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Informations générales

Événement : 80e Congrès de l’Acfas

Type : Colloque

Section : Section 500 - Éducation

Description :

Les questions environnementales et de développement durable sont des questions complexes et controversées. Elles traversent l'espace public et mobilisent des acteurs de sphères professionnelles différentes qui ne partagent pas forcément les mêmes cadres de référence, les mêmes intérêts et les mêmes valeurs. Ces questions nécessitent donc, - pour être traitées de manière intéressante en contexte scolaire, universitaire, parascolaire ou de formation continue -, de croiser différents champs d'expertise, des connaissances provenant de disciplines différentes, des savoirs experts mais aussi des savoirs citoyens afin d’en arriver à des prises de décision qui tiennent compte des enjeux écologiques, sociaux, politiques, culturels, éthiques ou économiques qui y sont rattachés. L'éducation relative à l'environnement et l’éducation au développement durable misent donc sur une invitation à l'interdisciplinarité, sur des mises en dialogues et en débats des connaissances et des arguments, vers des prises de décisions et des actions plus réfléchies. De plus, de manière à renforcer l’analyse critique et l'engagement des élèves ou des formés sur les questions environnementales et de développement durable, et en cohérence avec certains principes d’une pédagogie critique, on peut viser un rapport renouvelé aux sciences et à la forme scolaire.

Ce sont ces considérations qui seront au cœur de ce colloque. Différents résultats de recherches empiriques en éducation relative à l'environnement, en éducation au développement durable et en éducation aux sciences seront présentés, s’intéressant notamment à l'analyse des représentations et des pratiques d'acteurs engagés dans différents contextes d'éducation et de formation. Nous ferons ressortir les enjeux que soulèvent de telles recherches.

Chaire de leadership en enseignement des sciences et développement durable

Université Laval

Aix-Marseille Université

Groupe de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement (UQAM)

Dates :
Responsables :

Programme

Cocktail

Ouverture du colloque

Communications orales

Rapports aux savoirs et manières d'éduquer à une certaine écocitoyenneté

  • Au coeur des questions socio-écologiques : un savoir à construire
    Lucie Sauvé (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les réalités environnementales se construisent au fil des jours et nous en sommes parties prenantes, individuellement et collectivement, consciemment ou non. Le savoir sur ces réalités s'inscrit dans une même mouvance. Sur les rayons des bibliothèques, on trouve un savoir codifié sur un environnement abstrait ou passé : l'environnement théorique et l'environnement d'hier. Le savoir environnemental vivant émerge au fil de l'expérience, dans l'urgence des multiples résistances ou dans la dynamique de projets innovants. Il s'écrit d'abord dans les médias et sur la Toile, et s'y conjugue au présent et au futur. Il est foisonnant, multiforme, incertain, sans cesse à valider, à compléter, à recomposer dans une image en mouvement d'une réalité trop complexe. Nous sommes tous appelés à construire ou reconstruire le savoir environnemental, à le mettre à distance critique, à lui donner une signification, à le traduire ou à le transformer dans l'agir. Quelles sont les implications épistémologiques, éthiques, politiques et pédagogiques d'une telle co-construction du savoir au sein d'une « société éducative » où école et communauté doivent converger vers un apprentissage écocitoyen? L'étude de cas de la question du gaz de schiste permettra d'illustrer la nature du savoir environnemental, son mode de production et les enjeux afférents dans le contexte de la « gouvernance » actuelle axée sur le « développement durable ».

  • Pour un curriculum de l'éducation au développement durable : entre actions de participation et démarches multiréférentielles d'investigation d'enjeux
    Jean-Marc Lange (Université de Montpellier)

    L'éducation à la durabilité résulte d'une demande sociétale pouvant être envisagée selon quatre finalités fortes :

    - apprendre le collectif par la pratique sociale

    - étayer l'appartenance au monde par la mise à jour des enjeux sociétaux

    - apprendre à anticiper et réduire nos vulnérabilités par l'élaboration collective de solutions durables

    - développer le sentiment d'empathie pour l'humanité actuelle et future, et vis-à-vis des non humains.

    L'éducation scolaire peut prendre en charge ces finalités en assumant une mission de participation et une mission de préparation des élèves.

