536 - Les connaissances morphologiques et la didactique du français : quelles avancées?

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Rôle des connaissances morphologiques dans le développement de divers aspects de la littératie

• Communication orale 09 h 00
  Comment la connaissance sur la structure morphologique des mots soutient la compréhension de la lecture des élèves francophones de CM1?
  Anne-Sophie Besse (Université de Strasbourg), Anila Fejzo (Université du Québec à Montréal), Zahra Saadat Nezhad (Université de Strasbourg)

  Cette recherche s’intéresse au rôle des connaissances morphologiques (CM) dans l'apprentissage de la lecture en français. Les CM concernent la manipulation de la structure des mots composés de morphèmes, plus petites unités de sens. Chez le lecteur intermédiaire, les CM aideraient à saisir le sens de mots inconnus ou d’autres caractéristiques des mots (orthographe, phonologie, syntaxe, etc.) et ainsi, participer à la compréhension de phrases ou de textes (cf. Levesque et al., 2021). Cette étude vise à déterminer dans quelle mesure les CM contribuent à la compréhension écrite de phrases et de textes écrits en français. Les compétences en lecture, vocabulaire, identification des mots écrits, CM et d’autres variables contrôles (conscience phonologique, mémoire de travail, efficience non verbale, compréhension orale) sont actuellement évaluées auprès d’un échantillon de 80 élèves francophones scolarisés en CM1 en France. Des analyses de régressions hiérarchiques permettront d’identifier les dimensions de la CM qui expliquent le mieux la compréhension de phrases et de textes au-delà d’autres variables contrôlées.

  Vu l’importance de la morphologie en français, l’usage de cette dimension pourrait en effet servir de levier aux apprentissages complexes de la littératie et proposer des stratégies efficaces pour consolider les savoirs fondamentaux et progresser dans ces apprentissages, sans sous-estimer la part des connaissances du vocabulaire, du décodage ou de la compréhension orale.

• Communication orale 09 h 30
  Quels liens entre les profils sociolinguistiques, les connaissances morphologiques et la compréhension en lecture chez des élèves suisses de 4e année?
  Kostanca Cuko (Haute Ecole pédagogique)

  Quand on parle de développement de la compréhension en lecture, on ne peut passer sous silence le contexte sociolinguistique dans lequel évoluent nos élèves. « Lire en n’importe quelle langue c’est toujours lire … mais apprendre à lire en langue seconde ce n’est pas apprendre à lire en langue première » (Chomentowski,2021, p. 280-281). L’entrée en littératie en français langue première n’est donc pas le même processus que l’apprentissage de la lecture en français langue de scolarisation ou seconde. Ceci repose sur des mécanismes cognitifs, linguistiques mais aussi métalinguistiques qui combinent des processus phonologiques, morphologiques et orthographiques du capital linguistique entier de l’élève.

  Dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes intéressées à l’éventuel lien entre les profils sociolinguistiques, les connaissances morphologiques et les compétences en compréhension de lecture des élèves plurilingues qui fréquentent la classe de 4^e primaire dans le canton de Fribourg, en Suisse.

  À la lumière des résultats obtenus, nous allons aussi proposer quelques pistes didactiques sur la prise en considération du capital langagier des élèves dans le développement des compétences en littératie, notamment des connaissances morphologiques et de la compréhension en lecture chez les élèves plurilingues du primaire.

• Communication orale 10 h 00
  Contribution des connaissances morphologiques à la compréhension écrite: spécificités linguistiques et stratégies didactiques
  Samira Belyazid (Université de Moncton), Mostafa Bouanani (Université de Fès), Wafae Zahot (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah)

  Le français se présente comme une langue à morphologie riche et complexe, 80% des mots sont constitués d’au moins deux morphèmes (Rey-Debove, 1984). Saisir les rouages de la morphologie du français, selon un nombre important de recherches, permet de soutenir le développement de la lecture et de l’écriture, de contribuer à l’enrichissement du vocabulaire, de faciliter l’accès au sens des mots complexes et d’augmenter la compréhension de l’écrit (Fejzo, 2016; Levesque, et al., 2017; Bouanani et al.,, 2018 ; Zhang ; 2021). Compte tenu de l’importance cruciale des connaissances morphologiques dans le développement de la compréhension de l’écrit, notre étude souhaite vérifier l’impact des connaissances morphologiques sur les performances de la compréhension en lecture chez 80 élèves marocains de la 4^ème et de la 6^ème année du primaire issus du secteur public et privé. Pour atteindre cet objectif, nous avons recueilli différents paramètres susceptibles d’influencer le développement des connaissances morphologiques dans les deux secteurs (public/privé) à savoir : le volume horaire d’enseignement du français, le taux d’exposition à la langue française, les contenus d’apprentissage, etc. Les résultats ont indiqué que les connaissances morphologiques contribuent de manière significative aux performances de la compréhension de l’écrit chez les apprentis-lecteurs.

