Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Longtemps normative, la didactique du français s’est transformée au cours des dernières années pour devenir davantage descriptive (Canelas-Trevisi, Moro, Schneuwly et Thévenaz, 2000; Bain et Canelas-Trevisi, 2007), ce qui a permis de montrer que les précédentes orientations didactiques n’avaient pas eu les retombées escomptées dans le milieu : les recommandations (propositions) tenaient peu compte des contraintes et des particularités de la classe, ce qui faisait en sorte qu’elles n’étaient généralement pas opérationnelles. Dans les faits, les recherches en didactique du français s’appuyaient initialement sur les connaissances issues de disciplines savantes (p. ex. : sciences du langage, littérature, psychologie cognitive, etc.) et menaient à des propositions de transposition didactique qui n’étaient pas toujours viables en classe. Cela a contribué à créer le fossé qui a longtemps existé entre la théorie et la pratique.
Pourtant, la recherche en éducation devrait être, dans une certaine mesure, intrinsèquement liée à l’enseignement, « car il s’agit là de deux stratégies de formation indispensables et complémentaires, l’une actualisant les apports de l’autre et lui apportant l’éclairage indispensable du terrain et des pratiques » (Lenoir, 1996, p. 206). Aussi n’est-il pas étonnant que les recherches de type collaboratif se soient multipliées ces dernières années, menant ainsi à une réelle transformation de la didactique du français. Toutefois, la collaboration nécessite souvent de revoir ses objectifs de départ (et ne permet pas toujours de les atteindre), ce qui fait qu’on remet parfois en question la scientificité des recherches de type collaboratif. Ce colloque permet donc aux chercheurs réunis d’apporter des éléments de réponse à la question suivante : comment rendre ces recherches plus légitimes aux yeux de la communauté scientifique?
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Kathleen Sénéchal (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Ophélie Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Marion Sauvaire (Université Laval)
- Isabelle Gauvin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Avant-midi
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Communication orale
Les tenants et aboutissants d’une recherche-action-formation collaborative en direction d’un public précaire à besoins socioculturels particuliersMarlène Lebrun (HEP BEJUNE), Khalil Mgharfaoui (Université Chouaib Doukkali)
La contribution s’inscrit dans un projet de recherche collaborative internationale et humanitaire. Cette recherche innovation développe une collaboration entre des chercheurs suisses et marocains, des docteurs et doctorants, des enseignants, des éducateurs et une association caritative primée par l’État pour la qualité de ses projets, Dar Al Amal, la maison de l’espoir qui accueille les Enfants de la rue. Scolarisés, ils ont un toit mais passent une partie conséquente de leur temps non scolaire dans la rue car leur maman est isolée
Ce projet concerne la question de la médiation culturelle en faveur d’un public défavorisé d’élèves de primaire : il s’agit de développer un espace de partages culturels autour du conte par un dispositif de tutorat et de biblioconte ambulant permettant à des tuteurs d’une douzaine d’années d’apprendre à lire des contes à haute voix, à les offrir à un auditoire (pupilles de 8 ans puis auditoire adulte) et à proposer un appareil pédagogique lié (questions, jeux, kamishibai).
Notre contribution présentera le cadrage théorique et l’hypothèse de recherche, le dispositif didactique, les entretiens menés et les premiers résultats du partenariat sur les compétences professionnelles développées par les différents acteurs : doctorants, chercheurs, formateurs et éducateurs des Enfants de la rue. Nous analyserons aussi la manière dont ce tutorat-conte permet de développer des compétences littératiques chez le public visé.
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Communication orale
L’ingénierie didactique collaborative : une approche qui rend féconde la collaboration entre le monde de la recherche et celui des praticiensFlorent Biao (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Joaquim Dolz-Mestre (Université de Genève), Érick Falardeau (Université Laval)
Au Québec et en Suisse, le Programme de formation (MELS, 2007) et le Plan d’études roman (CIIP, 2006) invitent explicitement les enseignants à articuler les composantes de la discipline français pour rendre plus efficients les apprentissages. Paradoxalement, alors que notre discipline s’en veut une d’intervention, il existe peu de dispositifs testés et validés permettant d’accompagner les enseignants dans la mise en œuvre de cette approche.
Dans le but d’apporter une solution concrète à ce problème, nous avons, dans une approche collaborative avec des enseignants du Québec et de la Suisse, élaboré et expérimenté deux dispositifs d’enseignement qui tentent d’articuler l’étude de la langue à celle des textes à travers deux genres littéraires : la fable et le slam.
Dans le souci d’élaborer des dispositifs qui tiennent compte des contraintes de la classe, nous avons opté pour une ingénierie didactique collaborative (Sénéchal, 2016) de seconde génération. Cette méthodologie, qui se nourrit de l’ingénierie didactique (Artigue, 1996) et des recherches dites collaboratives (Desgagné, 1997; Bednarz, 2013), vise entre autres l’élaboration de séquences didactiques pour l’enseignement d’un contenu, l’étude d’une notion spécifique et la mise en place de stratégies globales d’enseignement (Artigue, 1989).
Cette communication présentera les résultats de cette ingénierie didactique collaborative et les apports d’une telle méthodologie à la fois pour les chercheurs et pour les praticiens.
