Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Si le passage à l’âge adulte constitue en soi un processus d’autonomisation, l’autonomie constitue plus que jamais un enjeu clé dans les parcours des jeunes. D’un côté, injonction issue des paradigmes managériaux traversant tout autant le système de production que les politiques publiques, l’autonomie devient une exigence omniprésente pour construire de manière socialement légitime son cheminement. De l’autre côté, le décalage entre les attentes des jeunes dans différentes sphères de vie (que ce soit le travail, la formation, le logement, la famille, l’engagement dans sa communauté) et les réelles possibilités de les combler encourage parfois les jeunes à défier les normes sociales dominantes et à défendre leur autonomie individuelle et culturelle à l’heure de construire leur parcours. Entre injonction à la production et revendication d’épanouissement, l’autonomie est au foyer de tensions qui se répercutent sur le mieux-être des jeunes et leur santé mentale : troubles de l’attention, épuisement, technostress, solitude, colère, démobilisation, sentiment de vulnérabilité au travail, détachement de la communauté, etc. Ces tensions, souvent vécues individuellement, voire dans l’isolement, soulèvent par ailleurs l’enjeu de la responsabilité collective, et de la qualité et de l’adéquation des réponses institutionnelles qui sont offertes : manque de ressources, racisme institutionnel et méconnaissance des réalités spécifiques de la part des intervenants. C’est dans ce contexte de tension que ce colloque souhaite réunir des contributions issues d’une variété de disciplines et d’approches analytiques pour éclairer la question de l’autonomie et mettre en évidence tant la diversité des conditions regroupées sous la catégorie « jeunes » que les inégalités sociales affectant le passage à l’âge adulte selon les régions, la situation socioéconomique, la situation familiale, l’identité de genre, l’appartenance culturelle et l’origine ethnique, entre autres.
Remerciements :Le colloque est organisé par la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec (CRJ) qui bénéficie du soutien financier du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et du Secrétariat à la jeunesse du Québec.
Dates :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Sylvain Bourdon (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Maria Eugenia Longo (INRS - UCS - Institut national de la recherche scientifique - Urbanisation Culture Société)
- Martin Goyette (ENAP - École nationale d'administration publique)
- Natasha Blanchet-Cohen (Université Concordia)
- Sylvain Paquette (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Marjolaine Noel (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
- Stéphanie Atkin (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Programme
Autonomie et rapports aux institutions
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Communication orale
Transition à vie adulte, santé globale et accès aux services : l’importance de la participation des jeunesMartin Goyette (ENAP - École nationale d'administration publique)
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Communication orale
La situation résidentielle des nouveaux utilisateurs de services psychiatriques : résultats du projet AMONTAmal Abdel-Baki (CHUM), Anne Crocker (UdeM - Université de Montréal), Eric Latimer (Centre de recherche Douglas), Marichelle Leclair (UdeM - Université de Montréal), Laurence Roy (Université McGill), Marc-André Roy (Centre de recherche CERVO), Luigi de Benedictis (Institut universitaire en santé mentale de Montréal)
Les transitions depuis et entre les services psychiatriques ont été identifiées comme des moments clés amenant plusieurs personnes, en particulier les jeunes, vers l’instabilité. Le projet AMONT vise à documenter les trajectoires résidentielles des personnes à partir de leur premier contact avec les services psychiatriques. La présentation portera sur la situation résidentielle des participants au moment de ce premier contact, et sur les facteurs individuels et environnementaux qui y sont associés. Des données sur la situation résidentielle passée et au moment de l’entrevue, ainsi que sur le profil sociodémographique, l’état de santé, la toxicomanie, le réseau social, et les événements de vie dans l’enfance ont été recueillies auprès de 427 participants. Au moment de l’entrevue initiale, 21% des participants étaient en situation d’itinérance ou l’avaient été dans les six mois précédents, 36% étaient en situation instable, et 43% étaient en logement stable. Les résultats indiquent qu’un placement en centre jeunesse de plus de six mois en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse (et non de la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents) était fortement associé à l’itinérance et à l’instabilité résidentielle dans cet échantillon. La présentation abordera le rôle de diverses institutions sociales dans les parcours des jeunes adultes, les possibilités d’arrimage entre les services, et les pratiques intersectorielles auprès des jeunes dits vulnérables.
