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Informations générales

Événement : 89e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Depuis quelques décennies, nos connaissances sur le développement des enfants se sont enrichies et accélérées grâce aux grandes enquêtes longitudinales, aux avancées statistiques, qui ont permis de traiter ces grands ensembles de données, et aux disciplines psychosociales qui se sont emparées de cette expertise. Au-delà des bénéfices clairs pour le bien-être des enfants, ces connaissances ont aussi renforcé l’attention dédiée à leur développement et intensifié les observations à leurs égards, autant par les familles, l’école, les médecins et les experts psychosociaux. Les besoins physiques, psychologiques et cognitifs des enfants sont constamment scrutés, et leur déviance à une normalité statistique est désormais perçue comme alarmante. Parallèlement, le développement de leur plein potentiel est devenu l’objectif à atteindre alors que la prévention se fait prédictive pour contrer toute conséquence nuisible qui pourrait potentiellement survenir.

Dans ce contexte, tout un vocabulaire s’est développé autour des enfants dits « à risque », « en difficulté », « vulnérables », « avec un trouble ou un déficit ». Mais à trop regarder les enfants, surtout leur développement et leur cerveau, peut-on aussi contribuer à des effets délétères? Des indices montrent que les regards sur l’enfance sont de plus en plus déterministes, que les frontières entre difficultés et troubles s’amincissent, que davantage de comportements, d’attitudes et d’expériences deviennent médicalisés avec toutes les conséquences que cela peut apporter tant pour les enfants eux-mêmes que pour les familles et la société dans son ensemble.

Nous suggérons donc de réfléchir de manière critique au regard dominant que la société actuelle pose sur les enfants, et ce, à partir d’une diversité de points de vue et de situations. Il nous semble aussi nécessaire d’aborder la médicalisation et les processus qui s’y rattachent afin de pouvoir documenter le problème pour éventuellement proposer des pistes de solution.

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Communications orales

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Communications orales

BLOC 1 : Du regard au processus de catégorisation

Les présentations de ce bloc abordent une diversité de représentations de l'enfance et mettent en lumière les injonctions normatives qui ciblent les enfants et les processus de catégorisation et d'étiquetage des enfants qui se distinguent.

Les présentations sont de 15 minutes + 5 minutes de questions.

  • Communication orale
    Quelle conception de l'enfance dans les mouvements anti-vaccins ? Les parents face aux institutions, regards croisés.
    Alicia Garcia (Université de Lorraine)

    La vaccination est décrite par les experts de la santé et la médecine comme une des plus importantes réussites en santé publique du XXe siècle. Néanmoins, l’opposition contre la vaccination existe depuis sa découverte, notamment quand il s’agit de faire vacciner les enfants. La vaccination ne seulement augmente la protection individuelle mais aussi la protection pour toute la communauté. Néanmoins, de plus en plus les parents dans le monde industrialisé sont en train de refuser la vaccination de leurs enfants. En quoi consiste sa conception de l’enfance et en quelle mesure diverge-t-elle de celle-ci des institutions en santé publique?
    Nous nous proposons dépasser les débats traditionnels sur les mécanismes de pouvoir des institutions pour étudier très spécifiquement la manière dont les mouvements anti-vaccins de chaque époque se représentent l’enfance, sa vulnérabilité et son rapport avec la communauté. Au moyen d’une approche critique à mi-chemin entre la sociologie et la philosophie, qui repose sur le questionnement et la remise en cause des évidences à l’aide des principes de l’éthique du care proposés par Joan Tronto, nous parcourrons les jalons les plus significatifs de l’histoire contre la vaccination des enfants. Dans un constant va-et-vient entre savoirs et questionnements, nous menons une enquête à travers les représentations de l’enfance et la protection de sa santé que parents et institutions entretiennent dans leur confrontation.