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Communication orale
Une démarche collaborative pour développer et mettre à l’essai une intervention basée sur des pratiques d’émergence des conduites interprétativesElaine Turgeon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Bien que des travaux récents aient souligné l’intérêt d’engager tôt les enfants dans des démarches interprétatives à l’aide d’albums jeunesse, on dispose encore de peu de données pour la formation des enseignants de l’éducation préscolaire à l’adoption de pratiques favorisant l’émergence des conduites interprétatives : comment choisir les albums, comment les analyser, quels types de questions et d’étayage envisager pour soutenir les discussions? Dans le cadre d’un projet de recherche collaborative, nous avons réuni, à huit reprises, six enseignants de maternelle 4 et 5 ans œuvrant en milieu défavorisé afin qu’ils s’approprient, à travers une communauté de pratique, une approche visant l’émergence des conduites interprétatives. Au cours de l’année, ils ont coconstruit une intervention reposant sur des albums et des canevas d’animation qu’ils étaient ensuite invités à mettre à l’essai dans leur classe. Des entrevues de groupe et individuelles ont permis d’ajuster les canevas développés et d’identifier les conditions propices à l’implantation de l’intervention. Dans le cadre de cette communication, nous présenterons la démarche de collaboration que nous avons mise en œuvre à travers cette recherche ainsi que l’intervention que nous avons coconstruite avec les enseignants et les conditions qui ont été identifiées comme étant propices à son implantation.
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Communication orale
« Rater mieux » : récit d’une recherche collaborative sur l’écriture réflexiveMarion Sauvaire (Université Laval), Stéphanie St-Onge (Université Laval)
Essayer encore. Ratez encore. Ratez mieux. Beckett
De 2017 à 2020, nous avons mené une recherche collaborative au sens que la didacticienne du français B. Kervyn (2011) lui donne. Nous avons travaillé avec deux enseignantes, une en 5e secondaire et une au collégial, à intégrer l’écriture réflexive (Chabanne et Bucheton, 2002, Tauveron, 2007; Sauvaire, 2019) dans leurs pratiques d’enseignement de la littérature. À partir de ces pratiques « habituelles », qui relèvent autant d’une sédimentation disciplinaire que de leurs manières singulières d’enseigner la lecture d’œuvres littéraires, nous avons accompagné et documenté l’expérimentation d’une séquence didactique deux ans durant. Aujourd’hui, nous revenons sur l’évolution du dispositif de recherche, évolution que nous pensons inhérente à la démarche collaborative et donc importante à documenter. Les principaux résultats de cette recherche, mais aussi ses ratés, ses ratures, ses reprises, seront ainsi contextualisés et problématisés en cohérence avec l’ancrage épistémologique des méthodologies collaboratives, qui valorise le processus de la co-construction de savoirs, le caractère intersubjectif de l’interprétation des concepts et des situations didactiques et leur présentation sous une forme narrative et réflexive. In fine, la question de la légitimité dans le champ scientifique sera reformulée : la validité d’un résultat repose-t-elle sur sa prédictibilité ou sur la compréhension à postériori des aléas de son émergence?
Dîner
Après-midi
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Communication orale
Une recherche de développement qui fait la belle part à la collaboration : le cas de l’élaboration d’une grille d’analyse d’albums jeunesse pour diverses utilisations didactiquesRachel Deroy-Ringuette (UdeM - Université de Montréal), Audrey Laplante (Université de Montréal), Isabelle Montésinos-Gelet (Université de Montréal)
Bien que la recherche de développement, qui s’inscrit dans l’ensemble des recherches appliquées (Anderson et Shattuck, 2012; McKenney et Reeves, 2012; Van der Maren, 2003), n’implique pas forcément un volet collaboratif, Van der Maren (2003) souligne que la collaboration a avantage à être envisagée dans les recherches de ce type, particulièrement en didactique. Ainsi, la collaboration avec des membres du milieu professionnel peuvent se retrouver à l’une ou plusieurs des quatre phases de la recherche de développement, soit 1) L’analyse et l’exploration, 2) Le développement et la construction, 3) L’évaluation et la réflexion, 4) L’implantation et la diffusion (McKenney et Reeves, 2012). Pour notre part, dans le but de développer une grille d’analyse didactique des albums de littérature jeunesse, nous avons impliqué des chargées de cours en didactique du français (n=5) et des enseignantes du primaire expertes dans l’utilisation didactique de la littérature jeunesse (n=7). La collaboration de ces participants est primordiale aux phases 1 et 3 de notre recherche. Lors de cette communication, notre intention est donc d’exposer comment cette collaboration a pu alimenter notre recherche de développement et comment elle a contribué à la prise en compte des besoins réels du milieu.
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Communication orale
Quand la collaboration devient incontournable : cas d’une recherche alliant la didactique de l’oral et la gestion de la classeMélanie Dumouchel (Université du Québec à Montréal), Geneviève Messier (Université du Québec à Montréal), Kathleen Sénéchal (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Bien que l'importance de l'oral réflexif soit reconnue, notamment parce que ce type d’oral permet aux élèves de mettre en mots leurs apprentissages, les enseignants procèdent généralement de façon intuitive lorsque vient le temps de soutenir son appropriation chez les apprenants. Toutefois, pour offrir à ces derniers des occasions fréquentes de réaliser des apprentissages par la verbalisation, les enseignants doivent adopter des pratiques d’enseignement qui stimuleraient la prise de parole, mais aussi des pratiques de gestion de la classe cohérentes avec celles-ci, amenant les élèves à prendre une plus grande part de responsabilités dans toutes les dimensions de leurs apprentissages. Aussi l’objectif de cette recherche collaborative est-il de coconstruire, avec des enseignants des trois cycles du primaire, des pratiques d’enseignement soutenant le développement des compétences en littératie des élèves par la mise en œuvre de l’oral réflexif et de pratiques de gestion de la classe cohérentes et favorisant le temps de parole des élèves via des interactions entre pairs. Deux groupes de discussion ont été conduits avec nos collaborateurs dans le but de cerner les obstacles et les défis à la mise en place de pratiques d'enseignement et de gestion de la classe favorisant la prise de parole des élèves en classe. Nous présenterons les résultats issus de ces échanges, qui permettront d'établir les besoins de développement professionnel des enseignants prenant part à notre recherche.