    Ces missions ainsi définies permettent d'offrir aux élèves les occasions de se construire des dispositions (capacités/engagement) individuelles et collectives à vivre dans un monde incertain en permanente transformation. Cela passe par la recherche de la diminution des vulnérabilités sociales et environnementales lors d'actions éducatives. Celles-ci sont conçues comme une participation effective à des actions de développement durable diversifiées, appropriées, négociées et ajustées. Cependant, les actions sont à compléter par des moments d'investigations multiréférentielles d'enjeux, et par les contributions des matières et disciplines. Cette articulation garantit ainsi la construction d'un ensemble organisé et cohérent permettant le développement éducatif. La communication exposera les arguments étayant ces propositions d'un point de vue curriculaire et didactique.

  • Rapport aux savoirs induits dans la mise en place de différentes éducations au développement durable (EDD)
    Yves Girault (Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris), Agnieszka JEZIORSKI (Université de Provence Aix-Marseille), Aurélie ZWANG (Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris)

    L'analyse des diverses réponses du secteur de l'éducation à la recommandation de l'ONU de promouvoir le développement durable amène à observer un gradient de positionnement. Si certains choix nationaux sont imprégnés d'une vision éconocentrée et néolibérale (Royaume-Uni), d'autres pays comme la Hollande font coexister, à côté de l'EDD, un programme qui s'apparente à une éducation à la Nature et à l'Environnement. En Suisse et en Allemagne, la juridiction décentralisée de l'éducation conduit à la cohabitation de plusieurs systèmes éducatifs qui privilégient des approches diverses. Enfin, plusieurs pays latino-américains proposent des politiques nationales critiques et distantes de la prescription onusienne. Nous placerons les prescriptions de l'éducation nationale française dans ce gradient. Comme nous le montrerons, si ces diverses approches institutionnelles, reflétant divers cadres de référence, intérêts et valeurs, misent pour certaines sur une invitation à l'interdisciplinarité et vers des prises de décisions en vue d'actions plus réfléchies, d'autres privilégient une approche plus comportementaliste, et/ou s'inscrivent très clairement dans le cadre d'une économie libérale. Ces pratiques induites de l'EDD traduisent indubitablement des rapports aux savoirs très différents que nous analyserons.

  • Pause

Communications orales

Rapports aux savoirs scientifiques en éducation relative à l'environnement et éducation au développement durable

  • Sous la bannière développement durable, quels rapports aux savoirs scientifiques?
    Yves ALPE (Université de Provence Aix-Marseille), Angela Barthes (Université de Provence Aix-Marseille), Aurélie ZWANG (Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris)

    La communication vise à montrer à partir de deux exemples, l'un en contexte formel, l'autre issu du milieu non formel, comment s'établissent les rapports aux savoirs scientifiques sous l'injonction de l'éducation au développement durable en France. L'examen de contenus d'expositions circulant dans les écoles primaires et les établissements scolaires du secondaire (collège et lycée), produites en grande partie par des organismes extérieurs, et celui de l'évolution curriculaire des licences professionnelles universitaires (2001-2010) amènent quelques hypothèses. En effet, expositions et curricula formels montrent que la dominante développementaliste (durable) semble s'accompagner de savoirs scientifiques réduits voire absents. En contrepartie, les procédures d'opérationnalisation du développement durable (management de la société civile, nouvelle gouvernance), marquées par une éthique conservationniste (gestion des ressources), ainsi que l'approche comportementaliste (appels aux responsabilités individuelles et collectives et bons gestes associés) occupent une grande place. La communication se propose, au-delà de ces constatations, d'ouvrir le débat sur le développement durable comme inducteur de nouvelles logiques sociétales, en approchant notamment la notion de curriculum caché.

  • Quelques pistes pour un renouvellement et une actualisation de la conception de la nature des sciences en enseignement des sciences
    Vincent Richard (Université Laval)

    Les développements technoscientifiques actuels soulèvent d'importants débats de société à cause, entre autres, de l'incertitude et du risque qui y sont inhérents. Ces débats représentent un argument de taille en faveur d'une analyse critique des limites de la science et des technologies où l'on doit se demander si les sciences ne sont qu'une source de savoirs incontestables, universellement vrais et idéologiquement neutres. De notre point de vue, une éducation relative à l'environnement (ERE) et au développement durable (DD) implique une éducation scientifique qui ose problématiser une telle conception courante des sciences.

    Dans cette communication, nous aborderons la question du rapport au savoir scientifique et de la proposition courante de l'enseignement des sciences. Pour ce faire, nous présenterons brièvement les principaux résultats de notre démarche de recherche doctorale où nous avons documenté la conception de la nature des sciences (NOS) de chercheurs. Sous la forme d'une étude de cas, nous avons procédé à des entretiens semi-dirigés et à une analyse thématique de ces discours afin d'esquisser un portrait épistémologique des chercheurs quant à leur conception de la NOS. Notre recherche se voulant exploratoire, nous discuterons plus particulièrement des thèmes pouvant contribuer, selon nous, au renouvellement et à l'actualisation d'une conception de la NOS en enseignement des sciences qui soit cohérente avec les exigences critiques d'une ERE et au DD.

