Informations générales
Événement : 81e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :L’entrée dans la profession est une étape cruciale de la carrière enseignante (Gold, 1996; Cattonar, 2008), déterminante pour l’amorce des premières années et le maintien dans la profession (COFPE, 2002; Huberman, 1989). C’est le cas des enseignants débutants en formation professionnelle, bien que pour ceux-ci, l’entrée en enseignement prend une coloration particulière. En effet, à mesure des disponibilités, ils intègrent les postes vacants tout en conservant, dans une grande majorité des cas, un lien d’emploi avec leur métier (COFPE, 1998). Cette période d’entrée en enseignement est complexifiée par l’admission à un baccalauréat obligatoire en enseignement professionnel de 120 crédits, lequel est suivi en cours d’emploi.
Mais ce qui distingue radicalement cette entrée en enseignement de celles des autres enseignants, c’est la transition entre l’exercice du métier initial et l’enseignement. Vécue souvent avec difficulté, cette transition est au cœur de nombreux enjeux dont l’objet est une tension entre une identité du métier et une identité d’enseignant, entre le refuge d’un métier maîtrisé et la découverte aventureuse d’un enseignement à maîtriser (Balleux, 2008). Cette tension s’exprime au cœur d’une lente transformation qui voit se changer une conception de l’enseignement marquée par le métier par une conception de l’enseignement façonnée par la « pédagogie systématique » (Achtenhagen et Grubb, 2001), un rapport au savoir d’apprenant à celui d’enseignant et qui s’exprime dans une dynamique plus profonde qui touche le passage d’une identité de travailleur à une identité d’enseignant (Balleux, 2008). C’est donc sous la triple lentille des changements qui s’opèrent au niveau du rapport au savoir, des conceptions de l’enseignement et de l’identité qu’est abordée ici cette transition. Enfin, on voit que là comme ailleurs, un dispositif d’accompagnement est crucial pour la réussite de cette insertion.
Date :Programme
Ouverture
Conférence d'ouverture
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Professionnalisation des enseignants et transitions professionnelles
En 1991, R. Bourdoncle envisage la professionnalisation à partir de trois processus visant : a) l'amélioration collective d'un statut social ; b) l'adhésion aux normes d'un groupe professionnel (socialisation) ; c) le développement de la professionnalité qui intègre compétences professionnelles attendues et construction identitaire. Nous partirons de ces deux derniers processus pour tenter de comprendre le moment de transition entre formation et emploi, ou entre l'exercice d'un métier et l'enseignement de celui-ci. La transition est ici entendue comme un moment de passage diversement accompagné dans l'espace et le temps de l'alternance. S'intéresser à l'expérience de la transition professionnelle et à la manière dont elle participe à une forme de reconfiguration des composantes identitaires peut amener à rendre compte des différentes transactions à l'œuvre. Ces transactions sont de plusieurs ordres : si elles opèrent à l'échelle de l'individu, elles renvoient aussi à ce qui se joue au sein des collectifs de travail. Enfin, nous interrogeons la façon dont l'institution se saisit des enjeux de professionnalisation en étudiant les conditions offertes aux enseignants pour entrer véritablement dans un métier exigeant et complexe.
Premier bloc
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La transition entre le métier et l'enseignement des nouveaux enseignants de formation professionnelle au Québec : quatre objets de rechercheMélanie Cabana (UdeS - Université de Sherbrooke)
L'entrée en enseignement professionnel est pour les nouveaux enseignants une période marquante de leur vie au cours de laquelle ils vivent une transition entre l'exercice du métier initial et l'enseignement, dans un contexte où ils ont à relever de nombreux défis. Parmi ceux-ci, leur mode de recrutement et leur formation les obligent à un double emploi et à une précarité qui se prolonge bien au-delà des débuts en enseignement. Plus qu'ils ne l'avaient imaginé, le choc des réalités est grand et la charge de travail excessive. Ils doivent faire face à des situations inédites comme la gestion de classe et s'approprier des méthodes et des normes qu'ils comprennent mal. La recherche présentée ici vise à mieux comprendre cette transition par l'étude des changements qui s'opèrent au niveau de l'identité, du rapport au savoir, des conceptions de l'enseignement et par la mise en évidence de l'accompagnement qui peut y contribuer. Parmi les événements qui marquent ce passage, plusieurs se sont révélés significatifs des changements en cours. Ceux-ci amènent des prises de conscience et changent petit à petit la représentation qu'ont les enseignants d'eux mêmes. On constate une préoccupation de plus en plus grande pour l'élève et son apprentissage et l'obtention du diplôme apporte la légitimation d'enseigner. Enfin, l'accompagnement se révèle une aide pour « survivre » dans ce nouveau contexte. Cette communication sert d'entrée en matière aux quatre objets de recherche présentés dans ce colloque.
