5a. Résumé
Dans le cadre de cette communication, je présenterai les résultats de mon analyse critique de la correspondance entre l’autrice franco-québécoise Marie Cardinal et son époux, le dramaturge Jean-Pierre Ronfard. Mon étude abordera les 80 lettres écrites entre 1969 et 1984, qui composent le volet personnel de sa correspondance, dans le but de rendre compte de la porosité entre la correspondance et les œuvres de l’autrice; et de présenter les procédés de mise à distance nécessaire à la mise en récit d’un sujet central de l’écriture cardinalienne : le quotidien des femmes.
Mon hypothèse sera la suivante : la correspondance familiale, en tant que pratique ritualisée, relève à la fois de l’acte communicationnel (un compte rendu précis du quotidien) et de la fiction, en ce sens que l’expérience « banale » du quotidien est ressaisie par l’autrice dans un procédé de mise en scène de soi. D’un point de vue génétique, les lettres seront donc mobilisées, non pas comme des documents biographiques, mais plutôt comme des éléments d’un discours réflexif de l’autrice sur le lien entre sa situation en tant que mère et épouse et son besoin d’écrire en tant que créatrice.
Inédit, l'apport de l'épistolaire, en tant que matériau génétique, conduit à une meilleure compréhension de la poétique de Marie Cardinal. À distance de l’hypothèse biographique, cette étude permettra de renouveler le discours critique sur l’autrice et de la replacer, en tant que créatrice, dans une histoire littéraire commune.