  • L'écologie : une science en cours imposant de nouvelles formes scolaires
    Didier Mulnet (Université Blaise Pascal)

    Issue des courants d'histoire naturelle, la culture naturaliste est indissociable de l'observation, pas nécessairement scientifique mais porteuse sur le plan pédagogique. Depuis l'origine, l'opposition entre conservationnistes et préservationnistes persiste de façon récurrente dans les savoirs environnementaux parfois imprégnés d'une culture religieuse ou métaphysique.

    L'écologie des écosystèmes intègre des méthodes numériques et modélisatrices, mais ne s'affranchit pas toujours des dérives idéologiques ou scientistes. Les savoirs issus de ces analyses deviennent plus techniques et mathématiques. En (ré)intégrant l'étude de l'environnement, l'écologie a intégré de nouveaux savoirs pluridisciplinaires scientifiques et techniques sans rompre réellement avec sa tradition épistémologique.

    Dans le cadre du développement durable, les dimensions sociales et économiques ont fait évoluer l'écologie dans ses méthodes, ses contenus scientifiques (savoirs complexes controversés) et ses valeurs, renouvelant ses rapports à l'épistémologie et à la didactique.

    De la préservation à la restauration, l'écologie a évolué vers une écologie de la réconciliation puis à une écologie de la reconnexion.

    Ces nouvelles formes de savoirs qui coexistent en écologie induisent de nouvelles formes scolaires.


Communications orales

Rapport au savoir et formation des enseignants

  • Le rapport au savoir comme outil théorique pour explorer la façon dont de futures enseignantes du primaire envisagent la physique et son enseignement
    Audrey Groleau (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Chantal POULIOT (Université Laval)

    Dans l'étude de questions socialement vives environnementales, les élèves, les enseignants et les enseignantes sont souvent confrontés à des notions de physique. Pensons, à titre d'exemple, à la notion de radioactivité qui est liée de près à la controverse entourant l'énergie nucléaire ou à la notion de chaleur qui est associée aux changements climatiques. Or, la physique est souvent perçue comme une science difficile et peu intéressante, autant par les élèves que par les enseignants et les enseignantes. De plus, la plupart des enseignantes du primaire n'ont pas suivi de cours de sciences après la quatrième année de leurs études secondaires. C'est dans ce contexte que nous avons étudié les rapports à la physique et à son enseignement de futures enseignantes du primaire, inscrites dans un profil d'études collégiales en éducation. Les participantes ont d'abord rempli un bilan de savoirs, puis nous avons utilisé les réponses fournies pour préparer un canevas d'entretien individuel semi-dirigé. Nous avons analysé, par l'entremise d'une analyse de contenu, les propos tenus par sept futures enseignantes du primaire, puis nous avons caractérisé leurs rapports individuels à la physique et son enseignement. Nous constatons que les rapports à la physique et à son enseignement des participantes sont variés et peuvent notamment être liés au sentiment de compétence face aux notions à enseigner ou à étudier ou à une expérience d'apprentissage positive ou négative des sciences.

  • Des savoirs disciplinaires au service de l'éducation au développement durable (EDD)? Un cas en formation d'enseignants
    Sylvain Doussot (IUFM - Institut Universitaire de Formation des Maitres de Nantes)

    Quinze étudiants (Métiers de l'enseignement) doivent articuler savoirs géographiques et problèmes politiques en construisant une séquence pour des élèves de 10-11 ans, autour d'un projet de transport urbain (un tram-train). La transcription de leurs échanges et leurs écrits permettent de faire de cette expérience de formation un cas : il met en question l'idée d'une discipline au service des choix du citoyen. Confrontés à la double nécessité d'enseigner la géographie et de former aux compétences citoyennes, ils s'attaquent à une dimension essentielle de ces compétences : quel savoir utiliser à quel moment?

    La valeur de ce cas repose sur sa double dimension. La réflexion didactique des étudiants constitue un intermédiaire fécond à leur réflexion sur les liens savoir/action : ils se posent des questions sur les difficultés des élèves qui renvoient à leurs propres difficultés.