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Pause
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Événements marquants d'une transition entre le métier et l'enseignement : des instants de bonheur, de tensions ou d'épreuves, mais aussi des repères fondateurs dans le parcoursAndré Balleux (UdeS - Université de Sherbrooke)
Comme d'autres travailleurs qui changent de métier, beaucoup d'enseignants de formation professionnelle considèrent leur entrée en enseignement comme un hasard qui les fait sortir de leur voie initiale, un accident de parcours, « soudain, non prévu et souvent irréversible » (Martucelli, 2006, p. 21). Cette transition entre métier et enseignement est jalonnée de toutes sortes d'événements qui constituent des repères dans le parcours et sont des moments fondateurs, éprouvants dans l'instant, mais reconnus plus tard comme ayant contribué significativement à la transformation identitaire.
Quel que soit l'angle sous lequel on l'aborde, la notion d'épreuve exprime toujours une tension (Barrère, 2003; Martucelli, 2006; Thévenot, 2011) et la résolution ou non de contraintes entre l'individu et son nouvel horizon. Au sortir de ces épreuves, « moments éprouvants de doute au contact d'une réalité » (Thévenot, 2011, p.3), ces événements s'inscrivent parfois comme des continuités, des poursuites dans la lignée du parcours ou encore comme des ruptures, en décalage avec le passé, montrant bien qu'ils sont le siège d'enjeux et de défis au nom de sa fidélité à soi. Fait rassurant et hautement significatif, au-delà des épreuves, une nouvelle cohérence du parcours s'installe. Pour cette communication, nous retiendrons des événements significatifs de la transition en nous attardant à la manière dont ces enseignants débutants peuvent résoudre leurs tensions et sortent transformés de l'épreuve.
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La transition, un espace temps de transformation des conceptions de l'enseignement?Mélanie CABANA (UdeS - Université de Sherbrooke), Stéphanie Dubois (UdeS - Université de Sherbrooke), Frédéric SAUSSEZ (UdeS - Université de Sherbrooke)
Cette communication s'appuie sur la thèse selon laquelle la transition et les différentes transformations subjectives et collectives qui l'accompagnent mériteraient d'être regardées sous la lunette des transformations dans la façon dont les personnes conçoivent l'acte d'enseigner et la professionnalité enseignante. L'hypothèse sous jacente est que ces transformations se caractériseraient par le passage progressif d'une conception où les impératifs liés au métier constitue la préoccupation principale à une conception où progressivement le souci d'éduquer trouve une place. Cette communication a pour objectif de mettre à l'épreuve cette hypothèse. Plus spécifiquement, elle a pour objet la comparaison du contenu des conceptions de l'enseignement à propos du sens de l'acte d'enseigner, de la définition du rôle de l'enseignant et de celui des élèves ainsi que des principales difficultés vécues, pour trois catégories d'enseignants : nouveaux, intermédiaires et anciens. Nous présenterons également quelques données concernant la place de la formation dans la construction de la professionnalité enseignante.
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Dîner
Deuxième bloc
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La transition des enseignants de formation professionnelle sous la loupe du rapport au savoir : continuités, fractures et effetsChantale Beaucher (UdeS - Université de Sherbrooke)
Les enseignants débutants ont un rapport au savoir marqué par leur histoire scolaire généralement hors de la « voie royale » habituelle. Puis, en cours de transition, ce rapport au savoir se module progressivement afin d'endosser le rôle d'enseignant et d'apprenant qu'ils ont autrefois rejeté, idéalisé ou considéré hors de portée. Aussi, le constat de la nécessité de l'apprentissage universitaire pour affronter le quotidien de l'enseignement provoque une prise de conscience qui ébranle et décale le point focal : d'un rapport au savoir laissant une large part aux connaissances et aux compétences de métier à un repositionnement vers une recherche de connaissances liées à l'enseignement, à la connaissance de l'élève, en particulier.
Dans les hauts et les bas de la transition, deux constantes: la curiosité et l'engagement! Aussi, des rencontres et des relations avec des individus déterminants marquent la transition. Cet Autre les accompagne, les supporte, leur permet de « faire le saut » vers l'enseignement ou d'y demeurer.
