Comment la pratique des arts outille-t-elle les individus à devenir des citoyens culturels, orientés vers la justice et susceptibles de faire entendre leurs voix, de partager leurs idées dans l’espace public? Les manifestations de la distance croissante entre le citoyen et les institutions publiques garantes de ses droits et soutenues par leur exercice sont nombreuses et constituent pour certains un réel danger. Or, les formes d’expression de la citoyenneté et sa corporéité dans les espaces collectifs comme l’espace public – la sphère à l’intérieur de laquelle s’exercent et s’éprouvent la critique, l’adversité, la communauté, notamment – témoignent du renouvellement de la conception qu’on peut en avoir. En cohérence avec une citoyenneté outillée pour la désaliénation, Poirier (2012) décrit une citoyenneté culturelle comme une évolution du rapport entre l’État et l’art comme mode de « construction identitaire », d’expérience d’altérité, de porte ouverte vers la sphère publique et le politique. La culture y est un vecteur de lien social appelant à « l’appropriation par les individus des moyens de création, production, diffusion et consommation culturelle » (p. 11). Cette appropriation est facilitée par la conception de dispositifs développés par des chercheurs et des créateurs qui œuvrent au sein de différents domaines artistiques dans le cadre d’incursions dans les espaces publics. Certains, sans qu’ils soient des assistants sociaux ni des agents du maintien de l’ordre, agissent comme des agents du désordre, de la lucidité, de l’esprit critique (Vincent, 2018). Ils proposent des dispositifs « pour faire avec » qui font résonner les voix multiples des citoyens afin qu’ils contribuent au grand chantier d’un espace public, suscitant un dialogue démocratique et la coconstruction d’un pouvoir collectif. Ainsi, former à la citoyenneté culturelle constitue une réponse au phénomène croissant de l’aliénation citoyenne, donnant accès à la culture et stimulant l’esprit critique.
Remerciements
Nous remercions l'ACFAS et l'UQO pour leur collaboration. Un salut particulier à tous le chercheurs et créateurs impliqués dans notre colloque car votre travail constitue une richesse pour le développement du savoir, des outils et des dispositifs visant au développement d'un dialogue démocratique et un investissement de l'espace public propice à l'émergence d'une citoyenneté culturelle affirmée.