  • Communication orale
    De l’injonction d’autocontrainte au travail émotionnel : l’enfance face à la régulation des affects.
    Marie-Laurence Bordeleau-Payer (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Aussi loin que l’on regarde en arrière, la progression de l’autocontrainte apparait comme le critère le plus significatif du processus de civilisation (Elias, 2003). Cette injonction d’autocontrôle promue par l’ensemble des institutions s’impose très tôt dans le développement de l’enfant par le biais de l’intériorisation des normes émotionnelles et de la pacification des affects. C’est dans cet horizon que les institutions éducatives et les politiques sociales contemporaines s’appliquent à « agir tôt » dans le développement socio-émotionnel du petit individu en privilégiant une orientation comportementaliste (Dugas, 2018). Or, en marge de l’approche biomédicale dominante, certaines alternatives pédagogiques visant à favoriser une « meilleure » gestion des émotions sont parallèlement développées et implantées dans le réseau scolaire québécois. Le programme « Vers le Pacifique » constitue une de ces avenues socio-éducatives ayant pour objectif d’inculquer le «travail émotionnel» (Hochschild, 2017), de même que la résolution pacifique des conflits. D’un point de vue analytique, il convient de situer cette approche dans le procès de civilisation des pulsions agressives et faisant désormais de l’école un lieu d’apprentissage de la maitrise des émotions. Cette communication sera l’occasion de réfléchir à l’évolution des normes émotionnelles afin de porter un regard critique sur la contrainte sociale exercée aujourd’hui à l’endroit de l’expression des affects en contexte scolaire.

  • Communication orale
    Enfance : vers une extension des injonctions normatives ? L’évolution du travail social à destination de l’enfance en questions.
    Christelle Achard (Université de CaenNormandie)

    « En quoi l’évolution du secteur social et médico-social en France (Bauduret, 2017) est-il à la fois reflet et vecteur d’une montée en puissance des injonctions normatives adressées aux enfants ? » En nous appuyant sur les données chiffrées récentes (années 2000) relatives aux secteurs de la protection de l’enfance (ONPE, 2017 ; DREES, 2017 ; DREES, 2019 ; DREES, 2020a ; DREES, 2020b) ; , de la protection judiciaire de la jeunesse (Ministère de la justice, 2006 et 2018), du handicap (DREES, 2008 et 2020c) et de la pédopsychiatrie (Cacheux, 2020), nous nous interrogerons sur l’inflation des mesures prises à destination de l’enfance. Nous postulerons que sous l’apparence d’une désinstitutionnalisation (Hirlet et Pierre, 2017), et sous couvert d’une gradation des réponses apportées, se développe un spectre d’intervention toujours plus large vis à vis de l’enfance. L’enfant, désormais reconnu comme un individu à part entière, se voit considéré comme un « petit adulte », soumis à une injonction à la normalisation de soi. Le développement des « diagnostics » semble être le corollaire d’une société du risque (Castel, 1983) et de la prédiction (Gavarini, 2006). L’extension des secteurs médical (Collin et Suissa, 2007), judiciaire (Serre, 2001 ; Sey et Shalidi, 2010 ; Bugnon et Vernay, 2022) et psychiatrique (Collin et Suissa, op. cit) semble traduire le privilège accordé à une action sur les conséquences de problématiques souvent sociales, au détriment d’une action sur les causes.

  • Communication orale
    Médicalisation de la difficulté scolaire en France et qualification de la difficulté d’apprentissage en mathématiques dans 48 mémoires de fin d’études d’étudiants orthophonistes.
    Emmanuel Vergnol (Université de Montpellier)

    En France, la prise en charge des troubles spécifiques de l’apprentissage en mathématiques est du ressort des orthophonistes. Bien que ceux-ci exercent sous prescription médicale, c’est principalement l’école qui suggère aux élèves présentant des difficultés persistantes en mathématiques d’aller consulter ces professionnels paramédicaux (Vergnol, 2021).

