration « photovoice » ainsi que des captures d’écran provenant de l’environnement digital des participantes. L’échantillon inclut 25 enseignantes du préscolaire et du primaire.
Les résultats permettent de conceptualiser la part invisible de travail sur lequel repose le lien affectif à l’élève - le travail de care - et rendent visibles de nombreuses tensions. D’une part, le lien affectif à l’élève est désiré et valorisé par les enseignantes, se situant au cœur des représentations idéales de métier, des récompenses intrinsèques du travail et du choix de métier. D’autre part, ce lien affectif est obligatoire, inscrivant implicitement le travail de care à même la triple finalité de l’école québécoise (instruire, socialiser et qualifier). Finalement, ces résultats soulèvent la nécessité de discuter les rapports sociaux de sexe dans lequel s’inscrit le lien affectif à l’élève, l’invisibilité du travail de care sur lequel il repose et la (con)fusion des rôles que cela génère.
Synthèse et perspectives
Les personnels non enseignants : en marge du bien-être?
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Communication orale
Satisfaction, frustration des besoins psychologiques fondamentaux et bien-être au travail : la voix du personnel non-enseignant de centres de la formation professionnelleLouise Clément (Université Laval), Alice Levasseur (Université Laval), Caterina Mamprin (Université de Monction)
Pour le personnel non-enseignant (PNE) de centres de la formation professionnelle (CFP), des conditions de travail satisfaisantes et un état de bien-être au travail peuvent avoir des retombées importantes non seulement sur ces derniers, mais également sur les élèves relativement à la qualité du service et de l’accompagnement qui leur sont offerts (Yuliarini et al., 2012). Au cœur de la théorie de l’autodétermination (Ryan et Deci, 2017) se trouve « l'argument selon lequel les individus ont un ensemble de besoins psychologiques fondamentaux [BPF], dont la satisfaction est essentielle à [leur] épanouissement et [à leur] bien-être » (Vansteenkiste et al., 2020, p.3). Sur ces bases, la présente étude vise à examiner le rôle de la satisfaction et de la frustration des BPF sur la vitalité et l’épuisement émotionnel, deux variables liées au bien-être des employés, auprès de trois populations de PNE (n=295; personnel de bureau, personnel technicien et ouvrier, personnel professionnel) répartis parmi 22 CFP au Québec. Les analyses de régression montrent que la satisfaction et la frustration des BPF n’exercent pas le même rôle auprès de la vitalité et de l’épuisement émotionnel selon les différentes catégories de PNE. Ces résultats mettent en évidence l’importance pour les gestionnaires de CFP de se préoccuper davantage des BFP du PNE dans la mise en application de meilleures pratiques de gestion des ressources humaines.
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Communication orale
Personnels de soutien dans les écoles : les oubliés du bienêtre?Alain Huot (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Cette communication s’inscrit dans le domaine de la gestion de l’éducation en apportant un regard spécifique sur le travail des secrétaires d’école. Le travail de celles-ci est peu étudié d’un point de vue scientifique. Pourtant, ces intervenantes de première ligne sont au cœur des activités administratives de l’école de même que le pivot des relations entre l’interne (l’école) et l’externe (famille, communauté). Des travaux de recherche-action réalisés au cours des cinq dernières années dans différents centres de services scolaires en utilisant de l’observation participante, des groupes de discussion et du shadowing ont permis de dresser un portrait multifacette du travail des secrétaires d’école. Qu’en est-il de leurs perceptions de leur travail? De leur bienêtre? De l’organisation physique de leur environnement de travail? De leurs relations avec la direction d’établissement d’enseignement? De leurs relations avec les autres membres du personnel de l’école? Dans le cadre de cette communication, nous mettrons l’accent sur les réponses à ces questions pour mettre en lumière le travail de ces travailleuses de l’ombre, mais aussi aux conséquences de la compréhension de ces facettes sur leur bienêtre : diminution des douleurs physiques, meilleur sentiment de compétence et de contrôle de même que de meilleures relations humaines.
