L'école secondaire a mauvaise réputation... à tort! La peur du passage vers la « grande école » ne serait pas si justifiée que cela selon une enquête de l'équipe de recherche sur la sécurité et la violence dans les écoles québécoises (SEVEQ).
Colloque 514 - La violence à l’école : un concept multidimensionnel sous la loupe des scientifiques
L'école secondaire a mauvaise réputation... à tort! La peur du passage vers la « grande école » ne serait pas si justifiée que cela selon une enquête de l'équipe de recherche sur la sécurité et la violence dans les écoles québécoises (SEVEQ). En réalité, c'est au primaire et non au secondaire que la violence est perçue comme plus répandue par les élèves, les parents et le personnel.
De fait, les élèves de la 4e à la 6e année sont plus nombreux à déclarer subir occasionnellement différents types d'agressions, comme des insultes ou des menaces. Quelque 23,8 % des élèves disent avoir été frappés une à deux fois par année, contre 8,7 % au secondaire. Une découverte qui peut surprendre, souligne Claire Beaumont, responsable de l'étude menée auprès de 204 écoles et près de 60 000 élèves, à l'automne 2013.
La titulaire de la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif relativise pourtant les résultats en mentionnant qu’il est ici question de leurs perceptions. Cependant, moins matures pour « gérer » ces situations, les impacts sur leur développement peuvent être plus importants.
«Les enfants sont impulsifs, et ils n'ont pas le vocabulaire pour s'exprimer efficacement et expliquer leurs frustrations.»
Dans la même veine, c'est aussi au primaire que le personnel scolaire, incluant les enseignants, subit le plus de coups, de bousculades ou de morsures de la part des élèves. « Les enfants sont impulsifs, et ils n'ont pas le vocabulaire pour s'exprimer efficacement et expliquer leurs frustrations », souligne la psychologue, professeure à l’Université Laval.
Le pourcentage de jeunes victimes de harcèlement ou d'intimidation à répétition est relativement le même aux deux niveaux. On compte 7,9 % des élèves du primaire et 5,9 % du secondaire qui disent être bousculés de façon intentionnelle au moins deux à trois fois par mois, et parfois plus d’une fois par semaine. « Malgré ces données, les interventions ont lieu essentiellement au secondaire, relève Claire Beaumont. Et de ce qu'on en sait, il apparaît que c'est un peu trop tard! »
La violence n'est pas un fléauIl ressort aussi de cette étude que les cas d'intimidation à répétition demeurent isolés. En général, qu'il soit question du primaire ou du secondaire, la qualité du climat et de la vie scolaire y est perçue comme positive par les élèves, leurs parents et le personnel de l'établissement. « Les gens se disent satisfaits de ce qui se passe dans les écoles, ils s'y sentent en sécurité ou sentent que leurs enfants le sont, et ce, majoritairement », précise Claire Beaumont.
Cependant, le faible taux de violence ne doit pas être une excuse à l'inaction. « Il ne faut pas regarder ça avec des lunettes roses », lance-t-elle. « Même si les victimes d'agressions à répétition ou ceux qui vivent des choses graves à l'école sont en minorité, il reste primordial de s'en occuper », martèle la chercheuse. De fait, Claire Beaumont souhaite encore plus d'interventions dans les écoles, et que les plus jeunes soient enfin la cible primaire...
- Amélie Cléroux
JournalistePrésentation de la journaliste Amélie Cléroux est finissante du baccalauréat en journalisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Pour elle, le journalisme est un métier extraordinaire qui permet des découvertes et des rencontres enrichissantes. Elle se sent privilégiée de nourrir sa curiosité et d’apprendre tous les jours. Le stage à l’Acfas fait partie de ses premiers pas comme journaliste professionnelle et lui permet enfin d’explorer la vulgarisation scientifique, un univers fascinant, mais qu’elle n’a pas eu la chance de découvrir pendant sa formation.
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