5a. Résumé
En définissant le chronotope comme « la corrélation essentielle des rapports spatio-temporels, telle qu’elle a été assimilée par la littérature » (Esthétique et théorie du roman. Paris : Gallimard, 1978, p. 237), Mikhaïl Bakhtine suggère que la nature complexe de l'espace-temps fictionnel révèle des caractéristiques uniques sur les textes et les médiums. Bien qu'il ait été lié aux études cinématographiques par plusieurs chercheur·ses (Pepita Hesselberth 2014, Martin Flanagan 2009, Peter King 1993), le chronotope demeure un concept riche en débouchés qui, appliqué à des récits pathographiques, met en relief la complexité de l’espace-temps du sujet malade en donnant un nouvel éclairage sur ces représentations artistiques.
Dans cette communication, nous souhaitons prendre l’exemple des essais pathographiques d’Esther Valiquette (Récit d’A, 1990 et Le singe bleu, 1992) et, en utilisant le concept du chronotope du voyage, voir comment l’espace-temps de la maladie trouve une issue dans l’espace-temps de la traversée. En analysant le langage cinématographique des deux essais de la cinéaste québécoise, nous montrerons comment l’espace-temps du voyage se manifeste comme une voix/voie hors de l’emprise du sida sur le corps et l’esprit de la malade, ainsi que ceux de ses interlocuteurs.