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Communication orale
Santé mentale des professionnels de l’éducation : regard sous l’angle de la souffrance identitaire de métierSimon Viviers (Université Laval)
Les salarié.e.s du secteur de l’enseignement sont parmi celles et ceux qui vivent le plus de détresse psychologique. Les problèmes de santé mentale au travail des enseignantes et des enseignants sont bien documentés, tant au niveau de la prévalence que des facteurs et dynamiques qui les déterminent. La situation des professionnel.le.s de l’éducation est beaucoup moins bien documentée. Pourtant, ils occupent une place de plus en plus importante dans les nouvelles formes d’organisation du travail scolaire. Dans le cadre de trois enquêtes menées dans les dix dernières années, nous avons étudié, à partir de devis de recherche qualitative et quantitative, les dynamiques de souffrance au travail vécues par les professionnel.le.s de l’éducation. S’appuyant sur ces recherches, nous analyserons les problèmes de santé mentale au travail des professionnel.le.s de l’éducation sous l’angle de la souffrance identitaire de métier, définie comme un sentiment partagé les travailleurs et travailleuses d’un même groupe professionnel de ne pas reconnaitre leur métier dans leur activité de travail au quotidien. La communication discutera des incidences d’une telle analyse sur l’organisation du travail scolaire et des pistes pour prévenir les problèmes de santé mentale au travail chez les travailleurs et travailleuses de cette catégorie professionnelle.
Reprendre du pouvoir sur son travail : un vecteur de bien-être?
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Communication orale
Santé mentale au travail et pouvoir d’agir des enseignant.e.sNathalie Morel (Fédération Autonome de l'Enseignement), Marcelo Balboa (Université Laval), Isabelle Ruelland (Centre de recherche Interaxions), Frédéric Saussez (Université de Sherbrooke), Simon Viviers (Université Laval)
La santé mentale des enseignant.e.s est une préoccupation sociale extrêmement criante au Québec. On sait que les conditions organisationnelles dans lesquelles ils et elles œuvrent constituent des déterminants majeurs de leur santé mentale. Devant la souffrance vécue, les enseignant.e.s mobilisent des stratégies défensives, dont certaines ont pour effet d’en faire toujours plus pour pallier individuellement les déficiences de l’organisation du travail, et d’autres ont pour effet un désinvestissement psychique ou physique du travail (Maranda, Viviers et Deslauriers, 2014). Ces stratégies leur permettent de « tenir » au travail, mais limitent le développement de leur santé mentale, maintiennent en place l’organisation pathogène du travail et risquent donc, à terme, de mener à la maladie sous diverses formes. Au-delà de ces stratégies défensives, quelles actions les enseignant.e.s arrivent à mettre en place pour reprendre un pouvoir d’agir sur le milieu dans lequel ils et elles évoluent? Cette communication présentera un modèle typologique des actions individuelles et collectives mises en place par les enseignant.e.s face à la souffrance vécue dans le cadre de leur travail. Ce modèle a été développé à partir d’une analyse de données qualitatives recueillies par questionnaire en ligne auprès de 251 répondant.e.s, dans le cadre d’une recherche partenariale menée avec la Fédération Autonome de l’Enseignement.
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Communication orale
Le modèle PRMD : une forme d’accompagnement pour assurer la santé émotionnelle des directions d’établissement scolaireRoula Hadchiti (UQO - Université du Québec en Outaouais), Maude Loi Zedda (Haute école pédagogique du canton de Vaud, Suisse)
Les résultats de Hadchiti (2021) font ressortir l’importance du mentorat en administration scolaire permettant de développer les compétences émotionnelles (C.E.). Le modèle des pratiques relationnelles reçues lors du mentorat par les directions d’établissement scolaire (PRMD; Hadchiti et al., 2017) vient répondre à la réalité professionnelle des DES exigeante au niveau émotionnel et qui peut nuire à leur bienêtre (BÊ). Le PRMD est une synthèse de divers modèles portant sur le mentorat et a été élaboré pour l’administration scolaire. Dans ce modèle, le mentor permet aux nouvelles DES d’arrimer l’aspect émotionnel à leurs pratiques managériales. Dans l’objectif de faire avancer les connaissances au niveau du modèle PRMD, une recherche-collaborative a été menée auprès des mentors alliant à la fois le développement d’un savoir global et la mise en place de pratiques novatrices à travers des groupes de discussion ainsi que des ateliers de formation. Le but de cette communication est de présenter : 1) le PRMD testé auprès des DES et 2) les résultats préliminaires d’une recherche-collaborative visant à former une dizaine de mentors jumelés aux DES. Ces résultats indiquent que le PRMD semble être un accompagnement efficace pour les nouvelles DES permettant le développement de leurs CE ainsi que le maintien de leur bienêtre.