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Communication orale
Taire, suspecter ou nommer : les praticien-ne-s en santé mentale jeunesse face aux dilemmes de la désignation des troublesAntoine Sansonnens (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À travers mon travail doctoral (début, mars 2017), je cherche à comprendre comment, dans deux contextes socio-culturels, s’articule et se met en oeuvre la mission du « rendre capable » de jeunes souffrant de troubles mentaux. Le cadre analytique de ma thèse se situe à l’échelle des praticien-ne-s en santé mentale jeunesse et porte notamment sur l’exploration d’un double embarras avec lequel ces derniers doivent composer : 1) activer ces jeunes tout en les rendant autonome 2) le manque de référentiel normatif sur lequel baser l’intervention et les décisions tant ces jeunes sont dans un double « entre-deux », soit, ni vraiment enfant, ni vraiment adulte, ni vraiment normal, ni vraiment pathologique.
Dans cette communication, il s’agira, en s’appuyant sur des analyses d’entrevues réalisées en Suisse et au Québec avec différents praticien-ne-s (notamment psychiatres, conseillers en insertion ou intervenant-e-s psychosociaux) accompagnant ces jeunes, de proposer une réflexion sur les usages et les rôles des dénominations des troubles en santé mentale pour un public jeune. Si l’exposé abordera prioritairement cette dimension sous l’angle du jeu d’interactions entre praticien-ne-s et jeunes, il viendra également porter une réflexion sur les rôles des différents professionnels dans ce processus de désignation des troubles et, plus largement, sur l’organisation des services et leurs critères d’octrois de prestations.
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Communication orale
Niveau de confiance envers les institutions chez les jeunes adultes : associations avec certaines caractéristiques individuelles, la santé mentale et le bien-êtreDominic Julien (Institut de la statistique du Québec), Mai Thanh Tu (Institut de la statistique du Québec)
Le passage à la vie adulte est caractérisé par une quête de l’autonomie, lors de laquelle les adultes émergents sont directement exposés pour les premières fois aux politiques et programmes sociaux. Un écart entre leurs attentes et les possibilités offertes par ceux-ci peut altérer leur confiance envers certaines institutions, ce qui pourrait influencer leur mieux-être et leur santé mentale. À partir des données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ) menée auprès des jeunes de 20 ou 21 ans nés au Québec en 1997-1998, cette communication propose de : 1) présenter la proportion des jeunes qui ont un faible niveau de confiance envers différentes institutions (ex.: le système de justice, le système scolaire, le système de santé); 2) examiner les associations entre des caractéristiques individuelles (ex.: le sexe) et la confiance envers les institutions; 3) examiner la présence d’une association entre la confiance envers les institutions et la santé mentale (dépression, anxiété) et le bien-être (bonheur, satisfaction à l’égard de la vie). Les résultats révèlent qu’entre 13% et 78% des jeunes font peu ou pas confiance aux diverses institutions étudiées. Des analyses de régressions logistiques suggèrent qu’un faible niveau de confiance envers les institutions est associé à une moins bonne santé mentale et à un bien-être moins élevé. Les résultats diffèrent toutefois selon les institutions et les indicateurs de santé mentale et de bien-être examinés.
Dîner libre
Autonomes ensemble
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Communication orale
Conjuguer accomplissement personnel et appartenance collective parmi la jeunesse autochtoneCarole Lévesque (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Cette présentation abordera la question de l’autonomie et du mieux-être à travers les modalités de la transmission intergénérationnelle des savoirs en contexte autochtone. Les résultats de projets en cours (avec quelques exemples concrets) nous permettront de mieux circonscrire le rôle des jeunes générations en matière d’apprentissage et d’accomplissement personnel et communautaire. Contrairement aux visées fort individualistes entretenues au sein de la société québécoise au regard de la jeunesse, les parcours des jeunes autochtones s’inscrivent dans des dynamiques sociales et culturelles autres.
