414 - Regards pluriels sur les pratiques numériques des jeunes
- Mercredi 7 mai 2025
Responsables
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Caroline Caron
UQO - Université du Québec en Outaouais
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Normand Landry
TÉLUQ - Université du Québec
Les pratiques numériques des jeunes suscitent de vives inquiétudes dans plusieurs pays occidentaux et donnent lieu à des projets de réglementation institutionnelle allant du bannissement des téléphones cellulaires dans les classes à la mise en place d’un âge minimal pour accéder à des sites et des applications numériques. La caution scientifique dont ces initiatives se réclament parfois s’appuie néanmoins sur un ensemble restreint de disciplines scientifiques, comme les sciences de la santé et la psychologie, qui préconisent une perspective analytique centrée sur les notions de risques et de santé publique. Dans le but d’élargir cette problématisation des pratiques numériques des jeunes à d’autres disciplines et perspectives interprétatives, ce colloque va réunir une diversité de points de vue théoriques et analytiques issus des sciences sociales qui focalisera sur les connaissances entourant les usages pluriels et agentiques que font les jeunes, adolescents jeunes adultes des outils de communication numérique, tels les réseaux sociaux et les appareils électroniques. Ce faisant, ce colloque favorisera le partage de connaissances et la confrontation de perspectives à partir d’une sensibilité éthique aux perspectives des jeunes et aux significations qu’ils investissent dans leurs pratiques numériques. Ces pratiques peuvent inclure des formes de présence et de sociabilité maintenues à travers des applications telles Instagram ou Snapchat, la production de voix publiques par l’entremise de médiums tels que la vidéo (YouTube) ou l’image fixe (Instagram), les jeux, les pratiques informationnelles, le témoignage en ligne, l’aide entre pairs ou le militantisme.
Les travaux accueillis dans ce colloque pourront notamment être inscrits en sociologie des médias et de la communication, en sociologie de la jeunesse, en anthropologie, en éducation, en travail social ou émerger de tout autre discipline pertinente.
Appel à communications
- Problématique
Les pratiques numériques des jeunes suscitent de vives inquiétudes dans plusieurs pays occidentaux et donnent lieu à des projets de réglementation institutionnelle allant du bannissement des téléphones cellulaires dans les classes à la mise en place d’un âge minimal pour accéder à des sites et des applications numériques. La caution scientifique dont ces initiatives se réclament parfois s’appuie néanmoins sur un ensemble restreint de disciplines scientifiques, comme les sciences de la santé et la psychologie, qui préconisent une perspective analytique centrée sur les notions de risques et de santé publique. Ce colloque a pour but d’élargir cette problématisation sociale et politique grâce à des échanges autour de recherches menées en sciences sociales au Québec et dans la francophonie afin de mettre en lumière des pratiques numériques méconnues, socialement dévalorisées ou encore marginalisées dans le débat public.
Le concept de pratiques numériques réfère à des usages des outils de communication numériques qui s’inscrivent dans des processus de socialisation des jeunes, d’information et de formation des opinions, d’apprentissage (informel ou formel, entre pairs), de participation sociale et politique, ou encore, de production et de consommation culturelle. Parmi ces outils de communication numériques se retrouvent les appareils électroniques tels que l’ordinateur, les tablettes et les téléphones mobiles, les réseaux socionumériques tels Facebook, Instagram, YouTube, Snapchat, TikTok (et autres), ainsi que les sites internet et les applications numériques (par ex. les jeux ou la messagerie texte). Le concept de jeunesse est appréhendé dans son sens le plus large possible, de manière à inclure autant les enfants, les adolescents que les jeunes adultes.
