402 - Promotion, prévention et interventions en santé sexuelle auprès de populations minorisées : quelles implications pour les services sociaux et les soins de santé ?

Les services de réadaptation physique et sensorielle peinent à briser le silence sur la sexualité. Ils se heurtent à plusieurs obstacles structuraux comme par exemple au manque de formation adéquate ou de ressources spécialisées, ou à l’inconfort des intervenants à aborder le sujet. Le Cadre consolidé de recherche sur la mise en œuvre (CFIR) structurera la réflexion sur les enjeux contextuels (internes, externes) et individuels affectant l’offre d’une éducation sexuelle et d’interventions sexologiques en contexte de réadaptation physique et sensorielle. La réflexion s’appuie sur une revue de la littérature scientifique et des observations sur le terrain au sein d’un centre de réadaptation du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal. Les services de réadaptation physique et sensorielle du CIUSSS Centre-Ouest démontrent une volonté d’intégrer la sexualité dans leurs interventions. L’investissement dans des interventions concrètes demeurent cependant inégalement réparti selon les programmes et les professions de la réadaptation. Étant un droit fondamental, maintenir le silence sur la sexualité des personnes en situation de handicap n’est plus une option. Garder un tel silence constitue alors une forme de discrimination. Les services de réadaptation physique et sensorielle occupent une position privilégiée pour promouvoir le droit à la sexualité chez les personnes en situation de handicap.

La délicate période du développement pubertaire et social des patients adolescents hospitalisés et vivant avec une maladie chronique ou un handicap posent plusieurs défis sur le plan de l’accompagnement à la santé sexuelle. Le personnel soignant fait aussi face à des défis liés à l’inconfort, au manque d’habiletés ou de connaissances et à la confidentialité, défis qui relèvent  de l’éthique professionnelle. À l’hiver 2024, 22 intervenants de 6 disciplines différentes (médecine, psychologie, ergothérapie, travail social, physiothérapie, soins aux patients, etc.) travaillant dans un centre de réadaptation pédiatrique de Montréal ont participé à un questionnaire mixte en ligne. Les principaux résultats indiquent que la moitié d’entre eux ont eu à aborder directement des questions relatives à la santé sexuelle des patients. Ils expriment ressentir un manque de compétence, vivent un malaise dans ces échanges et souhaitent avoir de la formation sur le sujet. Les données produites constituent une base de connaissances exhaustives et nuancées qui servira à l’élaboration d’un prototype de formation bien adaptée aux besoins des intervenants. Outre une recommandation visant l’ajout d’un sexologue à l’équipe, l’initiation à une réflexion éthique s’avère une approche intéressante pour une intervention adéquate en matière de santé sexuelle. 

La dernière décennie a ouvert les battants d’une prise en considération grandissante des défis dans l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) pour les membres de la diversité capacitaire (Nguyen, 2020; Serrato Calero et al., 2021; Turfan et al., 2022). Hormis quelques rares écrits (Bouquin, 2023; Dupont et al., 2020; Mirlesse et al., 2010; Paré, 2018), ces discussions ont majoritairement évolué en vase clos au sein des sphères anglosaxonnes. Il en découle que les injustices rencontrées dans ce domaine demeurent largement méconnues dans les espaces francophones (Baril, 2017; Masson, 2022). Par le biais d’une recension narrative des écrits publiés dans le Nord global entre 2013 et 2024, la présente communication entreprendra de remédier à ce cloisonnement épistémique. Sur un échantillon de 687 résultats repérés à travers les bases de données Scopus, PubMed et PsycInfo, 32 études qualitatives, 19 études quantitatives et 4 études mixtes répondaient aux critères d’inclusion. Après, un survol des différents types de barrières rencontrées, la présentation se penchera sur les stratégies de résistance déployées par les personnes de la diversité capacitaire. Par la suite, les mesures suggérées par les études recensées afin de faciliter la pleine accessibilité aux soins seront discutées. Cette présentation contribuera à la dissémination de bonnes pratiques en SSR en sensibilisant les professionnel·le·s aux expériences des membres de la diversité capacitaire.

