Dans les sociétés démocratiques, la justice et la presse se côtoient, collaborent et parfois s’opposent. Il existe une tension intrinsèque et inévitable entre, d’une part, le droit du public à l’information, qui exige des institutions publiques qu’elles agissent en toute transparence, et d’autre part, l’équité et le bon déroulement des procédures judiciaires.
La couverture journalistique des affaires criminelles et civiles, ainsi que de certaines enquêtes publiques et commissions dont le dispositif s’apparente à celui d’un tribunal, emprunte souvent les logiques du récit et de la mise en scène, en insistant tout particulièrement sur les éléments anecdotiques et l’émotivité. Certains déplorent que l’attention portée sur ces aspects soit au détriment de l’explication des enjeux de droit, tout en reconnaissant que la connaissance limitée des citoyens (et des journalistes) constitue une barrière à la compréhension de questions par ailleurs fort complexes.
Ces difficultés nous semblent exacerbées à l’ère du numérique et des médias sociaux, du fait que le rythme médiatique, déjà beaucoup plus rapide que celui de la justice, s’accélère. Bruits et rumeurs se multiplient et se propagent autour de certaines causes très médiatisées, souvent des mois ou des années avant qu’un jugement soit rendu. Pour leur part, les journalistes désapprouvent certaines pratiques qu’ils considèrent abusives — notamment les ordonnances de non-publication — et plus généralement l’accès restreint à l’information concernant l’activité judiciaire.
Ce colloque réunira des juges, juristes et journalistes du Québec ainsi que des chercheurs de différentes disciplines (droit, communication, criminologie, science politique, histoire) de plusieurs universités québécoises (Université de Montréal, Université Laval, UQAM, Université McGill) et françaises (Université de Rennes 2, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne). La création récente d’un poste de porte-parole des tribunaux du Québec sera abordée à la lumière de différentes expériences internationales. Il sera également question de procès hypermédiatisés et de représentations populaires de la justice et du droit. La dernière table ronde de la journée portera sur les relations entre juges et journalistes.
L’événement s’inscrit dans le cadre du chantier Justice et médias relevant du projet de recherche en partenariat Accès au droit et à la justice (ADAJ), dirigé par le professeur Pierre Noreau de l’Université de Montréal et financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (2016-2022). Nous tenons à souligner la contribution de plusieurs partenaires de ce chantier de recherche : le Barreau du Québec, le Centre d’études sur les médias, le Centre de recherche en droit public, la Cour d’appel du Québec, la Cour du Québec et la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.
Colette Brin, Georges Azzaria et Pierre Noreau, coorganisateurs
Philippe Dion et Adeline Desrochers, auxiliaires coordonnateurs
http://adaj.ca/chantier-6