5a. Résumé
Sur le plan international, plusieurs recherches portant sur l’audisme (Bauman, 2004; Humphries, 1977), c’est-à-dire l’oppression des personnes sourdes, se sont intéressées aux intersections que cette violence structurelle entretient avec d’autres systèmes oppressifs, tels que le racisme (Chapple et al., 2021; Dunn & Anderson, 2019; Stapleton, 2016) et l’hétérosexisme (Beese & Tasker, 2022; Dunne, 2013; Miller et al., 2019). En contrepartie, aucune étude en anglais, ou en français ne s’est penchée sur les intersections entre l’audisme et l’« anglonormativité » (Baril, 2017), c’est-à-dire le système qui maintient l’anglais comme la norme. À première vue, ces systèmes d’oppression apparaissent très hétérogènes. En dépit de leurs différences, ces systèmes sont néanmoins imbriqués dans la mesure où ils engendrent tous deux une dévalorisation systémique de langues minoritaires (voir Bergeron, 2019; Gaucher, 2012). Cette communication vise dans un premier temps, en prenant appui sur la notion de « socio-histoire » (Noiriel, 2008), à historiciser les concepts d’audisme et d’anglonormativité, afin de souligner leur importance pour la théorisation d’expériences oppressives singulières. Dans un deuxième temps, à partir de la socio-histoire des concepts, il s’agira de démontrer la pertinence de l’étude des intersections entre l’audisme et l’anglonormativité, et ce, pour comprendre le vécu des personnes sourdes de l’Ontario français qui vivent à la croisée des deux systèmes.