Dans le cadre de cette communication, nous réaliserons une étude comparative entre la fable La Cigale et la Fourmi de Jean de La Fontaine et la chanson du même nom d’Alexandre Poulin. Notre analyse servira à exemplifier comment Poulin parvient à déjouer l’horizon d’attente [Jauss] de son auditoire en le poussant à croire dans un premier temps que sa chanson reprend la même morale que la fable de La Fontaine avant de renverser subitement les perspectives. Ce revirement survient lorsque le narrateur, jusqu’alors omniscient, manifeste tout à coup sa subjectivité en prenant parti pour la cigale. Il dévoile ainsi la nature profondément parodique de l’adaptation, dont le but est de contester la morale du récit original. Nous montrerons qu’Alexandre Poulin se sert des préjugés de son auditoire pour tromper ses attentes, puisqu’il s’appuie sur le fait que la morale de La Fontaine est ancrée dans la mémoire collective et que le public prendra naturellement position en faveur de la fourmi au début de la chanson.
En plus d’être axée sur la chanson, un médium hybride marginalisé par l’institution littéraire, notre recherche s’attache à l’œuvre d’un artiste québécois qui n’a pas encore fait l’objet d’études approfondies, de sorte qu’en situant les études de réception sur un terrain relativement neuf, notre communication amorce une réflexion sur l’efficacité rhétorique des chansons narratives de l’ensemble de l’œuvre chantée de Poulin ainsi que sur leur réception chez l’auditeur.
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