5a. Résumé
Les couples de même sexe adoptant au Québec sont majoritairement des hommes blancs et la proportion d’enfants non blancs qui leur sont confiés avoisine le tiers. Puisque le discours normatif perpétue des biais implicites à l’endroit des personnes minorisées, ces jeunes développent rapidement une conscience des implications sociales du fait d’avoir deux pères, d’être adopté et racisé. Parallèlement, le début de l’adolescence est marqué par le désir de faire partie d’un groupe de pairs. La manière dont l’intersection de ces trois composantes affecte le processus de socialisation de ces adolescents reste méconnue.
L’objectif de cette étude est d’explorer leurs expériences de stigmatisation potentielle, leur sentiment de différence, leur aisance à dévoiler leur type de famille et leurs stratégies d’adaptation. Ce projet est, à notre connaissance, le premier portant spécifiquement sur des adolescents racisés confiés pour adoption à des couples de pères gais au Québec.
Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 13 adolescents (8-16 ans). Les verbatims ont fait l’objet d’une analyse thématique préliminaire avec le logiciel Nvivo 2.0. De la stigmatisation liée au racisme, à l’adoption et à l’orientation sexuelle des parents a été rapportée par les adolescents, ainsi qu’une appréhension à divulguer le type de famille. Des stratégies d’adaptation ont été identifiées. La discussion soulignera la pertinence d’une plus grande représentation de la diversité familiale à l’école.