Dès leur première publication dans le recueil Refus global (1948), les textes de fiction de Claude Gauvreau (1925-1971) provoquent un grand malaise en raison de leur statut générique. « Non seulement [les journalistes] ne savent pas quoi en dire, mais ils ne savent pas non plus comment nommer ces objets abstraits, à la frontière de la poésie et du théâtre » (DUBOIS 2014 : 99). Cette difficulté à circonscrire l’œuvre de Gauvreau dans un espace littéraire défini pousse la critique à la qualifier, faute de mieux, de baroque c’est-à-dire « l’art du multiple, du difforme, du hors norme, du […] laid, voire [du] monstrueux » (DESGENT 2010 : 27). Interné à plusieurs reprises, l’auteur incarne bien cette figure dont la monstruosité se révèle par une écriture perçue comme symptomatique. Une étude comparative de son œuvre et de celle de ses contemporains tend pourtant à montrer que son écriture rend compte d’une esthétique de la fragmentation préfigurant certains éléments de l’esthétique du théâtre postdramatique. Cette communication aura ainsi pour but de proposer une lecture au-delà du symptôme afin de mieux cerner les enjeux et la particularité des textes dramatiques de l’auteur. En effet, si l’esthétique de la fragmentation se donne en premier lieu à lire comme un élément caractérisant formellement son écriture, elle appelle également à un changement de perspective herméneutique permettant de redéfinir les contours de la sémiotique théâtrale.
Connexion requise
Pour ajouter un commentaire, vous devez être connecté.