Diner
Reprendre du pouvoir sur son travail : un vecteur de bien-être? (suite)
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Communication orale
Intervention au cœur de l’action d’un grand groupe syndical : état des lieux au sein du personnel en milieu scolaireIsabelle Fortier (ENAP - École nationale d'administration publique), Éric Laroche (Centrale des syndicats du Québec), Jean-François Piché (Centrale des syndicats du Québec), Simon Viviers (Université Laval)
La Centrale syndicale du Québec (CSQ) a élaboré un plan d’action sur 3 ans ayant pour thème « Notre pouvoir, l’action! ». Ce plan mise sur l’action collective pour transformer les milieux de travail. La CSQ regroupe 200 000 membres qui travaillent dans différents métiers des secteurs de l’éducation et de la santé. Dans le cadre de ce plan d’action, nous avons été invités à proposer au Conseil général un dispositif d’intervention à grande échelle, mettant en place des groupes de discussion intra-métiers dans toutes les régions du Québec. Orientée vers l’analyse de l’ethos public - qui permet d’identifier ce qui est (ou est devenu) (im)pensable, (a)normal ou (in)désirable - et des écarts entre travail prescrit (encadré notamment par les indicateurs de performance) et travail réel (ce qui est fait concrètement pour remplir sa mission), l’intervention vise à faire ressortir les dimensions essentielles du travail qui deviennent invisibles, qui sont empêchées et celles qui sont assumées individuellement hors travail. Le but de l’intervention est d’identifier les possibles pistes d’action que la Centrale peut déployer pour remettre ces dimensions essentielles des métiers au cœur du travail au quotidien. Cette communication présentera les résultats préliminaires de cette démarche d’intervention auprès des différents métiers des personnels scolaires. Certains enjeux rendus saillants par le contexte de crise sanitaire dans lequel ont eu lieu les groupes de discussion seront abordés.
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Communication orale
Agir ensemble de façon cohérente et concertée dans un centre de services scolaire pour prendre en compte le bien-être du personnel scolaire en contexte de changement.Brigitte Gagnon (UdeS - Université de Sherbrooke), Dominique Lachapelle (Centre de services scolaire des Hautes-Rivières)
Le contexte pandémique des dernières années a mis en lumière la nécessité de prendre en compte le bien-être des élèves et du personnel scolaire afin de favoriser la réussite éducative (Papazian-Zohrabiean et Mamprin,2020). Depuis 2015, dans le cadre de recherches-action, nous avons collaboré en ce sens avec la direction générale d’un centre de services scolaire pour prendre en compte le bien-être du personnel scolaire en contexte de changement. Progressivement, nous avons créé un Modèle de développement pédagogique et organisationnel permettant à des leaders de déployer des actions cohérentes et concertées sur le plan systémique pour atteindre leur but (Gagnon, 2020). L’objectif de cette communication est de présenter ce modèle. Pour ce faire, nous présentons la problématique à l’origine des recherches-action, des ancrages théoriques portant sur le bien-être (Seligman, 2013) et sur le leadership (Fortin, 2015; Nelson,2013) ainsi que la démarche méthodologique (Gagnon et Guay, 2021) ayant permis de construire le modèle. Grâce aux recherches-action, des savoirs professionnels ont été formalisés (cadre de référence, ressources, dispositifs de développement professionnel etc.). Des exemples seront présentés pour inspirer d’autres milieux ayant une problématique et des présupposés semblables. En conclusion, nous proposerons des pistes afin de poursuivre le développement de recherches sur le bien-être dans les organisations scolaires.