L’innovation, en tant que processus particulier d’adaptation aux changements sociaux, est définie par Schumpeter (1934 : 65) comme une « nouvelle combinaison » de ressources. Celle-ci peut émerger du développement de nouveaux produits, modes de production ou sources d’approvisionnement, ou encore de l’exploration de nouveaux marchés ou formes d’organisation. Comme les plus grandes formes d’innovation sont souvent le produit d’une succession d’innovations (Kline & Tosenberg, 1986), elles sont davantage perçues comme un processus plutôt qu’une action ponctuelle. Le délinquant, tout comme n’importe quel acteur social, peut avoir recours à cette forme d’adaptation pour évoluer dans son environnement, ainsi que pour surmonter les contraintes liées à celui-ci. L’innovation prend alors la forme d’une modification du script criminel où certaines phases sont omises, permutées ou encore transformées.
Cette évolution de la délinquance amène les chercheurs à faire eux aussi preuve d’innovation à travers le développement de nouvelles connaissances théoriques et méthodologiques. Leur travail vise à améliorer la compréhension des processus de développement de l’innovation, c’est-à-dire l’identification des ressources mobilisées, des mises en application et des principaux vecteurs de diffusion (Carlsson et al., 2002).
L’innovation joue un rôle important dans l’avancement des connaissances en criminologie et nous discuterons, tout au long de ce colloque, du rôle de l’innovation à travers les trois thématiques suivantes : 1) l’actualisation des connaissances sur l’innovation de la délinquance et des délinquants; 2) les approches théoriques innovatrices en criminologie; et 3) les nouvelles méthodologies de recherche en criminologie.