5a. Résumé
Les demandes de régularisation de l’état civil des victimes de la déportation par leur famille ont abouti en France, dès 1946, à la création de dossiers individuels de déportés. Ces dossiers, composés de documents hétéroclites, sont détenus par la Division archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC) de Caen. De la date de leur création jusqu’au moment de leur utilisation, ces documents ont vu leurs matérialités, significations, usages et temporalités se transformer en traversant différents espaces de constitution, de sauvegarde et de réutilisation (répression, anéantissement, documentation, information, utilisation, construction, réparation, réconciliation) que nous considérons comme les temps de l’archive. Notre recherche, qui se réalisera par la méthode de théorisation enracinée et l’auto-ethnographie (autour d’un corpus de fonds d’archives, des usagers qui les consultent et des archivistes qui les gèrent), vise à décrire et analyser ces métamorphoses et les conséquences qu’elles provoquent sur les archives et l’archivistique (objets de justice sociale, diversité d’exploitation et de diffusion) ainsi que sur leurs usagers et les archivistes (influences sociologiques et psychologiques, renouveau d’un activisme archivistique et des lieux d’archives). Nous espérons conclure sur la nécessité d’exploiter différemment ces archives et sur les nouvelles fonctions que leurs exploitations commandent aux archivistes.