34 - Comment faire pour bien faire : enjeux de la recherche en éthique en santé et services sociaux

Je réalise actuellement une recherche sur la détresse morale des soignants en temps de pandémie. Celle-ci fait surgir des enjeux liés (1) à mon « double » statut et (2) à la conception diversifiée de l’éthique pour les participants.

(1) D’abord, j’ai débuté cette recherche en portant le chapeau exclusif de chercheuse avant d’être embauchée par l’organisation. Ma relation avec le terrain a par conséquent évolué puisque je possède désormais une meilleure connaissance de celui-ci. Toutefois, ce rapport privilégié avec le terrain génère des limites puisque des enjeux tels que l’apparence de conflits d’intérêts et le biais induit par mon statut d’employée dans l’interprétation des résultats font leur apparition.

(2) Également, l’éthique comporte plusieurs sens, renvoyant pour certains à l’application de leur code de déontologie, aux « bonnes conduites » et pour d’autres à une dimension plus réflexive. Or, comment rallier les participants autour d’une conception commune de l’éthique, sans pour autant les influencer ?

Pour aborder le premier (1) enjeu, je comparerai le « avant » et le « pendant » mon embauche : les avantages de cette position et les enjeux à garder à l’esprit seront abordés avant d’évoquer quelques pistes de solutions permettant d’atténuer les inconvénients. J’explorerai ensuite (2) la conception de l’éthique des acteurs d’une organisation de façon générale et proposerai une définition de l’éthique pouvant recouper ces différentes dimensions.

L’objectif de cette conférence est de présenter les résultats préliminaires d’une revue de la littérature sous forme d’examen de la portée (Scoping Review ) portant sur l’évaluation de la qualité des consultations en éthique clinique. Cet examen de la portée s’inscrit dans un projet doctoral plus large portant sur l’indentification d’indicateurs pour évaluer la qualité des consultations d’éthique clinique effectuées dans les établissements du réseau de la santé et des services sociaux du Québec. 

L’étude de Fox (2007) produite en 2007 et faisant un état des lieux des services d’éthique dans les hôpitaux américains ainsi que les travaux menés par l’ASBH (2011) ont marqué la pratique de l’éthique clinique et son évolution partout dans le monde, dont le Québec. Depuis, plusieurs propositions publiées dans la littérature portent sur l’évaluation des consultations en éthique clinique. L’objectif de cette communication est de présenter les résultats préliminaires du Scoping review - les éléments qui font l’objet de l’évaluation, les moyens utilisés pour collecter l’information et l’analyser, discuter de la notion de qualité et finalement amorcer une analyse critique de ces différentes méthodes en réfléchissant comment ces modèles peuvent alimenter la pratique au Québec.

Fox E, Myers S, Pearlman RA. Ethics consultation in United States hospitals: a national survey. AMJ. 2007;7(2):13-25

ASBH, ed. Core Competencies for Healthcare Ethics Consultation. ASBH. ed. Glenview, Illinois, 2011.

Cette communication présente les résultats préliminaires d’une recherche provinciale en éthique clinique auprès des personnes impliquées dans la pratique de l’AMM. Avec l’entrée en vigueur de la Loi concernant les soins de fin de vie, près de 30 GIS ont été implantés dans le réseau de la santé et des services sociaux. Aujourd’hui, nous constatons des disparités importantes dans la constitution, les rôles et le fonctionnement des GIS à travers le Québec. En nous appuyant sur l’éthique pragmatique, nous proposons une analyse critique des pratiques actuelles et soumettons des recommandations visant la valorisation dans le réseau des pratiques jugées comme prometteuses. Nous cherchons à comprendre l’écologie fondamentale des GIS, la logique derrière les pratiques, le sens, les priorités et les finalités de l’action. Nous reconnaissons l’expertise des participants et cherchons à concilier leurs savoirs-agir aux savoirs théoriques existants dans la littérature scientifique. Nous tentons de saisir les multiples réalités locales en mettant en lumière les innovations pouvant profiter à l’ensemble de la communauté. En accompagnant les soignants dans la pratique clinique, administrative, légale et éthique, les GIS contribuent à la qualité, l’accessibilité et la continuité des soins aux usagers. C’est aussi l’ambition éthique que nous poursuivons. Les données présentées dressent un inventaire des enjeux et initiatives vécus par les intervenants des 25 CISSS et CIUSSS participants.

Lors de cette présentation, les diverses méthodologies en éthique seront présentées ainsi que les cadres théoriques multiples associés. Nous expliquerons aussi comment l’éthique du consensus, l’éthique pragmatique et appliquée ont guidé nos réflexions avec l’aide de méthodologies qualitatives. Nous exposerons aussi les forces de ces diverses méthodologies et cadres théoriques. Les difficultés rencontrées par notre équipe de recherche seront aussi expliquées. L’aspect de la collaboration interprofessionnelle sera par ailleurs mis de l’avant dans les défis et forces de notre projet. Bref, par cette analyse de notre expérience en recherche en éthique gériatrique, nous visons à communiquer avec nos pairs les forces et les limites des méthodologies que nous avons employées.

La recherche en santé mentale n’est pas à l’abri d’injustices épistémiques dans la mesure où la formulation d’hypothèses et la construction d’arguments peuvent se fonder sur un discrédit épistémologique de la narration des sujets interrogés. Ce qui est exprimé par les participants à la recherche est jugé comme étant insignifiant et sans valeur. Autant le chercheur que le participant à la recherche deviennent victimes de points aveugles. Pour surmonter cette difficulté, je propose une démarche herméneutique qui consiste à rendre explicite nos présupposés afin de mieux écouter et entendre ce qui s’exprime chez les participants à la recherche.  Dans un premier temps, j’exposerai le concept d’injustice épistémique à partir principalement des travaux de Miranda Fricker. Ensuite, je démontrerai son implication éthique dans la recherche en santé mentale à l’aide d’un exemple. Finalement, je m’appuierai sur la pensée de Paul Ricoeur et de Hans-Georg Gadamer pour démontrer que nous avons besoin d’autrui pour connaître nos présupposés et pour limiter nos jugements moraux négatifs. Cela nous engagera dans une autre conception de la vérité.