Enfin, une impression de reconquête de son métier initial par d'autres voies colore le rapport au savoir en transition. Des questionnements émergent sur des objets de savoir qui semblaient immuables parce que maîtrisés. Pourtant, dans le même temps, c'est clairement l'expertise du métier qui fournit la fondation solide qui supporte, du moins temporairement, la position relativement inconfortable de novice.
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Formation continue et évolution des représentations du métier et de son enseignementOtilia Holgado (UdeS - Université de Sherbrooke)
En France, le métier d'enseignant de la formation professionnelle est moins cadré et moins accompagné qu'au Québec. Il n'est pas soumis à une expérience professionnelle préalable : des jeunes diplômés et des enseignants des disciplines générales peuvent y prétendre au même titre que les professionnels expérimentés. De plus, aucune formation spécifique n'est prévue pour préparer ces personnes de cultures différentes qui, démunies, exploitent toute occasion d'améliorer leurs représentations du métier et de son enseignement. Une de ces occasions est la formation continue courte, qui vise l'apprentissage intensif d'une technique particulière de travail (un instrument, une méthode) ou d'enseignement.
Nous examinerons la manière dont les enseignants de la formation professionnelle font de la formation continue à visée technique un lieu de construction et de transformation de leurs représentations du métier et de son enseignement. Données empiriques à l'appui, nous discuterons deux aspects : 1/les préoccupations de ces enseignants et les difficultés que pose la transition du métier vers son enseignement d'une part et de l'enseignement général vers l'enseignement professionnel d'autre part, 2/la manière dont, dans l'absence d'un accompagnement de cette transition, les enseignants prennent en charge leurs propres difficultés et, lorsque les conditions leur parassent favorables, les abordent et tentent de les résoudre
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Pause
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Pratiques d'accompagnement des nouveaux enseignants en FP : un regard sur leur vécuHélène BEAUCHAMP (CNIPE-FP), Johanna BISSON (CFP 24-Juin), Claudia Gagnon (UdeS - Université de Sherbrooke)
Si l'entrée en enseignement est souvent vécue comme une période difficile (Cattonar, 2008), et que plusieurs se sont penchés sur l'accompagnement des enseignants en début de carrière en formation générale (Arpin et Capra, 2008; Boutet et Pharand, 2008), l'accompagnement des enseignants débutants en formation professionnelle (FP) demeure nébuleux. Pourtant, leur entrée dans la profession enseignante se distingue radicalement par leur recrutement à la dernière minute sur la base de l'expertise de métier et l'absence de formation préalable en enseignement (Balleux, 2008; MEQ, 2002). Dans ce contexte, l'accompagnement des nouveaux enseignants en FP est essentiel si l'on souhaite assurer une formation professionnelle de qualité et limiter l'abandon de la profession (Gagnon et Rousseau, 2010). Mais qu'en est-il de cet accompagnement? Comment est-il vécu par les nouveaux enseignants de la FP? Cette communication vise à rendre compte des propos tenus par des enseignants à l'égard de l'accompagnement qu'ils ont reçu au moment de leur entrée en enseignement, en mettant l'accent sur les dimensions suivantes de l'accompagnement : visée, contexte, relation, temps et démarche (Balleux et Gagnon, 2011). Ces résultats seront mis en relation avec les pratiques d'accompagnement recensées auprès des conseillers pédagogiques en FP au Québec (Gagnon, 2010; Gagnon et Bisson, 2012) et ouvriront la discussion pour un meilleur encadrement et une plus grande rétention de la relève enseignante en FP.
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Entre savoir-faire et faire savoir : une transition renversante pour les enseignants de la formation professionnelleJessica Riel (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Les nouveaux enseignants de la FP sont parachutés dans les centres de formation professionnelle (CFP) avec comme unique bagage une expertise liée à leur métier. Ils disposent de ce fait de peu d'outils pédagogiques pour faire face à la réalité des classes dans les CFP. De plus, pour espérer accéder au peu de postes permanents disponibles, ils doivent compléter un baccalauréat en enseignement de la FP leur conférant ainsi le statut particulier d'enseignant-étudiant-travailleur du métier. Les défis liés à cette transition sont donc nombreux et exigent beaucoup des nouveaux enseignants tant au niveau personnel que professionnel. Cette présentation exposera plusieurs de ces défis tout en mettant en lumière les particularités propres à la transition des femmes issues de métiers traditionnellement masculins.
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Mot de clôture