    Inscrit dans un phénomène plus large de médicalisation de l’échec scolaire (Morel, 2014 ; Benoit, 2005 ; Pinell & Zafiropoulos, 1978), nous avons donc ici deux institutions – école et cabinet d’orthophonie – autour d’un même objet, la difficulté persistante en mathématiques. Nous souhaitons, pour cette communication, saisir plus finement comment les orthophonistes font de la difficulté en mathématiques un objet de soin : au cœur de ce processus de médicalisation, ou de psychologisation (Roiné, 2007), se trouve un phénomène de réétiquetage de la difficulté en termes de troubles des apprentissages.

    Notre analyse de contenu d’un corpus de 48 mémoires d’étudiants orthophonistes suggère que la diversité de termes qualifiant la difficulté des participants illustre non seulement le processus de médicalisation à un niveau conceptuel (Conrad, 1992), mais serait notamment à relier au fait que les troubles des apprentissages ne font toujours pas l’objet d’une définition unanimement accepté, la pose du diagnostic restant complexe.

  • Communication orale
    Que recouvre la catégorie « d’enfance transgenre » ? Pour une sociologie des réactions sociales à la non-conformité de genre durant l’enfance.
    Nicolas Sallée (UdeM - Université de Montréal)

    Dans les années 2010, au Canada et au Québec comme dans de nombreux autres pays occidentaux, divers parents (Pullen-Sansfaçon et al., 2015) et/ou chercheurs (Manning & al., 2015) se sont mobilisés pour rendre visible les enjeux qui entourent la non-conformité de genre durant l’enfance. Le débat public s’est alors principalement structuré, avec une intensité de controverses variables selon les pays, autour de la catégorie « d’enfance transgenre ». En prenant pour exemple le cas québécois, je discuterai d’abord des manières dont les frontières de la catégorie ont été dessinées à la jonction des champs politique, médiatique et clinique, laissant dans l’ombre la question des rapports sociaux de genre qu’elle a paradoxalement contribué à invisibiliser. Je reviendrai ensuite sur l’histoire des savoirs cliniques sur la non-conformité de genre durant l’enfance, en remontant aux controverses qui ont entouré la figure des garçons efféminés, des travaux pionniers de Richard Green sur les « sissy boys » (Money & Green; 1960, Green, 1987) jusqu’à leur contestation dans les années 1990 (Corbett, 1993, 1996, 1999; Ehrensaft, 2007). Sans mettre en cause la légitimité de la catégorie « d’enfance transgenre », je soulignerai alors l’importance d’en ouvrir la « boite noire » pour inscrire la question de la non-conformité de genre durant l’enfance dans une réflexion plus transversale sur les normes constitutives des masculinités et des féminités enfantines.

  • Communication orale
    Enfants « ingérables » et chauffeur.e.s exploité.e.s : croisements de vulnérabilités dans le transport scolaire adapté des élèves autistes dans la région de Québec.
    Marie-Eve Carrier-Moisan (Université Carleton), Laurence Simard-Gagnon (Université Carleton)

    Dans cette présentation, nous examinons l’expérience des chauffeur.e.s de transport scolaire adapté, que nous situons en relation avec un contexte plus large de pathologisation des enfants autistes. En effet, les élèves autistes sont de plus en plus décrits comme « non-scolarisables », «ingérables » ou « trop dérangeant » (Dion-Viens 2021), tant par les institutions scolaires que dans le discours publique, notamment les médias. Basée sur des entretiens avec des chauffeurs.e.s de la région de Québec, notre recherche met en lumière la façon dont la gestion néoliberale du transport scolaire crée des conditions de travail extrêmement difficiles pour les chauffeur.e.s, et produit des situations complexes à gérer, voire dangereuses qui, ce faisant, exacerbe la construction de l’image de l’enfant autiste ingérable. Ces conditions incluent le manque d’informations précises sur les profils des enfants, le peu de formation sur les différentes réalités et handicaps de ces enfants, les changements soudains et sans préavis de trajets et d’élèves, une surcharge d’élèves à bord sans considération de l’âge, de la taille et des particularités sensorielles, et des instructions à la fois floues et astreignantes qui laissent les chauffeur.se. peu outillé.e.s ou soutenu.e.s pour intervenir. Nous proposons que ces conditions participent non seulement à l’exploitation des chauffeur.e.s, mais également, à la production social du handicap et à la construction de l’enfant autiste comme pathologique.