    Il va ainsi au-delà de la mise en question. L'analyse des échanges à l'aide des outils épistémologiques et didactiques de la théorie de la problématisation (laboratoire du Cren) montre que les étudiants font entrer la question politique dans un problème géographique : la solution présentée comme évidente (les bénéfices du tram-train) est resituée dans un problème qui nécessite d'être lui-même reconstruit pour intégrer les concepts géographiques pertinents. Le rapport s'inverse: le savoir n'est plus au service de l'action, mais les actions possibles sont réinterprétées dans un problème scientifique.

  • Pause
  • L'intégration des savoirs endogènes dans les cours de sciences au Gabon : points de vue d'enseignantes et d'enseignants en formation
    Raymonde Moussavou (Université Laval)

    Au Gabon, comme dans certains pays africains, le curriculum de l'école hérité de la colonisation marginalise leurs savoirs endogènes. Toutefois, dans la foulée de la promotion du développement durable et dans celle des postcolonial studies, on assiste à une revalorisation pratique et épistémologique de ces savoirs alors que l'enseignement traditionnel des sciences fait l'impasse sur ces derniers, ce qui dans nombre de cas constitue une source potentielle de conflits sociocognitifs pour les élèves (autochtones africains, amérindiens, etc.). C'est dans cette perspective que lors d'une recherche doctorale informée par une épistémologie socioconstructiviste, j'ai convié deux groupes d'enseignants et d'enseignantes en formation, à participer à des entretiens collectifs, en vue de connaître leurs points de vue sur les savoirs endogènes et leur possible intégration à l'enseignement des sciences. L'analyse de leurs discours a montré d'une part, que ces derniers, tout en considérant que certains savoirs endogènes constituent des savoirs avérés sur le plan empirique, estiment qu'il faut être critique au regard des pratiques auréolées de mysticisme et des croyances justifiant certains interdits leur paraissant arbitraires et, d'autre part, que s'ils pensent cette intégration comme un devoir, que cela ne peut se faire sans respecter des conditions : des savoirs avérés, intégrés au curriculum officiel et consignés par écrit. Ils doivent également demeurer les maîtres d'œuvre du processus.

  • Points de vue d'enseignantes et d'enseignants de sciences au secondaire du Gabon sur une question socialement vive environnementale
    Christophe Ndong Angoué (Université Laval)

    Notre recherche s'intéresse au sens et au statut que les enseignants de sciences du secondaire du Gabon attribuent aux savoirs scientifiques et à l'expertise scientifique dans une question socialement vive environnementale (QSVE) locale portant sur l'exploitation de l'uranium. Pour répondre à cette préoccupation, nous avons pris ancrage dans le champ éducatif des QSVE et sur les travaux portant sur le rapport au savoir et sur une certaine idée de la socialité des sciences afin de montrer que pour enseigner de telles questions il y a nécessité d'envisager les sciences non pas sous le mode de la « science faite » mais plutôt sous celui de la « science en train de se faire » afin de rendre plus explicite les procédures d'expertise scientifique. Pour produire nos données, nous avons réalisé 22 entretiens individuels avec 11 enseignants soit deux avec chacun. Le premier entretien a permis d'interroger leurs histoires scolaires et professionnelles et leurs conceptions de l'expertise scientifique. Le deuxième entretien les a amenés à partir d'une cartographie de la QSVE à expliciter leurs points de vue sur les positionnements des experts scientifiques autour de la QSVE. Les résultats préliminaires nous montrent ainsi comment autour de la QSVE, ces enseignants interprètent la question de l'expertise scientifique en fonction de leurs rapports aux savoirs scientifiques et de leurs postures épistémologiques.


Communications orales

Questions d'interdisciplinarité et pensée systémique

Présidence : Alain Legardez (Université de Provence Aix-Marseille)
  • L'éducation systémique, une réponse aux défis posés par le développement durable
    Arnaud Diemer (Université Blaise Pascal)

    Dans un ouvrage intitulé Le Macroscope, Joël de Rosnay (1975, p. 273) faisait le constat que notre éducation ne « nous préparait ni à l'approche globale des problèmes, ni au jeu de leurs interdépendances ». La révolution systémique peine encore à dégager de nouvelles valeurs et à dessiner les grandes lignes de l'éducation de demain. L'analyse systémique est une méthode qui vise à proposer une vision d'ensemble, une approche de la complexité (Morin, 1988). Le développement durable s'inscrit dans cette perspective, il renvoie à une complexité à la fois scientifique, transdisciplinaire et profondément ancré dans un système de valeurs. L'éducation au développement durable doit s'inspirer de cette démarche méthodologique pour répondre aux défis sociaux et environnementaux posés par notre vie en société. Par éducation systémique, nous entendons répondre à deux types de questionnement : (i) suggérer que de nouvelles valeurs tendent non pas à substituer mais à se juxtaposer aux valeurs traditionnelles. (ii) tenter de dépasser l'enseignement traditionnel en amorçant les fondements d'une véritable approche pluridisciplinaire. L'éducation systémique doit partir des données biologiques et psychologiques afin de permettre aux apprenants d'acquérir les informations nouvelles et de s'en servir plus efficacement dans leur action.