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Communication orale
Honorer la résistance et les voix des jeunesAlicia Ibarra-Lemay (Université Concordia), Catherine Richardson (Université Concordia)
La présentation de Catherine Richardson et Alicia Ibarra-Lemay portera sur leur travail sur les connaissances de guérison autochtones et son importance pour les jeunes autochtones et leur santé mentale. Ils couvriront les idées de dignité, de résistance et l'empowerment des jeunes et parleront de l'importance de l'échange de connaissances intergénérationnel entre les gardiens des savoirs autochtones et les jeunes autochtones.
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Communication orale
Devenir adulte et parentalisation : entre autonomie et soutien nécessaireCaroline Baret (Clinique de psychologie Ensemble), Sophie Gilbert (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le processus de devenir adulte revêt plusieurs formes et trajectoires. Le point d’arrivée serait relativement le même : l’exercice de l’autonomie identitaire et l’indépendance matérielle (Galland, 2011; Van de Velde, 2008). La situation des jeunes en difficulté ne cadre pas avec la définition normative de l’être adulte (Caron et Soulière, 2013; Gaetz et al., 2016). Pourtant, ils ont le désir de s’émanciper et trouvent des possibilités de développer leur autonomie malgré les difficultés (Bellot, 2003; Gagné, 1996; Parazelli, 2007). Pour certains d’entre eux, l’arrivée d’un enfant les amène à questionner leur mode de vie et à opérer des changements (Gilbert, 2015).
Notre recherche s’est intéressée à la parentalisation sociale et psychique des jeunes en situation de précarité. Nous avons rencontré en entretiens 12 jeunes parents, fréquentant ou ayant fréquenté un organisme d’aide aux jeunes en difficulté (Dans la Rue). Nous avons effectué une analyse en profondeur des verbatim suivant une méthodologie qualitative (Gilbert, 2007, 2009 ; Paillé et Mucchielli, 2012).
Afin de ne pas répéter le cercle vicieux de la violence sociale ou intrafamiliale qu’ils ont euxmêmes subie, les jeunes rencontrés cherchent à se différencier de leurs propres parents et à offrir le meilleur pour leur enfant (Baret et Gilbert, 2015). Néanmoins, les attentes de réparation envers leurs figures parentales compliqueraient l’affiliation à leur enfant et leur autonomisation sociale et psychique (Baret, 2020).
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Communication orale
La participation des jeunes dans les maisons de jeunes. Entre ludisme et autonomieElisabeth Greissler (UdeM - Université de Montréal), Marie Lefebvre (UdeM - Université de Montréal)
L’approche d’intervention des maisons des jeunes (MDJ) vise l’autonomie individuelle et collective consistant, par l’auto-organisation des jeunes et le développement de leur esprit critique, à affirmer leur capacité à disposer d’eux-mêmes et à faire reconnaître leur place dans la société (Sarrasin et al., 2016). L’approche est à contre-courant des paradigmes néolibéraux concevant l’autonomie selon une individualisation des parcours et une invisibilisation des structures d’exclusion des jeunes (Loncle, 2012). En tant qu’espace de transition, entre enfance et âge adulte, entre privé et public, entre éducation et auto-organisation, les MDJ permettent de renouveler les analyses des dispositifs d’autonomie de la jeunesse. La conceptualisation d’autonomie des MDJ, en tant que processus et aboutissement, fait référence à un travail informel et invisibilisé des intervenants. Dans cette communication, on s’intéresse à l’articulation entre travail de cadrage des intervenants et expérience de participation de jeunes, à partir des acquis d’un projet de mobilisation des connaissances au sein d’une MDJ. Nous tenterons de montrer comment les jeunes investissent les espaces ludiques et ce que les pratiques d’intervention apportent aux jeunes dans le développement de leur autonomie. Cette contribution vise à explorer plus particulièrement la dialectique d’autonomie et d’hétéronomie (Greissler et al., 2017) des formes et modalités de la participation des jeunes dans les espaces de la MDJ.
