Dans la pensée éducative québécoise contemporaine, la figure de l’enseignant est dominée par celle du professionnel, celui qui est éclairé par la science, et par celle du guide, celui qui facilite les apprentissages. Ils sont tantôt des applicateurs de savoirs experts relativement désincarnés, et tantôt des accompagnateurs dont les savoirs disciplinaires sont relégués à une position accessoire. En ce sens, ces figures acculent l’enseignant à un rôle relativement instrumental d’applicateur ou de tuteur, ce qui semble insuffisant pour nourrir l’identité, le développement et la pratique de façon signifiante et satisfaisante. Comme le défend Chris Higgins dans The good life of teaching, le travail de l’enseignant en lui-même peut fonder un modèle robuste de la good life et devrait permettre aux enseignants de mener des vies réellement gratifiantes.
Ce colloque propose donc de repenser la figure de l’enseignant de manière à permettre à ce métier, ce travail, cette profession, de renouer avec son caractère « vocationnel ». S’il est un métier « incarné », porté par un engagement profond pour le devenir humain et social, c’est bien celui de l’enseignement : il s’agit donc dans ce colloque de repenser cette figure de l’enseignant à la lumière des différentes manifestations historiques, mythologiques ou réelles dans le but de chercher à la penser différemment.