Ce colloque cherche à interroger le thème choisi par l’ACFAS pour son 87e congrès, soit le « dialogue savoirs-sociétés ». Plus particulièrement, il vise à en explorer deux facettes. La première concerne les dispositifs, entendus au sens d’un ensemble de techniques d’administration et de gouvernement de soi (Agamben, 2007), qui inscrivent le dialogue savoirs-sociétés dans les corps et les subjectivités. Les techniques mises en œuvre pour ce faire – discussions instantanées, votes électroniques, sondages en ligne – sont censées faciliter l’échange et vulgariser les connaissances scientifiques. Cependant, ces dispositifs sont aussi performatifs, au sens où ils produisent des effets tant sur le plan des opinions exprimées qu’en matière de légitimation politique. Quelles sont les voix qui ont droit au chapitre? Quelle critique sociale peut s’exprimer? En définitive, quelle est la fonction politique de ce dialogue? La seconde facette est constituée par les imaginaires sociaux et politiques spécifiques dans lesquels s’enracine l’idée même du dialogue savoirs-sociétés. En effet, les dispositifs qui concrétisent les modalités du dialogue reposent sur des représentations collectives qui engagent un certain rapport au monde (Bouchard, 2014), et donc sur une certaine manière d’envisager le rapport au politique. On peut alors comprendre ces représentations comme des imaginaires collectifs ou des mythes (Faure, 2016), que nous proposons ici de remettre en question.
On pourra alors s’intéresser aux enjeux suivants : les mythes et les imaginaires à l’origine du dialogue savoirs-sociétés; la construction des imaginaires de la démocratie dite « technique » ou « dialogique » par les médias, le politique, le monde universitaire; le statut de la science comme instrument de légitimation politique; la place des analyses critiques dans ces discussions; le rôle des techniques et des technologies dans la fabrication et la légitimité de ce dialogue et dans la vulgarisation scientifique.