Paroles de jeunes : autonomie et mieux-être
Autonomie et singularités
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Communication orale
Autonomie et passage à la vie adulte de jeunes en situation de handicapDavid Baril (UdeS - Université de Sherbrooke), Sylvain Bourdon (UdeS - Université de Sherbrooke), Isabel Desroches (UdeS - Université de Sherbrooke), Anne Lessard (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les enquêtes populationnelles montrent que les jeunes en situation de handicap affrontent des circonstances de vie qui compliquent singulièrement la transition vers l’âge adulte. L’expérience de cette transition serait d’ailleurs indissociable des contraintes et des potentialités générées par le contexte sociohistorique et les structures sociales dans lesquels les jeunes s’inscrivent (Van de Velde, 2008). Cette communication propose une analyse secondaire de 32 entretiens menés dans le cadre d’une recherche évaluative (Bourdon et al., 2015) auprès de jeunes en situation de handicap, participant ou ayant participé à une démarche de soutien à la transition à la vie adulte (TEVA). Elle rapporte leur perspective sur les principales dimensions de leur cheminement vers l’autonomie : poursuite ou fin des études et insertion professionnelle; décohabitation parentale et autonomie résidentielle; mobilité et transport; vie amoureuse et projets de parentalité. L’analyse met en lumière les principales sources de tensions normatives vécues par ces jeunes lors de leur processus d’autonomisation, ainsi que l’influence non négligeable du soutien de l’entourage et du contexte social sur leur rapport au devenir adulte.
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Communication orale
L’interruption et l’abandon scolaire chez les jeunes trans, non-binaires et en questionnement identitaire de genreJulie Christine Cotton (UdeS - Université de Sherbrooke), Valérie Ouellet (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les élèves trans et non-binaires qui fréquentent les écoles secondaires québécoises vivent non seulement plus d’expériences de stigmatisation que leurs homologues de la diversité sexuelle, mais iels vivent aussi des taux de détresse psychologique plus élevés que leurs pairs cisgenres hétérosexuel⋅le⋅s (Raymond, 2015; Medico et Pullen-Sansfaçon, 2017). Dans le cadre d’une enquête réalisée en 2018 (N=198) (Cotton et al., 2019), il a été possible d’explorer différents enjeux dont ceux liés au vécu scolaire des jeunes trans, non-binaires et en questionnement identitaire de genre du Québec. Dans une perspective de justice sociale, mais aussi considérant les récentes avancées législatives en ce qui concerne les droits des personnes trans, il est impératif pour les écoles secondaires de prendre action pour soutenir les élèves trans et non-binaires au même titre que les élèves de la diversité sexuelle.
L’objectif de la communication est de présenter les taux d’interruption et d’abandon scolaire des jeunes trans et non-binaires en fonction de certaines caractéristiques comme leur identité de genre, leur statut et leurs démarches de transition. En guise de discussion, le modèle théorique de Testa et al. (2015) sera présenté dans le but d’identifier certains facteurs de stress et de résilience pouvant être considérés par les milieux scolaires pour favoriser la persévérance et la réussite scolaire de ces jeunes.
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Communication orale
Transition de soins, transition à la vie adulte et santé globale : l’expérience de la clinique Ados +Manon Duchesne (Centre jeunesse de Montréal (CIUSSS centre-sud-de-l'île-de-Montréal), Emmanuelle Trépanier
Contexte : De nombreuses études internationales soutiennent que les jeunes recevant les services de la protection de la jeunesse forment une population particulièrement vulnérable en regard de leur état de santé, notamment en termes de santé mentale. Au terme d’un placement, ces jeunes doivent également composer avec une transition vers les services de santé de la communauté et ceux pour adultes.
Modèle de la clinique Ados+ : La clinique Ados+ a été implantée sur le territoire du Sud-Ouest-Verdun à l’automne 2016, au sein du GMF-U de Verdun, afin d’offrir des services de santé adaptés aux jeunes en difficulté et d’en favoriser la continuité via une collaboration étroite avec les intervenants communautaires.
