L’intérêt pour le patrimoine bâti gagne en intensité tout au long des années 1960 et 1970. La création du ministère des Affaires culturelles en 1961, l’adoption de la Loi sur les monuments historiques en 1963, le classement de nombreux édifices et sites, la création des premiers arrondissements historiques, les mobilisations citoyennes dans le sillage de la destruction de la maison Van Horne en 1973 de même que la fondation deux ans plus tard d’Héritage Montréal et du Conseil des monuments et sites du Québec — devenu Action patrimoine —, en ont témoigné.
Malgré cette effervescence, le patrimoine est resté dans l’angle mort des formations en architecture, urbanisme et architecture du paysage. Si quelques cours abordaient la question du patrimoine et les enjeux de sa conservation et de sa mise en valeur, la plupart des étudiants se montraient passablement indifférents. Ceux qui se dotaient de connaissance et de compétences spécifiques le faisaient généralement à titre personnel.
Les choses n’ont guère changé dans les années 1980, même si les professionnels de l’aménagement devaient de plus en plus souvent composer avec des problématiques comportant une dimension patrimoniale. C’est dans ce contexte qu’a été créée en 1987 la Maîtrise interdisciplinaire en rénovation, restauration et recyclage offerte par la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal.
Quel est l’état des lieux 35 ans plus tard ? Le caractère incontournable de l’enjeu patrimonial, toutes dimensions et échelles de l’environnement bâti confondues, est-il mieux pris en compte par les professionnels de l’aménagement ? Les personnes qui ont choisi d’ajouter une compétence spécifique à leur formation disciplinaire sont-elles adéquatement formées ? Sont-elles réellement sollicitées ? Sont-elles en mesure d’apporter une contribution significative hors du champ spécifique des monuments et des sites historiques ? Et parviennent-elles à suppléer à l’insuffisance des formations disciplinaires en la matière ?
Ce sont là quelques questions auxquelles nous tenterons de répondre dans un colloque dont l’objectif premier est de contribuer à l’avancement des connaissances en matière de patrimoine bâti au regard de la formation et du rôle des professionnels de l’aménagement ayant choisi d’œuvrer dans le champ de la conservation et de la mise en valeur.
Le colloque durera une journée. L’avant-midi est consacré au bilan : celui de la conservation du patrimoine au Québec au cours des 40 dernières années suivi d’un bilan spécifique de l’enseignement en patrimoine. L’après-midi sera consacré à une discussion sur l’avenir de la formation en patrimoine sous la forme de panels réunissant des professeurs et des diplômés de la Maîtrise en aménagement, option conservation du patrimoine bâti de l’Université de Montréal.