Ce colloque propose de repenser les notions de mondialisation et de globalisation capitalistes à l’aune du concept de planétarité compris à la fois comme nouvelle configuration du capitalisme et comme solution de remplacement à la totalité sur le mode de laquelle il se déploie historiquement. Comme l’a montré Gayatri Spivak, l’une des premières théoriciennes à proposer une distinction entre les concepts du globe et de la planète (« The Imperative to Re-imagine the Planet », 1998), la mondialisation et le globe sont réalisés par l’imposition mondiale d’un système d’échange unique se manifestant sous la figure de la totalité. La figure de la planète, pour sa part, permettrait de déconstruire les visions totalisantes en offrant le modèle d’une structure ouverte qui se caractérise par la multiplicité, la complexité, la pluralité et la métamorphose constante. Dans cette optique, l’imaginaire de la planétarité apparaît comme une tentative de penser mondialement hors de la mondialisation capitaliste, de penser globalement hors de la totalité qui recouvre la surface du globe. La tradition littéraire est indéniablement liée à cette problématique, notamment avec la déconstruction de la conception de l’œuvre d’art comme totalité par les avant-gardes et le modernisme au siècle dernier (Adorno, Bürger), ainsi que, plus récemment, avec la critique du concept de littérature mondiale dénoncé comme totalisation du littéraire à partir d’une vision eurocentriste (Apter, Cheah). Qu’est-ce que les imaginaires culturels et littéraires de la planétarité peuvent-ils nous apprendre sur ce rapport entre la totalité du Capital et la planète comme figure de résistance à la totalisation? Inversement, qu’est-ce que les imaginaires culturels et littéraires de la totalité capitaliste peuvent-ils nous apprendre sur le passage de la configuration mondiale du capitalisme à sa configuration planétaire?
Le lundi 27 mai 2019