Une approche protectionniste conduit souvent à mettre l’accent sur certains problèmes sociaux associés aux pratiques numériques des jeunes, par exemple en matière d’image corporelle et de sexualité, au sujet de la dépendance aux outils, autour des phénomènes de violence, de harcèlement et d’intimidation. En revanche, un corpus d’écrits scientifiques adopte une approche davantage centrée sur l’agentivité des jeunes et les cultures juvéniles qui conduit à exposer des facettes plus nuancées où se trouve documentée une variété des pratiques numériques socialisantes chez les jeunes (en rapport avec l’école, la famille, les amis, les temps de loisirs). Cette situation interroge le foisonnement de discours alarmistes et normatifs qui mène présentement certaines sociétés à préconiser des mesures d’encadrement prohibitives ou coercitives. Puisqu’il est déjà bien démontré que les pratiques numériques des jeunes n’ont pas seulement des effets délétères, ce colloque cherchera à ouvrir un champ de réflexion plutôt axé sur la voix et les perspectives des jeunes ainsi que sur les travaux de recherche à visée compréhensive qui s’attachent à documenter, comprendre, contextualiser et problématiser, de manière nuancée, un éventail de pratiques numériques[1]. Ainsi, ce colloque pourra explorer des questions telles que :
- Quelles pratiques numériques contemporaines démontrent un intérêt sociologique particulier? Quels phénomènes sociaux celles-ci éclairent-elles?
- Quelles pratiques numériques ont gagné en popularité ces dernières années? Qu’est-ce que les jeunes y cherchent? Qu’est-ce qu’ils y trouvent?
- Dans quelle mesure certaines pratiques numériques des jeunes sont-elles différenciées selon certains marqueurs sociaux, comme genre, la classe sociale, l’ethnicité, le handicap, (etc.)? Ces différences participent-elles à la reproduction ou à l’amoindrissement de certaines inégalités sociales?
- Dans quelles circonstances les pratiques numériques des jeunes jouent-elles un rôle constructif au regard de la socialisation, du développement personnel et social, de l’apprentissage, de la participation sociale et politique, voire de la sécurité?
- Quelle est l’importance et quel est le rôle des usages ludiques des outils de communication numérique chez les jeunes?
- Comment les jeunes eux-mêmes analysent-ils et problématisent-ils l’usage des outils de communication de numérique? Sont-ils critiques de leurs propres pratiques?
- Comme groupe social, les jeunes jouissent souvent d’un présupposé selon lequel ils seraient tous des technophiles hyperconnectés possédant une grande maîtrise de la technologie. Mais que sait-on de leur réel degré de compétence en littératie numérique? Et que sait-on des jeunes qui font le choix d’utiliser ces outils avec parcimonie ou qui adhèrent aux initiatives de déconnexion?
- Est-ce que les écoles et les milieux communautaires sont réceptifs aux besoins et aux intérêts des jeunes en matière de pratiques et de littératie numériques?
- Quels sont les points de vue des jeunes sur les orientations du débat public actuel autour des pratiques numériques des jeunes (comme les règlements en milieu scolaire ou les propositions de législation)? Quelles sont leurs analyses au sujet des pratiques numériques jugées problématiques parmi la jeunesse?
- Comment les institutions qui accueillent les jeunes (l’école par exemple) s’adaptent-elles aux pratiques numériques des jeunes? Et quel accueil font-elles aux points de vue des jeunes sur leurs propres pratiques? Ces institutions connaissent-elles bien l’étendue et la diversité des pratiques numériques des jeunes?
- Quelles représentations ont les adultes (parents, enseignants, grand public) des pratiques numériques des jeunes d’aujourd’hui? Ces représentations s’accordent-elles aux connaissances scientifiques disponibles?
2. Types de travaux accueillis
Les travaux accueillis dans ce colloque reposeront prioritairement sur une démarche de recherche empirique, en cours ou terminée, et cibleront des pratiques numériques spécifiques qu’ils cherchent à éclairer par la description, l’analyse et l’interprétation. Toutes les pratiques sont sujettes à investigation : informationnelles, interactives, conversationnelles, créatives, artistiques, ludiques, politiques ou autres. Les disciplines ou domaines d’appartenance où logent ces travaux peuvent être, à titre d’exemples, la sociologie des médias et de la communication, la sociologie de la jeunesse, l’anthropologie, l’éducation, le travail social, les études féministes et de genre.
Les propositions ciblant des catégories de la jeunesse moins bien représentées dans les écrits scientifiques sont chaleureusement invitées : jeunes enfants, jeunes en situation de handicap, jeunes vivant en milieu rural ou en région éloignée, jeunes d’origine autochtone, jeunes issus de l’immigration, vivant sans domicile fixe ou issus de milieux défavorisés, jeunes vivant en centre jeunesse ou sous toute autre tutelle institutionnelle.