Rôle des connaissances morphologiques dans le développement de divers aspects de la littératie

• Communication orale 10 h 45
  « Je restaure un restaurant » : un appui sur la morphologie pour expliciter les sens d’un verbe de spécialité
  Núria Gala (Aix Marseille Université), Marie-Noëlle Roubaud (Aix-Marseille Université)

  De nombreux travaux montrent que les enfants possèdent très tôt des connaissances en morphologie dérivationnelle (Carlisle, 1995 ; Casalis et Colé, 2018). Ils sont capables de mobiliser des mots de la même famille morphologique, que ce soit pour reconnaitre ou interpréter des nouveaux mots, surtout lorsque la base ne varie pas (Baker, 1979, cité par Colé et al., 2004). En situation d’avoir à expliciter les sens de différents verbes opaques (Gala et al., 2024) et transdisciplinaires (Sauvageau et al., 2021), un bon nombre d’élèves de 9 à 11 ans ont en effet recouru à la morphologie pour répondre à la consigne.

  L’analyse de plus de 2000 productions montre que cette conscience morphologique est bien présente, même si elle induit en erreur et que l’élève est capable de trouver « des liens inédits en fonction de ses intérêts propres » (Grossmann, 2011). Nous avons dressé une typologie de ces différents procédés : activation de mots de la même famille avec quelques créations lexicales (lever > *leuveuse), regroupement de dérivés (je restaure le restaurant), découpage en morphèmes avec parfois des ambiguïtés sémantiques (préfixe re- dans représenter) ou orthographiques (soutenir > les sous-tiens).

  Au vu de ces résultats, nous voulons défendre l’importance d’un travail sur la morphologie en classe pour aider au développement du vocabulaire (accès aux sens en compréhension et en production) en langue première ou seconde (Roy et Labelle, 2007).

• Communication orale 11 h 15
  L’identification des mots composés de racines latines et grecques chez les élèves du 3e cycle du primaire : une étude de potentiels évoqués.
  Anila Fejzo (Université du Québec à Montréal), Laura Gonnerman (University of New Hampshire), Kathleen Whissell-Turner (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  La présente étude vise à vérifier comment les élèves du 3e cycle du primaire traitent les mots polymorphémiques du vocabulaire disciplinaire formés de racines latines et grecques. Pour ce faire, vingt-neuf élèves de 5e ou de 6e année du primaire ont passé une tâche de décision lexicale lors de laquelle ils devaient lire silencieusement des séries de mots et de non-mots variant selon la structure morphologique du mot (polymorphémique ou monomorphémique), le type de racine (libre ou liée) et l’origine des racines (latine ou grecque). Durant la tâche de décision lexicale, l’activité cérébrale des participants a été recueillie grâce à l’électroencéphalographie dans le but d’extraire les potentiels évoqués aux fenêtres temporelles de 200 ms à 350 ms et de 350 ms à 500 ms poststimulus typiquement associées aux marqueurs N250 et N400. Au niveau de l’activité cérébrale, les résultats indiquent que le traitement des mots composés de racines latines et grecques est influencé par la lexicalité et la structure morphologique des mots. Au niveau comportemental, l’identification des mots écrits demeure influencée par la lexicalité et la structure morphologique des mots, mais elle l’est aussi par le type de racine et l’origine des racines. Ces résultats suggèrent que les élèves du 3e cycle du primaire décomposent en morphèmes les mots composés formés de racines latines et grecques lors de l’identification des mots écrits avant d’accéder à leur sens.

Session d’affiches

• Communication par affiche 11 h 01
  Conception et validation d’un dispositif didactique en conscience morphologique axé sur le transfert du portugais (L1) vers le français (L2)
  Giselda Lima Andrade (UQAM - Université du Québec à Montréal)

Dîner

Exploration des effets et des modalités d’intervention axés sur les connaissances morphologiques