  • De l'environnement au développement durable : le territoire appui ou obstacle?
    Michel Floro (IUFM - Institut Universitaire de Formation des Maîtres d'Aix-Marseille)

    Un grand nombre de systèmes éducatifs sont soumis à des injonctions institutionnelles relatives à l'éducation au développement soutenable, ou durable, comme c'est le cas en France. Dans le contexte éducatif actuel, ce nouvel objet, caractéristique des questions socialement vives, interroge les enjeux du passage de l'éducation à l'environnement à l'éducation au développement durable. Ce franchissement, confronte les acteurs de l'éducation à un ensemble de dimensions complexes, qui touchent divers domaines, cognitif, politique, économique, éthique, et en fait une question de recherche. Cette communication propose de réfléchir aux enjeux éducatifs, aux difficultés et aux contradictions que les professeurs rencontrent confrontés à ce nouveau projet social d'enseignement. Pour mieux comprendre les faits, nous inscrivons cette question dans son contexte territorial. L'étude s'appuie sur des enquêtes par questionnaires adressés à des enseignants des milieux urbain et rural, en Italie et en France.

    L'analyse des résultats montre que si la dimension territoriale développe la conscience de l'environnement, une approche pluridisciplinaire, elle s'oppose à la complexité qui rend difficile l'interdisciplinarité et les transformations des registres d'espace et de temps élargis, que sous-tend la notion de développement durable.

Communications orales

Représentations et pratiques éducatives à l'école secondaire

  • Spécificités disciplinaires de l'éducation au développement durable dans les représentations des futurs enseignants des sciences de la nature et des sciences humaines et sociales
    Agnieszka Jeziorski (Université de Provence Aix-Marseille)

    Dans les systèmes éducatifs actuels, l'éducation au développement durable (EDD) s'est imposée comme cadre de référence concernant le rapport à l'environnement. On peut observer, dans de nombreux pays, une démarche de généralisation de l'EDD dans l'enseignement scolaire, ayant des conséquences sur le travail des enseignants. Renvoyant à l'enseignement des questions socialement vives, l'EDD requiert une démarche interdisciplinaire. Mais cette entreprise se heurte à de nombreuses difficultés, notamment celui de la mise en relation des sciences humaines et sociales et des sciences de la nature.

    Cette recherche se propose d'appréhender les spécificités disciplinaires du développement durable par la méthode des représentations sociales (RS). L'objectif est d'analyser les conséquences que les représentations sociales du développement durable peuvent avoir sur la mise en œuvre de l'éducation au développement durable qui se veut interdisciplinaire. Seront présentés les résultats préliminaires d'une étude sur les RS des enseignants des sciences de la nature ainsi que des sciences humaines et sociales en formation en France. Cette étude est menée dans le cadre d'un projet de thèse en cours.

  • Pertinence des questions socialement vives liées à l'environnement (QSVE) en contexte scolaire : conceptions et regards croisés
    Isabelle ARSENEAU (Université Laval), Sylvie BARMA (Université Laval), Mathieu Lacasse (Université Laval)

    Depuis 2006, les enseignants québécois du 2e cycle du secondaire en Science et technologie mettent en œuvre un programme d'études qui suggère d'aborder des problématiques environnementales pour favoriser l'apprentissage des concepts prescrits. Il y est aussi question de l'émergence rapide des savoirs scientifiques et technologiques, de leur quantité et de leur complexité, nécessitant d'en saisir les retombées (MELS, 2007). Comme plusieurs questions, dont celles liées à l'environnement, concernent sciences et technologies, tous devraient pouvoir participer aux discussions et aux prises de décision relativement à ces enjeux, souvent complexes. Un enseignement des QSVE aborde la science comme une activité socialement et politiquement contextualisée, amenant l'élève à comprendre le caractère collectif des savoirs (Albe et Gombert, 2010). Nous présentons comment deux enseignants de sciences mettent en œuvre une QSVE concernant les changements climatiques. Leurs conceptions de l'environnement de même que la pertinence d'aborder la question des changements climatiques ont été questionnées (Sauvé, 1997) et croisées avec celles des élèves. À la lumière de l'analyse thématique d'entretiens, triangulée avec l'observation participante et l'analyse qualitative de productions d'élèves, le rapport au savoir à propos de l'environnement semble peu remis en question par les enseignants alors que certains élèves prennent conscience de la complexité de la question des changements climatiques.

