Le corps est une notion transversale, reprise par de nombreuses disciplines au sein de différentes épistémologies. Au cœur même de la psychologie, le corps convoque de nombreuses significations ainsi que des représentations singulières et multiples. Que ce soit comme lieu premier de l’identité, comme marqueur culturel, comme objet de revendication ou encore comme voie d’expression de ce qui ne saurait se penser, le corps vient dire quelque chose de l’individu, de son monde interne, de son appartenance socioculturelle. Au-delà de ces différentes mises en sens, le corps est sur le devant de la scène dans nos sociétés contemporaines. Qu’il soit agi ou subi, il semble être le lieu de l’expression de la subjectivité, de l’appartenance familiale et culturelle. Que ce soit un corps investi, un corps objet de violence ou encore un corps en « désa-corps », il reste au cœur des objets d’étude de la psychologie. Cependant, dans un au-delà du lien inéluctable qui unit l’individu à son corps, ce dernier vient aussi et surtout révéler la société dans laquelle il évolue. De nombreuses problématiques contemporaines témoignent de cette dimension sociétale, que ce soit dans sa valence créative ou destructrice. Du corps sexuel au corps médicalisé — ou non — de l’enfantement, en passant par les violences — auto ou hétéroagressives — qui lui sont infligées, du corps porteur de la vie à celui porteur de l’histoire, il vient, en filigrane, nous parler d’un « jamais su », d’un impensé. Ainsi, ce que la psychologie apporte sur cette question, c’est ce regard clinique, cette possibilité de mise en sens, à l’entrecroisée des représentations sociales, culturelles et subjectives, dans la double inscription de l’individu dans sa singularité et dans la société.
Le vendredi 7 mai 2021