Communications orales

BLOC 2 : Conséquences pour les enfants et la société

Les présentations de ce bloc portent sur les conséquences, pour les enfants eux-mêmes, les adultes et la société en général, des étiquettes et de la prise en charge médicale des difficultés des enfants.

Les présentations sont de 15 minutes + 5 minutes de questions.

  • Communication orale
    La double peine des enfants placés en situation de handicap : risques de ruptures et d’isolement démultipliés.
    Anne Jacquelin (CRESPPA GTM), Aude Kerivel (Laboratoire d’évaluation des politiques publiques et des innovations), Lucile Ottolini (UMR Lisis)

    Si les ruptures de parcours des enfants placés, « déplacés et replacés » (Potin, 2012) et leurs difficultés d’insertion font l’objet de nombreux travaux, peu d’enquêtes s’intéressent spécifiquement aux enfants en situation de handicap en protection de l’enfance. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer « l’invisibilisation » de près d’un enfant ou jeune sur quatre.

    Le prisme de la protection de l’enfance, institution dont ils dépendent, et le manque de données statistiques produites à l’échelle nationale sont une première explication. La diversité des troubles et des situations de handicap ainsi que le fait que la catégorie est davantage liée à une exclusion du système scolaire ordinaire qu’au diagnostic d’une pathologie sont une autre explication de l’invisibilité.

    Nous avons mis en évidence que les enfants sont plus isolés lorsqu’ils sont en
    situation de handicap (Kerivel et al. 2021) à partir de nos recherches qui visent à rendre compte du défaut de capital social des enfants placés. L’isolement des enfants placés en situation de handicap a un effet direct sur les trajectoires de reconnaissance et de prise en charge des situations de handicap et accentue les risques de ruptures. Notre corpus est constitué d’une trentaine d’études de cas d’enfants et de jeunes âgés entre 3 et 18 ans ayant des troubles du comportements, ou étant en situation de handicap. Il nous permet de documenter leurs trajectoires et leurs situations actuelles.

  • Communication orale
    La prise en charge mentale de l'enfance en Centre médico-psychologique en France : vers un éloignement de l'enjeu scolaire ?
    Jessica Pothet (Université de Lorraine)

    Les centres médico-psychologiques s'adressent aux enfants ou adolescents ayant «des difficultés d’apprentissage, des troubles psychiques, psychomoteurs ou du comportement». Ils regroupent différents professionnel·les du soin, qui ont pour fonction d’effectuer des bilans, de diagnostiquer d’éventuelles manifestations pathologiques et de mettre en œuvre une action thérapeutique ou rééducative sous la responsabilité d’un médecin. Cette prise en charge concerne plus de 380 000 enfants en France, soit presque autant de familles. L’approche individualisante et comportementaliste se fait au détriment d’une lecture examinant des conditions sociales et structurelles de la compréhension de l’échec scolaire.

    Ma contribution vise à décrire et analyser en quoi cette approche contribue paradoxalement à une mise à distance de la question scolaire ou pédagogique, qui certes bénéficie à l’école et aux professionnel·les du soin, mais enferme les enfants dans leurs difficultés scolaires, tant ils sont tenus à distance des normes et exigences scolaires. Ensuite, le propos s’attachera à montrer en quoi les parents des enfants suivis en CMP sont acteurs d’une alliance qui les rend captifs des soins proposés à leurs enfants.

    Cette contribution s’adosse à la conduite d’une enquête ethnographique dans un CMP d’une ville française de plus de 500 000 habitants. Outre de nombreuses observations, nous mobiliserons un corpus de 22 entretiens conduits avec des professionnels du soin et des parents.

