On célèbre à l’envie la richesse multiculturelle de Montréal dans les discours médiatiques et politiques. Pourtant, les représentations fictionnelles de la métropole n’offrent pas une portion congrue aux personnages issus de la diversité et, lorsqu’ils sont mis en texte, ils sont régulièrement placés à l’écart de la société, au sein d’une communauté (famille, voisinage) évoluant en marge. Dans les œuvres montréalaises parues depuis 1980, les échanges interculturels se déroulent le plus souvent dans un commerce et supposent ainsi une transaction qui dépasse le seul gain de la connaissance d’autrui. Une recherche préalable (CRSH) montre par exemple qu’il existe un nombre imposant de nouvelles et romans qui situent les rencontres interculturelles qu’ils représentent dans un commerce d’alimentation (bar, café, épicerie, restaurant).
Il s’agira de comprendre, dans ce colloque, la fonction idéologique, politique, sémiotique, narrative et esthétique de scènes cinématographiques ou littéraires représentant le contact entre diverses cultures à Montréal dans un contexte commercial. Les communications présentées dans le cadre de cet événement scientifique permettront de répondre à ces questions cruciales : comment la représentation de la pluriethnicité évolue-t-elle dans la fiction depuis 40 ans et, surtout, qu’est-ce que ces récits nous disent de notre société ? Ce faisant, le colloque se situera à l’intersection de deux champs de recherche majeurs et tout particulièrement féconds ces dernières années : les travaux d’histoire littéraire et de sociologie de la littérature consacrés aux rapports nombreux et variés entre l’idéologie sociopolitique du multiculturalisme en constante redéfinition et les fictions québécoises et canadiennes, d’une part (Balint, 2016; Gauvin, 2010; Hutcheon et Richmond, 1990; Prud’homme, 2002), et les études dédiées aux représentations des minorités dites « ethniques », d’autre part (Anctil, 2001; Kwaterko, 2002; Nareau, 2010; Singh, 2018).