  • Éducation à l'écocitoyenneté, études de cas de deux projets pédagogiques en éducation relative à l'environnement (ERE)
    Benoit Fauteux (Polyvalente Saint-Jérôme)

    Depuis bientôt 15 ans déjà, que j'intègre dans mes pratiques pédagogiques, des concepts d'éducation relative à l'environnement. Ma présentation portera sur l'analyse de deux projets interdisciplinaires vécus par des élèves de deuxième et troisième secondaire. Mes critères d'analyse reposent sur les concepts en éducation relative à l'environnement, les approches pédagogiques, les courants en ERE et le développement de partenariat en éducation. J'exposerai le lien entre le cadre théorique en ERE et ma pratique pédagogique.

    - Les enjeux énergétiques comme objet de sensibilisation. Enseignement interdisciplinaire dans une perspective d'écocitoyenneté.

    - Imaginer ma ville, construire une communauté durable. Projet interdisciplinaire en géographie et science et technologie.

    Ces deux projets ont été l'occasion pour les élèves de réfléchir sur des enjeux environnementaux d'importance que sont l'énergie et l'aménagement des villes de façon plus écologique.

  • Pause

Communications orales

Représentations et pratiques éducatives à l'école primaire

Présidence : Agnieszka Jeziorski (Université de Provence Aix-Marseille)
  • Grille de lecture de perspectives éthiques sur l'environnement d'élèves de la fin du primaire

    Le concept de développement durable reposerait, en grande partie, sur une perspective éthique, qualifiée d'anthropocentrique, où l'environnement serait perçu comme une ressource exploitable que l'on chercherait à mieux gérer. Dans une optique d'intervention éducative vers un enrichissement de notre vision du développement durable, il serait pertinent de mieux cerner quelles pourraient être les perspectives éthiques des enfants de la fin du primaire sur l'environnement. Or, ceci ne semble pas évident pour deux raisons :

    1. Les auteurs, spécialistes de la question, ne s'entendent pas sur la tendance générale de la position des élèves. Certains penchent vers l'anthropocentrisme alors que d'autres, au contraire, vers le biocentrisme et/ou l'écocentrisme, perspectives fort différentes, posées fréquemment comme opposées, à l'anthropocentrisme. 2. De plus, certaines de ces études soulèvent des questions du point de vue théorique ou méthodologique. C'est pourquoi, dans le cadre de notre maîtrise, nous avons élaboré une grille de lecture des perspectives éthiques d'enfants sur l'environnement à partir de l'analyse critique d'un questionnaire réputé sur la question, de notre recension d'écrits, de notre cadre théorique et de l'analyse critique qu'en fit une autre auteure. Nous présenterons cette grille lors de notre communication.

  • L'engagement des jeunes haïtiens et haïtiennes pour une Haïti verte : une dynamique d'éducation relative à l'environnement pour le développement durable
    Talot Bertrand (PROMODEV - Promotion pour le Développement)

    En Haïti, le système de la succession des terres joint au fort taux d'accroissement de la population provoque à chaque génération une pression sur les terres cultivables. Dans le contexte de la fragilité de l'écosystème, un cercle vicieux pauvreté-dégradation de l'environnement s'installe et pousse la population à émigrer vers les bidonvilles avec toutes les conséquences qui s'en suivent : misère, insalubrité, insécurité. Il en résulte que les Jeunes Haïtiens se détournent de la pratique de l'agriculture visant une autre orientation contrairement à la tradition haïtienne.

    Dans la perspective de contribuer à la promotion d'un véritable changement de comportement pour un retour à la terre, la PROMODEV a conçu un projet en faveur des élèves de l'École Fondamentale. Ce projet vise l'acquisition, par les individus et les collectivités, d'une compréhension de la complexité de l'environnement. L'approche expérientielle et l'approche holistique seront mises en valeur. Ces jeunes assisteront à un changement à la fois déterminant et subtil dans nos manières de concevoir l'éducation et la protection de l'environnement. Enfin, cette activité s'étend sur une période de neuf (9) mois en vue de promouvoir l'Éducation Relative à l'Environnement et le développement durable en Haïti.


