Aujourd’hui, l’hybridation et la multimodalité sont privilégiées par nombre de créateurs, dont certains jeunes, qui détournent les fonctions utilitaires des médias et créent de nouvelles formes d’expression. Malgré l’importance de cette tendance, peu de recherches se penchent sur la manière de réinvestir ce type de pratiques dans l’enseignement des arts et des langues. En croisant des éléments provenant d’un ou de plusieurs ensembles (domaines, disciplines, modes, médias, genres, styles, etc.), l’hybridation produit des pratiques qui brouillent les catégories usuelles (Berthet, 2002; Couchot, 2013; Fourmentraux, 2014; Molinet, 2012; Rancière, 2000). Quant à la multimodalité, elle transforme la réception et la production de sens médiatisé lorsque sont mobilisées concomitamment, en contexte réel de communication, des ressources sémiotiques variées issues d’un vaste éventail culturel de modes de représentation, parmi lesquels figurent l’image, l’écriture, le son, le geste, la parole (Buckingham, 2003; Halliday, 1978; Jewitt, 2009; Kress, 2010; Van Leeuwen, 2005). Dans les pratiques de création de certains jeunes et celles d’artistes et d’auteurs actuels, les allers-retours entre réception et création, entre formel et informel ou entre analogique et numérique donnent lieu à la manipulation de modes sémiotiques sur différents supports et dans divers contextes pour créer du sens par des processus et des formes constamment renouvelés. Des études préliminaires relèvent le besoin d’analyser ces pratiques pour mieux les comprendre, mais aussi de redéfinir les notions de création et de réception en fonction de ces pratiques afin de développer des stratégies pédagogiques susceptibles de favoriser la création-réception hybride ou multimodale en arts et en langues (Richard et Lacelle, 2014).
Ce colloque s’intéresse précisément aux retombées de telles recherches sur l’enseignement et l’apprentissage, principalement dans le domaine des arts et dans celui des langues.