  • Communication orale
    Mauvais traitements psychologiques envers les enfants, l'influence des représentations médicalisées et leur influence sur le développement des politiques sociales au Québec.
    Nathalie Plante (Université d’Ottawa)

    La communication proposée vise à contribuer à la réflexion collective entourant le regard
    que la société porte sur les enfants et l’enfance, et ce, en particulier lorsqu’il est question
    de maltraitance. Le discours médical a historiquement occupé une place importante dans
    la reconnaissance publique de cette problématique sociale, entre au niveau des violences
    physiques subies au niveau intrafamilial. La présentation vise plus spécifiquement la
    place du discours médical en lien avec la reconnaissance des mauvais traitements
    psychologiques (MTP) envers les enfants et ses effets potentiels sur les solutions
    envisagées pour répondre à ce problème. Nous présenterons les résultats de l’analyse
    empirique des représentations associées à la maltraitance psychologique envers les
    enfants dans les médias québécois, d’une part, et dans les débats en commission
    parlementaire ayant précédé l’intégration des MTP à la Loi sur la protection de la
    jeunesse. Les résultats montrent que, dans les deux cas, la sphère médicale occupe une
    place très importante au plan discursif lorsqu’il est question des problèmes qui sont
    encourus à la suite de mauvais traitements psychologiques. Toutefois, le fatalisme mis en
    exergue par les métaphores médicalisées limite la possibilité d’envisager des solutions
    diversifiées pour cette population de jeunes vulnérables. En ce sens, ces représentations
    influencent de manière non négligeable les politiques sociales et les interventions qui
    ciblent cette population.


Dîner

DÎNER


Communications orales

BLOC 3 : Apports critiques

Les présentations de ce bloc soulèvent des critiques au concept de la médicalisation et aux politiques et aux pratiques institutionnelles.

Les présentations sont de 15 minutes + 5 minutes de questions.

  • Communication orale
    Qualifier les difficultés des enfants : l’effet de la collaboration interprofessionnelle autour de l’école en France.
    Séverine Parayre (Institut catholique de Paris), Thibaud Pombet (Institut catholique de Paris)

    En France, la prise en compte à l’école des difficultés spécifiques à certains élèves est aujourd’hui marquée par de fortes injonctions au partenariat à la collaboration interprofessionnelle (Brisset&Fustec, 2020). Dans ce contexte, cette communication propose d’analyser les processus de catégorisation des difficultés (médicales, cognitives, sociales, familiales, etc.) rencontrées par les publics accueillis et de les interroger en lien avec les actions socio-éducatives mises en place pour y remédier. L’intervention s’appuiera sur deux enquêtes collectives en cours : la recherche « Vulnérabilités et institutions », portée par l’unité de l’ICP et qui interroge la qualification des difficultés des enfants, adolescents et jeunes adultes autour de l’école ; «Parpsyched», une recherche-intervention visant à mettre en place des partenariats entre les écoles et les professionnel·les du secteur pédopsychiatrique pour accompagner des enfants dont le comportement inquiète les équipes enseignantes. À partir de 100h d’observation de réunions pluri-professionnelles et de 20 entretiens de recherche, l’intervention proposera dans une 1re partie un regard critique sur le processus de médicalisation (Morel, 2014) des difficultés des élèves au prisme des logiques partenariales. Dans une 2e partie, il s’agira de mettra en avant l’émergence de nouvelles «épreuves de professionnalités» (Ravon&Vidal-Naquet, 2018) chez les acteurs amenés à qualifier les difficultés des enfants et de leurs familles.

  • Communication orale
    Le ministère de l'Éducation du Québec et les faux-semblants d'une politique non-catégorielle de façade : le cas du " procès de la dyslexie ".
    Julien Prud'homme (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

    Une solution à la surmédicalisation des difficultés scolaires serait l’adoption de politiques « non-catégorielles », c’est-à-dire de politiques qui ne subordonnent pas l’octroi de services à l’obtention d’un diagnostic. Le cas du Québec depuis vingt ans suggère toutefois qu’un gouvernement peut adopter une politique officielle non-catégorielle tout en continuant d’alimenter sur le terrain des pratiques centrées sur le diagnostic. Plus encore : le ministère de l’Éducation du Québec tend, depuis 1999, à utiliser l’existence d’une politique en principe non-catégorielle pour se décharger de ses responsabilités lorsque les débats s’amplifient au sujet du surdiagnostic. Il est important de comprendre cette dynamique, car elle est présentement à l’œuvre dans le cadre de la réforme du financement de l’adaptation scolaire, amorcée en 2017.