Les propositions de nature théorique sont bienvenues dans la mesure où elles s’arrimeront de manière serrée à la problématique du colloque. Par exemple, une proposition d’analyse critique des débats sociaux actuels au prisme du concept de droit à la communication ou à l’aune de la Convention relative aux droits de l’enfant seraient considérés avec intérêt.
Les propositions de doctorantes et de doctorants sont fortement encouragées. Celles-ci doivent présenter un problème de recherche bien circonscrit et formulé en relation avec un corpus d’écrits savants, un cadre théorique et méthodologique, ainsi que des résultats préliminaires (si possible).
Les propositions issues de professionnelles et de professionnels qui travaillent auprès de jeunes (éducation ou travail social, par ex.) sont également encouragées, particulièrement si elles proposent de livrer une analyse des pratiques numériques des jeunes au sein d’un contexte institutionnel donné. Ces personnes sont particulièrement bien placées pour observer et analyser de manière critique comment les pratiques numériques des jeunes et les enjeux d’éducation à la littératie numérique sont accueillis et traités dans de tels milieu. Leurs propositions seront considérées avec un vif intérêt.
3. Modalité de participation
Ce colloque d’une journée se tiendra en présence et en ligne. Chaque communication aura une durée maximale de vingt minutes. Plusieurs plages de discussion seront réservées tout au long de la journée. Afin d’encourager le réseautage et les nouvelles collaborations de recherche, le comité organisateur recommande fortement les personnes intéressées à considérer une participation en personne.
L’inscription à l’ACFAS est obligatoire pour participer au colloque. Chaque personne participante devra acquitter ses frais d’adhésion et d’inscription à l’ACFAS, de déplacement, d’hébergement et de subsistance.
4. Consignes pour la soumission d’une proposition de communication
Dans un fichier Word, veuillez présenter dans cet ordre :
- Un titre d’au plus 180 caractères, espaces compris.
- Un résumé d’environ 200 mots comprenant 1 500 caractères maximum, espaces compris (police Arial 12 pts, interligne 1.5, marge 2 cm). Celui-ci devrait s’inspirer du modèle suivant: 1) problématique, 2) objectifs de la recherche, 3) cadre théorique, 4) méthodologie, 5) résultats selon l’avancement de la recherche, 6) contribution.
- Entre 3 et 5 mots-clés.
- La liste des auteurs et coauteurs accompagnée de leur courriel, de leur statut et de leur affiliation institutionnelle.
- Cinq références bibliographiques.
- La modalité de participation envisagée : en présence physique ou en ligne
Veuillez soumettre votre proposition de communication à l’adresse suivante au plus tard le 11 février 2024 : caroline.caron@uqo.ca
5. Critères de sélection des propositions
- Pertinence de la proposition par rapport à la problématique du colloque.
- Qualité scientifique de la proposition : problématique, perspective théorique, méthodologie, résultats, contribution à la recherche.
6. Échéancier
11 février 2025 Date limite pour transmettre votre proposition par voie électronique.
17 février 2025 Notification de décision (acceptation ou refus) envoyée aux autrices et auteurs. Une confirmation de participation sera demandée dans les 72 heures afin de confirmer l’inscription dans le programme officiel.
28 février 2025 Programme final soumis à l’ACFAS par les organisateurs.
17 mars 2025 Diffusion du programme sur le site de l’ACFAS.
31 mars 2025 Date limite pour l’inscription (obligatoire) au congrès au tarif préférentiel. L’inscription au Congrès commence le 7 janvier 2025 et prend fin le 7 mai 2025.
7 mai 2025 Tenue du colloque, de 8 h 45 à 16 h 30.
7. Organisateurs
Caroline Caron, Ph.D.
Professeure titulaire
Département des sciences sociales
Université du Québec en Outaouais
https://uqo.ca/profil/caroca02
Normand Landry, Ph. D.
Professeur titulaire
Département des Lettres, sciences humaines et communication
Université TÉLUQ
https://www.teluq.ca/siteweb/univ/nlandry.html
[1] Cette perspective centrée sur les jeunes inclut les recherches qui cherchent à comprendre les discours sociétaux et les représentations sociales des pratiques numériques des jeunes véhiculées par la société, certaines institutions et les adultes parents ou enseignants, par exemple.
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