5a. Résumé
Le Modèle de contenu des stéréotypes (MCS) suggère que plus une personne avance en âge, plus elle est perçue comme possédant un haut niveau de sociabilité, combiné à un faible niveau de compétence. Cette configuration stéréotypée refléterait une forme d’âgisme compassionnel, ouvrant la voie à des comportements d’infantilisation des aînés et diminuant leur sentiment d’estime de soi. Or, qu’en est-il de l’âgisme compassionnel dans le contexte de la pandémie de COVID-19 alors que les aînés ont été positionnés dans les discours publics, surtout en termes de vulnérabilité et de dépendance? Jusqu’à quel point les jeunes, comme les aînés eux-mêmes, ont-ils adhéré à cette forme d’âgisme? Pour répondre à ces questions, une étude quantitative a été effectuée auprès de 370 participants canadiens, majoritairement francophones, dont 193 étaient âgés de 17 à 40 ans et 177, âgés de 56 à 94 ans. Ces participants ont rempli un questionnaire mesurant leurs perceptions intra/intergénérationnelles quant aux degrés de compétence et de sociabilité attribués aux jeunes et aux aînés, dans un contexte de crise sanitaire. Les résultats confirment l’hypothèse sous-jacente au MCS alors que l’ensemble des participants, jeunes comme plus âgés, souscrivaient à l’âgisme compassionnel. Ces résultats en appellent à lutter contre l’âgisme dans ses formes plus implicites, soit l’âgisme compassionnel, dont les conséquences sont tout aussi délétères sur la santé des aînés que l’âgisme hostile.