    J’analyserai cette dynamique par l’étude d’un cas, celui du procès qui, de 2003 à 2010, oppose un groupe de parents (soutenu par des neuropsychologues) au ministère de l’Éducation. Ce procès met en lumière plusieurs caractéristiques de la scène québécoise des difficultés d’apprentissage. Le ministère y utilise opportunément l’existence d’une politique non-catégorielle pour étoffer sa défense : cette manœuvre éclaire la façon stratégique et essentiellement ponctuelle dont l’État envisage cette politique. Cette analyse ouvre la porte à une réflexion plus large sur la relation entre les décisions officielles et les réalités de terrain.


Communications orales

BLOC 4 : Quelles alternatives

Ces propositions partagent des alternatives à la prise en charge psychomédicale des difficultés en milieu scolaire et visent à remettre les approches pédagogiques au centre des solutions.

Les présentations sont de 15 minutes + 5 minutes de questions.

  • Communication orale
    Une alternative à la médicalisation des comportements et des émotions chez l’enfant et l’adolescent : le diagnostic interactionnel selon les prémisses de l’Ecole de Palo Alto.
    Alessandro Elia (Centre Sesames), Emmanuelle Piquet (A180degrés)

    Les souffrances, émotionnelles ou relationnelles, que rencontrent certains enfants, sont à considérer de la manière la plus attentive qui soit. Cependant, nous constatons depuis une vingtaine d’année, une augmentation du recours au diagnostic psychiatrique pour traiter les symptômes et les souffrances associées, qu’elles soient ressenties par l’enfant ou par son entourage. Nous mettons en lien cette épidémie de diagnostics avec quatre facteurs : une médicalisation des inadaptations infantiles, une inquiétude parentale sociétale, un sentiment d’impuissance de l’école et enfin un besoin social d’uniformiser les individus pour mieux les contrôler. On pose ainsi aujourd’hui des diagnostics sur des enfants qui ne sont pas malades.

    En considérant l’enfant et ses comportements « troublés » plus comme entité indépendant que comme système en interaction, ce diagnostic génère des solutions centrées sur son dysfonctionnement : si ces solutions atténuent ses symptômes, l’enfant n’y est pour rien, il reste pathologique ; si elles n’ont pas d’effet, les symptômes persistent. Dans les deux cas, son impuissance reste entière.

    Nous proposons d’effectuer un diagnostic interactionnel, qui identifie ce que les différents protagonistes, et notamment l’enfant, mettent vainement en place pour apaiser les conséquences des symptômes. Nous proposerons ensuite une modification radicale des interactions, dont découle souvent un vrai apaisement, comme nous l’illustrerons par deux vignettes cliniques.

  • Communication orale
    Le besoin éducatif particulier revisité.
    Francois Gremion (HEP-BEJUNE - Haute école pédagodique de Suisse romande), Lise Gremion-Bucher (Université de Fribourg)

    Pour sortir de la médicalisation qui réduit la difficulté scolaire à une déficience de l’enfant et transforme les mesures éducatives en remèdes, les critiques du rapport Warnock (1978) proposaient la nouvelle notion de besoin éducatif particulier (BEP). Par ailleurs, sous l’impulsion des mouvements visant l’inclusion, l’Ecole était progressivement invitée à diminuer ses mesures séparatives proposées, alors, en réponse aux difficultés scolaires. L’inclusion appelait ainsi à des reconfigurations des situations scolaires, compte tenu d’une compréhension renouvelée du handicap et de la difficulté d’apprentissage.
    Or, dans l’École, les mesures séparatives, encore très fréquentes et toujours empreintes du modèle médical, visent la transformation des élèves plutôt que celle de l’école. L’utilisation du besoin éducatif particulier reflète ainsi moins le changement de l’école que sa focalisation sur les difficultés d’adaptation des élèves au cadre scolaire et à ses normes.
    Cette communication propose de montrer que la critique de la notion de besoin éducatif particulier n’est pas nouvelle, mais nécessaire. Pour soutenir et mobiliser des ressources réflexives permettant un changement de posture, nous nous appuierons sur l’approche holistique et qualitative de Vygotski qui, 50 ans avant le rapport Warnock, s’opposait déjà à une approche unidimensionnelle et quantitative de la déficience permettant d’appréhender la situation éducative plutôt que la seule déficience de l’élève.