• Communication orale 13 h 30
  Les effets d’un programme d’enseignement des connaissances morphologiques sur l’étendue et la profondeur du vocabulaire transdisciplinaire d’élèves de 4e année du primaire
  Nathalie Chapleau (Université du Québec à Montréal), Anila Fejzo (Université du Québec à Montréal), Rihab Saidane (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Cette étude a évalué les effets d’un programme d’enseignement en connaissances morphologiques sur l’étendue et la profondeur du vocabulaire transdisciplinaire d’élèves de quatrième année du primaire. Afin d’atteindre cet objectif, 78 élèves du primaire scolarisés en français ont participé à l’étude. Ils ont été divisés en deux groupes expérimentaux : condition morphologique (n=43) et condition liens sémantiques (n=35). Les élèves de chaque groupe ont participé à 10 activités visant à développer respectivement des connaissances morphologiques et des liens sémantiques entre les mots. Afin de vérifier les effets du dispositif d’enseignement en connaissances morphologiques, les élèves des deux groupes de recherche ont passé des tests pour mesurer la profondeur du vocabulaire transdisciplinaire et l’étendue du vocabulaire au prétest et au posttest. Des mesures des variables de contrôle telles que la conscience phonologique et l’identification des mots ont également été administrées. Les résultats des analyses de variance ont démontré que les deux groupes expérimentaux ont amélioré de manière équivalente leurs performances en étendue du vocabulaire et en profondeur du vocabulaire transdisciplinaire au posttest. Ces résultats appuient le rôle central des connaissances morphologiques dans l’acquisition du vocabulaire transdisciplinaire des élèves de quatrième année du primaire scolarisé en français.

• Communication orale 14 h 00
  L’évaluation de la conscience morphologique: implication des caractéristiques des tâches sur la compréhension en lecture
  Émilie Cloutier (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  Cette présentation vise à rapporter les résultats d’un projet doctoral cherchant à examiner et à comparer les tâches de la conscience morphologique (CM) ainsi qu’à comprendre l’implication de ces différentes mesures dans la contribution unique de la CM à la compréhension en lecture. Les données ont été recueillies auprès de 126 élèves anglophones de 5e année du primaire dans la région de Montréal et des environs au Québec. Quatre tâches évaluant la conscience morphologique (Decomposition Test et Derivation Test, Carlisle, 2000; Extract the Base Test, Goodwin, 2013; Word Analogy Test, Deacon et al., 2014) ont été administrées. Les tâches de CM ont été sélectionnées selon leurs caractéristiques (la modalité de réponse, la manipulation ciblée et la présence d’indices contextuels). De plus, des évaluations du vocabulaire, de l’identification des mots ainsi que de la compréhension d’extraits de texte ont été administrées aux participants. Les résultats obtenus démontrent que seulement deux tâches (Derivation et Decomposition) de CM prédisaient la compréhension en lecture. Les résultats mènent à voir que les caractéristiques des tâches affectent leur contribution à la compréhension en lecture. Ceci doit également être porté à l’attention des chercheurs et des praticiens dans l’évaluation des habiletés et des connaissances des élèves afin d’orienter vers une intervention précise.

• Communication orale 14 h 30
  Effets sur le développement de la littératie d’un programme sur les connaissances morphologiques chez des élèves du 2e cycle du primaire en milieu défavorisé
  Marie-France Côté (Université du Québec à Montréal), Anila Fejzo (UQAM - Université du Québec à Montréal), Laura Gonnerman (University of New Hampshire), Meredith Lachance (Université du Québec à Montréal), Line Laplance (Université du Québec à Montréal), Rihab Saidane (Université du Québec à Montréal), Kathleen Whissell-Turner (Université du Québec à Montréal)

  Dans cette communication seront présentés les résultats d’une étude collaborative visant à co-élaborer avec les enseignantes du 2^e cycle du primaire et mettre à l’essai un programme sur les connaissances morphologiques dans le but de soutenir leurs élèves en milieu défavorisé. Le projet a été mené auprès de deux écoles en milieu défavorisé et plurilingue de la Rive-Sud de Montréal. Les participants de l’étude étaient sept personnes enseignantes et leurs 128 élèves pour le groupe expérimental et neuf enseignantes et leurs 128 élèves pour le groupe témoin. Les mesures de divers aspects de la littératie ont été prises avant et après la mise à l’essai par les enseignantes des vingt activités du programme. Les résultats d’ANOVA à mesures répétées indiquent des effets significativement positifs sur les connaissances morphologiques, le vocabulaire et l’orthographe lexicale. En revanche, des effets positifs ont été observés pour la compréhension de phrases et de textes sans pour autant atteindre le seuil signignificatif. Ces résultats seront discutés à la lumière de modèles récents de la lecture et de données empiriques existantes afin de nourrir les réflexions quant à l’enseignement du vocabulaire à partir du 2^e cycle du primaire en milieu plurilingue. Finalement, nous partagerons les choix méthodologiques ainsi que les modalités didactiques et pédagogiques mis en place pour éclairer l’exploration de nouvelles pistes d’enseignement du français dans les recherches à venir.

Discussion et mot de clôture