Objectifs : Les objectifs de la présentation consistent à 1) décrire le profil des patients référés à la clinique Ados+ 2) identifier les principaux référents à la clinique.
Méthodes et résultats : Une révision systématique des questionnaires de références (n=200) nous a permis d’identifier les principales raisons de référence et d’établir une liste de l’ensemble des référents. Un échantillon aléatoire de dossiers de patients a également été révisé afin d’identifier quels sont les principaux besoins de santé adressés, ainsi que les services offerts.
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Communication orale
Des partenaires unis pour faciliter la transition à l’âge adulteJulie Lane (UdeS - Université de Sherbrooke), Joelle Lepage (Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale)
La période de transition à l’âge adulte peut s’avérer ardue, surtout pour les jeunes issus d’une population plus vulnérable (Osgood, Foster et Courtney, 2010), et les 15 à 24 ans sont proportionnellement plus nombreux à démontrer des signes de détresse psychologique que les autres groupes d’âge (Baraldi et al. 2015). Le Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale a comme mission de favoriser la collaboration interdisciplinaire et intersectorielle et de mettre en commun les expertises de la communauté estrienne dans le but de répondre de façon optimale aux besoins des enfants, adolescents et jeunes adultes présentant, ou à risque de présenter des problèmes de santé mentale. Une démarche de consultation de nombreux acteurs de la communauté estrienne dont des jeunes, jumelée à l’analyse des écrits scientifiques, ont mis en lumière la nécessité de créer des projets innovants qui soutiennent les jeunes vivant cette transition. C’est dans cette optique que le Centre RBC, en partenariat avec divers acteurs des milieux scolaires, communautaires, universitaires et du réseau de la santé et des services sociaux, a coconstruit et implanté divers projets (ex : soutien entre pairs, stages d’insertion socioprofessionnelle, formation « mindfulness based stress reduction », mécanisme pour faciliter la fluidité des services). En plus de présenter un survol de ces projets, cette présentation vise à partager certains résultats de recherche et témoignages qui attestent des retombés.
Dîner libre
Autonomie, éducation et travail
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Communication orale
Jeunesse et processus d’autonomie en temps de COVID19. Une réflexion théorique.Marcelo Balboa (Université Laval), Simon Viviers (Université Laval)
Jusqu’au mois de mars 2020, nous étions dans la réflexion suivante… « On pourrait supposer que les jeunes universitaires ont pu surmonter plusieurs situations liées au processus d’autonomie et qu’ils sont à un stade avancé de la construction de leurs projets de vie. Pourtant, au Canada 58,1 % des étudiants ont déclaré que “leur éducation universitaire était traumatisante et très difficile à gérer au cours de la dernière année” (NCHA, 2016). L’Union Étudiante du Québec (UEQ) indique qu’une personne sur cinq a montré des symptômes dépressifs à un niveau où elle devrait recevoir des soins (UEQ, 2019). Comment comprendre ces résultats ? » Puis vint la pandémie, un fait qui a transformé la vie sociale d'une manière difficile à mesurer. Comment les jeunes font-ils face à cette épreuve, et en quoi cela affecte-t-il leurs projets de vie ? Notre présentation est une réflexion théorique pour penser des défis pour les sciences de l’orientation « en temps de COVID », depuis un cadre théorique inspiré de la clinique du travail, la psychologie des groupe et l’analyse institutionnelle.
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Communication orale
Portrait de l’intervention psychosociale dans le réseau collégial québécoisBenjamin Gallais (Cégep de Jonquière)
Étant très souvent exclue des considérations liées à la santé, la santé psychologique est une composante de la santé qui mérite plus d’attention, notamment chez les jeunes adultes qui vivent des transitions multiples. La population étudiante n’échappe pas à cette réalité. Au contraire, les établissements scolaires ressentent une certaine pression à prendre le relais des services de ville en ce qui concerne la prise en charge psychologique de leurs effectifs. Ainsi, les intervenants psychosociaux des collèges et cégeps ont-ils l’impression d’être une 1ère ligne de services – les crises et décompensations arrivants souvent en période scolaire?, ou de devenir un service de 3ème ligne – leur pratique clinique étant spécifique, deviennent-ils les experts de la prise en charge psychologique du jeune adulte? Se sentent-ils suffisamment outillés et soutenus? Quelles interventions sont utilisées en termes de promotion et prévention de la santé mentale?