Communications orales

Rapports aux savoirs et pratiques éducatives au secondaire

Présidence : Agnieszka Jeziorski (Université de Provence Aix-Marseille)
  • Enseignement interdisciplinaire en sciences et en histoire sur une question environnementale : rapports aux savoirs scientifiques et engagement citoyen d'élèves de 4e secondaire
    Isabelle ARSENEAU (Université Laval), Barbara BADER (Université Laval), Geneviève Therriault (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    La présente communication rendra compte des résultats issus de la mise à l'essai d'une démarche d'enseignement interdisciplinaire en classe de sciences et d'histoire du secondaire autour d'une question socialement vive à caractère environnemental (QSVE), celle des changements climatiques. Plus précisément, cette recherche empirique vise à dresser un portrait des rapports aux savoirs scientifiques des élèves et à vérifier si une telle stratégie pédagogique permet d'en enrichir certains aspects. Les formes d'engagement citoyen que mettent de l'avant les élèves au terme de la démarche sont aussi investiguées. Il sera d'abord question de la démarche inspirée de la méthodologie de l'îlot interdisciplinaire de rationalité (Fourez, Maingain et Dufour, 2002; Therriault et Bader, 2009) qui a été mise à l'essai dans six classes de sciences de 4e secondaire de la région de Québec. Ensuite, une présentation du volet « débat » en classe d'histoire sera effectuée, incluant les étapes, les principaux documents, l'enrichissement des connaissances visées ainsi que les productions attendues. Enfin, les résultats tirés de l'analyse des productions écrites des élèves et d'entretiens semi-dirigés seront dévoilés. Ceux-ci illustrent l'intérêt de notre démarche pour renouveler leur conception des sciences et leur engagement à l'égard d'une question environnementale. Les enjeux que soulève cette recherche seront aussi discutés.

  • L'étude de cas : une approche pertinente pour enseigner le développement durable? Analyse de pratiques enseignantes en histoire-géographie (France)
    Caroline Leininger (Université Paris Diderot (Paris 7))

    Le développement durable a été introduit en 2008 dans les programmes scolaires, en 5e et en 2nd. La thématique structure dans ces classes, l'ensemble des notions et des problématiques définies par le programme de géographie. La démarche pédagogique prescrite (obligatoire) est l'étude de cas. Il s'agit de décrire et d'analyser de manière problématisée, un corpus documentaire pour faire construire par les élèves, les notions à acquérir. Cette démarche peut constituer une approche systémique et complexe (Morin, 1990) des questions que soulève le développement durable. Cependant elle est mise en œuvre dans un cadre rigide qui est celui de la discipline scolaire histoire-géographie (Clerc, 1999) où les savoirs enseignés sont généralement des résultats apolitiques, consensuels et réalistes (Audigier, 1997). Comment les enseignants s'emparent-ils de cette approche? Les situations d'apprentissage mises en œuvre permettent-elles de construire un raisonnement complexe et systémique? Quel rapport aux savoirs génèrent ces situations d'apprentissage? La communication répondra à ces questions en s'appuyant sur des observations non participantes de séquences menées en collège et en lycée auprès d'enseignants volontaires de la région Ile de France (France). Ces séquences seront complétées par des entretiens semi-directifs avec les enseignants.

  • Pause

Communications orales

Pratiques de formation ancrées dans des milieux naturels et communautaires

  • Quarante ans de pratique : les réserves de biosphère du Canada se révèlent
    Marc-André GUERTIN (ACRB - Association canadienne des réserves de la biosphère), Hélène Godmaire (ACRB - Association canadienne des réserves de la biosphère), Geneviève POIRIER-GHYS (Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire), Maureen G. REED (University of Saskatchewan)

    Les réserves de biosphère (RBs) sont des régions écologiques exceptionnelles reconnues par l'UNESCO. Elles ont pour mission de promouvoir la durabilité et la conservation de la biodiversité en faisant appel à tous les intervenants de la collectivité. Elles stimulent la recherche et le partage des connaissances afin de mieux informer l'élaboration des politiques en matière de développement durable (DD). Elles agissent à titre de régions modèles pour l'engagement communautaire et constituent des sites d'apprentissage par excellence du DD, en établissant équilibre et compromis entre les services écologiques, les interactions entre l'humain et l'environnement et le bien-être. Au Canada, dans la cadre d'un projet de recherche mené par l'U. Saskatchewan, 15RBs travaillent à identifier, partager et évaluer les bonnes pratiques de gouvernance et de réseautage afin d'apprendre les unes des autres et d'échanger des connaissances entre elles et avec d'autres. Elles s'initient à l'analyse critique, renforcent leur réseau, leur partenariat et installent une recherche participative qu'elles ont intuitivement et individuellement expérimentée dans leur communauté. Il sera question dans cet exposé des résultats de cette introspection. Par le biais de quelques cas de bonnes pratiques, les enjeux de participation, d'expertises, d'interdisciplinarité, de stratégies et de culture, seront abordés. Au bilan, qu'apprenons-nous de ces laboratoires d'éducation relative à l'environnement et au DD?

