L’absence au travail est une problématique sociétale importante. Bien que les troubles musculosquelettiques tendent à diminuer, les coûts de gestion des absences au travail ne cessent d’augmenter. De plus, les troubles courants de santé mentale connaissent une croissance exponentielle, et de nombreuses entreprises doivent composer avec cette problématique émergente.
Dans le domaine de la prévention de l’incapacité au travail, particulièrement pour les troubles musculos-quelettiques, le Québec a été un producteur de connaissances qui s’est démarqué sur le plan international. En effet, la publication du modèle de Sherbrooke en 1997 a montré que, pour des personnes présentant une lombalgie, une intervention précoce, intégrant une approche d’ergonomie participative, permettait un retour au travail 2,4 fois plus rapide que le traitement usuel. Cette publication a fait le tour des pays industrialisés, et le modèle de Sherbrooke a été adopté par plusieurs d’entre eux. Par ailleurs, le paradigme d’incapacité au travail, développé par l’équipe de recherche de Patrick Loisel (2003), est désormais le cadre de référence international dans le domaine.
Toutefois, les recherches sur la réduction de l’absence prolongée au travail, notamment en raison de troubles mentaux, sont encore trop parcellaires. On peut constater aussi que les transferts de connaissances d’une pathologie à une autre demeurent rares. Or, les défis qui s’annoncent seront de taille, et cela nécessite de faire dès maintenant un état de la situation, de manière à bien comprendre comment le Québec a évolué au cours des dernières décennies quant à la réduction de l’incapacité au travail.
Est-ce nos méthodes, les intérêts divergents des acteurs en place ou l’absence de solutions qui expliquent l’état actuel de la santé des travailleurs et travailleuses du Québec? Dans les deux prochaines décennies, avec l’augmentation des cas de troubles mentaux et de cancer, le vieillissement de la main-d’œuvre, ainsi que la rareté des ressources, comment pourrons-nous mieux garder nos travailleurs et travailleuses en santé?