Malgré la surreprésentation des jeunes trans et non-binaires en situation d’itinérance, cette population fait face à de multiples défis au sein des ressources d’hébergement. Sous forme d’une étude de cas, cette présentation vise à documenter les résistances et les facilitateurs à la mise en place de pratiques inclusives pour les jeunes trans et non-binaires au sein des ressources d’hébergement. À partir d’une étude qualitative, cette présentation se concentre sur le témoignage de 38 personnes intervenantes œuvrant auprès de jeunes en situation d’itinérance. Selon les témoignages, les résistances aux pratiques inclusives découlent à la fois de la crainte pour la sécurité des jeunes, d’un regard universaliste et d’un manque de formation sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres. À l’opposé, les facilitateurs renvoient à la création de protocoles et de chartes inclusives, à la concertation avec les organismes LGBTQIA2S+ et à la création d’un accompagnement sensible aux enjeux de l’identité de genre. À partir du cas des ressources d’hébergement, cette présentation montre comment il est possible de dénouer les résistances institutionnelles et individuelles pour créer des pratiques favorisant l’inclusion des jeunes trans et non-binaires au sein des services et, ultimement, d’améliorer leur santé sexuelle.

Afin de concevoir le Dépistafest, une campagne de sensibilisation au dépistage des infections transmissibles sexuellement (ITS), l’OBNL Club Sexu a mené un sondage en ligne auprès de jeunes adultes en 2022. L’intention était d'identifier les facteurs susceptibles d’augmenter l’accès au dépistage dans un contexte où les jeunes adultes sont disproportionnellement affectés par les ITS (Blouin et al., 2023). L'objectif de cette présentation est de décrire les expériences de dépistage d’ITS chez les jeunes adultes appartenant à un ou à des groupes minorisés. Une analyse thématique a été menée sur 78 réponses à la question ouverte suivante : “Raconte-nous comment ton expérience a été influencée ou affectée par ton appartenance ethnoculturelle, ton appartenance à la neurodiversité, ta langue, ta religion, tes capacités physiques, la couleur de ta peau, ta façon de parler, ton genre, ton orientation sexuelle, tes choix relationnels, ton poids ou tes comportements”. Les réponses les plus fréquentes impliquent des jugements négatifs des professionnel.le.s de la santé sur le nombre de partenaires lors du dépistage. Les vécus lesbiens, bisexuels, trans et non-monogames sont invisibilisés ou jugés négativement. Des préjugés liés à l’appartenance ethnoculturelle et au poids sont aussi rapportés. Ces expériences discriminantes de dépistage nuisent à l’accès et doivent être considérées dans les stratégies de sensibilisation, particulièrement pour les populations minorisées.

Les travailleurs du sexe font face à une double marginalisation associée à la putophobie et à l’homophobie (Crofts, 2014). Dans ce contexte, ces individus rencontrent de nombreuses discriminations qui nuisent à leur accès aux soins de santé et de services sociaux (Gaudette, 2018). Une recherche communautaire photovoix a été réalisée dans le cadre de la maitrise en travail social auprès de 10 participant.e.s (9 hommes et une personne en questionnement sur son genre). Elle est effectuée en collaboration avec le programme Travail du sexe (TdS) de RÉZO, organisme montréalais en santé et mieux-être des hommes et personnes GBTQ+. Tout d’abord, nous exposerons quelques résultats de la recherche. Ceux-ci porteront, d’une part, sur les injustices que rencontrent les participant.e.s dans leur pratique du TdS, notamment la pression à performer des actes sexuels non souhaités, les violences sexuelles et le jugement social. D’autre part, nous reviendrons sur une stratégie déployée par les participant.e.s afin d’être reconnu.e.s et qui consiste en le fait de se regrouper via le Programme TdS afin de créer une solidarité. Ensuite nous exposerons les stratégies mises en place par les intervenant.e.s de RÉZO afin de favoriser la santé sexuelle et combattre les injustices rencontrées par les participant.e.s. Cette présentation démontre le rôle du communautaire dans la promotion de la santé et du bien-être sexuels des travailleurs.euses du sexe.