Toutes ces questions seront abordées au cours d’entrevues individuelles semi-dirigées réalisées auprès d’intervenants des services d’aide psychologique de 7 différents établissements collégiaux québécois (représentativité en terme de taille et de localisation : proche/éloigné grands centres).
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Communication orale
Entrée précoce sur le marché de l’emploi, intensité du travail et répercussions sur la santé et sécurité du travail (SST) : constats issus des analyses des données de l’ÉLDEQ[...]Julie Auclair (Cégep de Jonquière), Marc-Antoine Busque (Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST)), Luc Laberge (Cégep de Jonquière), Élise Ledoux (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le plein emploi serait atteint au Québec et, corollairement, les élèves du secondaire et les étudiants postsecondaires seraient plus nombreux que jamais à travailler pendant l’année scolaire. Parallèlement, les jeunes commenceraient à travailler de plus en plus tôt. En se basant sur les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ), dirigée par l’ISQ, la présente communication vise d’abord à décrire les trajectoires sociodémographiques, familiales, scolaires et comportementales associées au fait d’occuper précocement un emploi à l’âge de 13 ans. Il s’agit ensuite d’établir si une telle entrée hâtive sur le marché de l’emploi est liée prospectivement à des conditions d’exercices d’emploi ou à des indicateurs de santé distincts à 15 ans, en termes, par exemple, d’environnement physique ou psychosocial au travail ou de survenue de blessures au travail. Par ailleurs, des éléments de contenus seront déposés afin de nourrir la discussion sur les facteurs qui peuvent caractériser l’intensité du travail chez les jeunes travailleurs qui détiennent un emploi en cours d’année scolaire. En effet, au-delà du simple nombre d’heures hebdomadaires consacrées au travail rémunéré, l’aspect atypique des emplois occupés (ex. temps partiel, temporaire, sur appel, etc.) et la forte mobilité d’emploi qui leur est spécifique doivent être pris en compte dans les initiatives de prévention des incapacités, tout comme la qualité des emplois occupés.
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Communication orale
Les effets de la surqualification sur le plan de la santé et du bien-être: le cas des diplômés universitairesMireille Gélinas (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Mircea Vultur (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Au Québec, la proportion des travailleurs détenant un diplôme universitaire a presque doublé depuis 1990, passant de 13,3% à plus de 25%. Cette situation a généré un phénomène de surqualification, alors que le tiers de la main-d’oeuvre a un niveau de formation supérieur à celui normalement requis pour l’emploi occupé. Notre communication présentera le résultats d’une enquête auprès de 32 diplômés de cinq universités québécoises en situation de surqualification, interrogés quatre ou cinq ans après leur diplomation. L’analyse fait ressortir des changements dans leur vie au travail et hors travail. Le décalage entre les attentes formées durant la formation universitaire et la réalité du marché du travail provoque chez les diplômés un choc qui se répercute sur leur santé et leur bien-être général. La santé psychologique s’est révélée particulièrement affectée par les situations vécues de surqualification: insatisfaction; déception; anxiété; isolement; insomnie; remises en question; perte d’estime de soi; changements dans l’humeur allant jusqu’à la dépression. Ces constats portent à croire que certains diplômés universitaires ne sont pas suffisamment préparés pour faire face à un marché de l’emploi de plus en plus compétitif, qui relègue une importante proportion d’entre eux en situation de surqualification, et qu’ils vivent difficilement la contradiction entre leur mode de pensée de type méritocratique et l’impuissance de se réaliser pleinement sur le plan professionnel.