630 - Les arts, le bien-être et le savoir : un trio à consolider pour le mieux-être des personnes et des populations

Issue d’une recherche heuristique avec les migrants existentiels, cette présentation explore le déplacement à travers un processus de réflexion-création en art-thérapie. L’art a permis aux participants de travailler les pertes inhérentes à l’acculturation, dont le deuil-de-soi et l’abandon des sonorités évocatrices de sa langue maternelle au profit de la langue d’adoption. Lorsque les mots n’arrivent plus à résonner avec l’expérience de la personne et à exprimer son vécu, l’art vient à la rescousse : la création éveille l’imaginaire et donne accès à un troisième langage, visible, métaphorique, accessible. La capacité réparatrice de la création se concrétise à travers un travail de deuil qui ouvre la voie à la réappropriation identitaire.

La migration existentielle définit la réalité des personnes qui ont quitté leur pays d’origine par choix, en quête d'individuation et de sens. La nature volontaire de leur départ n’exclut pas la souffrance, sauf qu’elle est peu perceptible de l’extérieur et vécue dans l’isolement ; partir de son propre gré rend la douleur illégitime. Intitulé Parcours imaginaires, ce projet a permis à dix co-chercheurs sans expérience artistique de s’investir à fond dans un processus de création à travers lequel ils ont pu exprimer leur vécu en leur propre nom, voix et style. Quelques images illustrant le parcours imaginaire des participants seront présentées à l’appui de cette réflexion sur la valeur intrinsèque de la création artistique en art-thérapie.

Cette présentation est le résultat d’une recherche phénoménologique qui visait à documenter la pratique de la musicothérapie auprès d’adultes recevant des services en  santé mentale au Québec. La musicothérapie se  développe  depuis  près de 60 ans au Québec et au Canada. La pratique de la musicothérapie s’est fait connaître en psychiatrie adulte avec Thérèse Pageau (Laurier, 1978). Celle-ci fut la première musicothérapeute canadienne- française à offrir ce service à Montréal, entre 1964 et 1977, alors qu’elle pratiquait à l’hospice Saint-Jean-de-Dieu, rebaptisé Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine et, depuis peu, Institut universitaire en santé mentale de Montréal. Les modèles de réadaptation psychosociale, de rétablissement et de programmes en musicothérapie centrés sur les ressources personnelles  contribuent au mieux-être des adultes vivant avec un problème de santé mentale tout en retrouvant leur créativité et un sentiment de plaisir dont la recherche en neuroscience témoigne. La musicothérapie agit sur le stress, la dépression, la schizophrénie et d’autres troubles mentaux (Bodner et al., 2007; Eyre, 2013a; Gold, Heldal, Dahle et Wigram, 2005; Pelletier, 2004; Ulrich, Houtmans et Gold, 2007) en diminuant les symptômes et en améliorant la qualité de vie. L’accès à des services de musicothérapie en santé mentale est un enjeu crucial  pour permettre à des adultes fréquentant des milieux communautaires et hospitaliers de s’épanouir et de contribuer à la société.

La maladie de Parkinson (MP), bien qu’elle soit généralement considérée comme un trouble des mouvements, peut également avoir un impact important sur le fonctionnement cognitif, ce qui nuit à un large éventail de comportements comme la fonction attentionnelle-exécutive, la mémoire et la perception visuospatiale (Aarsland, Andersen, Larsen, Lolk, & Kragh-Sorensen, 2003; Aarsland et al., 2010; Aarsland et al., 2007). La recherche préliminaire a démontré que la thérapie par la danse et le mouvement (TDM) contribue de manière significative à l’amélioration des déficits cognitifs dans la MP ainsi que l’amélioration de certains symptômes de détresse psychologique soit l’anxiété et la dépression (Kalyani et al., 2019). TDM s’adresse aux nombreux aspects du comportement et offre du temps et de l’espace pour exprimer des idées, partager l’expérience individuelle de MP et utiliser l’improvisation dans la danse et la communication. L’improvisation dans cette forme de thérapie est potentiellement utile pour se concentrer sur la caractéristique cliniquement importante de la spontanéité des mouvements. Ce projet visait à explorer plus profondément les bénéfices thérapeutiques que la TDM peut offrir aux personnes atteintes de MP. Dix personnes ayant un MP intermédiaire ont terminé l’intervention de dix semaines en DMT. Malgré une intervention relativement courte, des gains fonctionnels dans l’équilibre et les fonctions cognitives, en particulier dans la fonction exécutive, ont été mesurés.

Les prédictions suggèrent que plus d’un quart des canadiens auront au moins 65 ans en 2030 (StatCan 2015). Présentement, les maladies respiratoires chroniques occupent le 5^e rang dans les causes de mortalité au Canada (StatCan 2020). La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) affecterait surtout les plus âgés. Les symptômes incluent une diminution de la capacité fonctionnelle, de la qualité de vie et possiblement des fonctions cognitives (Gagnon, Pepin, Melançon, 2015). Devant certaines limites de l’approche conventionnelle (réadaptation et médication) et face à l’intérêt grandissant pour l’approche Singing for Lung Health (Lewis et al, 2016, Clift et al., 2013) et de l’étude Choraute (Drouin et al, 2015), notre équipe multidisciplinaire sous la direction des Pres N. Marquis et V. Provencher, s’est penchée sur la faisabilité et l’efficacité d’un programme de chant choral pour les personnes atteintes de MPOC. Les effets ont été comparés dans deux groupes soit un de chant choral et l’autre de réadaptation pulmonaire dont les activités s’échelonnaient sur 12 semaines de façon bihebdomadaire. Des mesures de fonction respiratoire, de capacité fonctionnelle, de qualité de vie, de fonctions cognitives et de participation sociale ont été effectuées avant et après les interventions et ensuite 12 semaines plus tard. Des entrevues qualitatives et des groupes de discussion ont permis de connaître l’expérience des participants et des membres de l’équipe de recherche.

La Stratégie culturelle estrienne 2017-2022 a émergé des travaux issus des États généraux des arts et de la culture menés par le Conseil de la culture de l’Estrie entre 2012 et 2016. Renforcer les alliances entre le milieu culturel et d’autres secteurs de la société civile, notamment celui de la santé et des services sociaux, s'inscrit dans l'un des axes de cette Stratégie. Les arts et la culture constituent un déterminant significatif pour le mieux-être, la réadaptation et les soins des individus et des collectivités. Avec le désir d’emboîter le pas à plusieurs expériences et recherches faites en ce sens, ici et ailleurs dans le monde, le Théâtre des Petites Lanternes, avec l’accompagnement du Conseil de la Culture de l’Estrie, prend la balle au bond et met en place un Comité régional (d’abord) des arts, de la culture et de la santé. Ce Comité devient vite national et vise à regrouper des artistes, des organismes artistiques et culturels et des gens du milieu de la santé pour avancer dans la mise en place d’une réelle reconnaissance de la place et de la pertinence des arts et de la culture sur la santé et le mieux-être des individus et des collectivités.Dans une perspective de mieux connaitre et faire reconnaître la pratique en arts, en culture et en santé (soins, réadaptation, inclusion sociale et mieux-être collectif), le Comité a réalisé une cartographie des actions réalisées. Les résultats de ce recensement vous seront communiqués lors de cette présentation.