  • Communication orale
    Réflexion sur la pédologie de Vygotskij : Un chantier pour sortir des apories logico-formelles et biomédicales en éducation.
    David Auclair (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Durant les années 1920-30, Lev. S. Vygotskij (1896-1934) s’intéresse aux médiations sémiotiques de la vie mentale afin d’étudier le développement des fonctions psychiques, émotionnelles et physiques de l’enfant (Schneuwly, 2002). À cheval entre la pédologie et la défectologie, passionné d’art, de philosophie et de littérature, il sépare judicieusement l’âge mental de l’âge scolaire, mais aussi les savoirs cliniques des réalités éducatives (Leopoldoff Martin & Schneuwly, 2018). Dans le but d’interroger les fondements éthiques qui président à la médicalisation des conduites et des humeurs des enfants, nous allons procéder dans cette présentation à un examen plus approfondi de ce que Vygotskij entend par la science de la pédologie. Selon lui, toujours liée aux sciences du développement de l’enfant, la pédologie doit devenir la base de l’expérimentation scolaire. Pour saisir la profondeur de sa proposition tout en actualisant la portée effective d’une telle démarche, nous allons poser deux questions auxquelles nous tenterons de répondre : qu’est-ce que la science de la pédologie peut apporter aux sciences de l’éducation ? Comment faire vivre la pédologie dans les réalités éducatives d’aujourd’hui ? Un premier pas peut être fait en montrant de quelle façon Vygotskij insiste sur l’importance pour les éducateurs de faire vivre ce qui est encore en germe. Le projet éducatif vygotskien insiste également sur le caractère dialectique et contradictoire du développement.

  • Communication orale
    Basculer du diagnostic à la prise en charge éducative pour redonner à l’individu ses pleins pouvoir d’actions : Comment faire sur le terrain ?
    Tamara Ouellet (Commission Scolaire Renée-Levesque)

    «La volonté exprimée dans les encadrements de système de s’affranchir de l’approche catégorielle peine à se concrétiser sur le terrain.» (Mémoire du Conseil supérieur de l’éducation dans le cadre des consultations publiques pour une politique de la réussite éducative, Nov. 3.3.2, p.36, 2016).

    Depuis 13 ans sur le terrain, je confirme que les initiatives demeurent marginales et la culture catégorielle et diagnostique persistante. Je soutiens le développement des connaissances, l’ajustement des pratiques et la reprise de pouvoir par l’élève lui-même. Je propose donc de présenter mon modèle pratique, inspiré des travaux de Jean-Philippe Lachaux (INSERM, Lyon, 2018) et ajusté à mes expériences terrain.

    Je présente un outil d’accompagnement à la prise en charge éducative des difficultés d’attention et d’anxiété, qui se décline sous la forme des 5 doigts de la main :

    Présentation du modèle théorique en bref (les 5 dimensions - doigts de la main).

    Résumé d’expériences d’implantation (3 écoles primaires de 2010 à 2022).

    Exposé des forces et limites de l’implantation.

    Au terme de cette présentation, nous retiendrons 5 axes de prise en charge avec des moyens simples d’intégration au quotidien. Nous serons conscients des ponts à franchir. Retenons que la solution réside précisément dans la croyance en nos forces potentielles de développement et en nos capacités et habiletés.


Communications orales

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