  • L'approche éco-conseil du développement durable, une démarche éthique et praxéologique de l'enseignement
    Nicole HUYBENS (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Olivier RIFFON (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Ian Segers (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), David Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    L'approche éco-conseil du développement durable enseignée depuis 10 ans à l'Université du Québec à Chicoutimi propose une exploration d'un concept flou, polysémique, controversé, mais désormais invoqué dans toutes les controverses socio-environnementales. La nébuleuse que forme le développement durable nous incite à développer une formule pédagogique non conventionnelle, axée sur l'apprentissage pragmatique de la complexité. L'enseignement est dispensé par deux professeurs principaux qui sont accompagnés tout au long de la formation par une communauté de pratique multidisciplinaire (plus de 60 intervenants, conférenciers et chargés de cours). Le programme s'articule autour de thématiques liées au développement durable et utilise des dispositifs didactiques originaux. L'approche éco-conseil du développement durable met en dialogue des savoirs pratiques, théoriques et l'expérimentation sur le terrain. Ce mouvement praxéologique, entre la pratique et la théorie, aide à former des praticiens réflexifs capables d'analyser les problématiques socio-environnementales dans la complexité, mais aussi d'observer et d'adapter leur propre action sur le terrain. L'orientation éthique de la formation amène les éco-conseillers à actualiser les valeurs du développement durable dans leur pratique professionnelle tout en développant leur capacité d'auto-éthique.

  • Évolution des rapports aux différents savoirs disciplinaires chez les étudiants et les gradués en éco-conseil
    Nicole HUYBENS (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Olivier Riffon (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Ian SEGERS (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), David Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    Le DESS en éco-conseil offert à l'UQAC propose une approche transdisciplinaire qui se répercute dans divers aspects de la formation : les cohortes composées d'étudiants de diverses disciplines, les professeurs issus de différents départements, les thèmes (eau, agriculture, gestion des matières résiduelles, etc.) présentés par plusieurs intervenants qui en abordent les dimensions écologiques, sociales, politiques, économiques, techniques, éthiques, etc. Confrontés à ces savoirs transdisciplinaires, comment évoluent les connaissances, les perceptions et les représentations des étudiants sur des thèmes tels que la forêt, les mines ou la nature ? Un exercice réalisé dans le cadre de la formation permet d'apprécier cette évolution. En début de première session du programme en éco-conseil qui en comporte 3, il est demandé aux étudiants d'écrire ce qu'ils savent et pensent sur cinq thèmes. Le même exercice est répété quatre mois plus tard. Pour les besoins de cette communication, des étudiants gradués ont répondu aux mêmes questions deux ans après leur graduation. L'analyse des réponses permet d'évaluer le cheminement des étudiants dans l'intégration de nouveaux savoirs et dans leur mise en cohérence avec leurs connaissances ou leurs prises de position initiales. L'analyse démontre comment une formation transdisciplinaire permet d'élargir leurs représentations de départ, afin de concevoir les problématiques liées à l'environnement dans une plus grande complexité.

  • Analyse de l'application d'un cycle praxéologique de l'enseignement de l'approche éco-conseil : quand l'enseignement, la pratique et la recherche dialoguent
    Nicole HUYBENS (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Olivier RIFFON (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Ian SEGERS (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), David Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

    La Chaire de recherche et d'intervention en éco-conseil utilise une approche praxéologique où la recherche permet simultanément d'appliquer et d'alimenter les connaissances. À l'intérieur d'un cycle enseignement-pratique-recherche, trois types de rapport au savoir se distinguent et se complètent : les savoirs issus de la théorie utilisés dans le cadre de l'enseignement éclairent la pratique, les savoirs procéduraux décrivent comment agir et les savoirs pratiques sont un amalgame d'informations tirées des théories, de procédures et d'expériences. Dès lors, trois questions préoccupent les enseignants-praticiens-chercheurs. Comment formaliser des savoirs à partir de la pratique? Comment ajuster la pratique à partir de savoirs? Et comment réintroduire ces éléments dans l'enseignement aux futurs éco-conseillers? L'animation, par des chercheurs de la chaire en éco-conseil, d'un dialogue public citoyen est un exemple qui permet de démontrer ce cycle. L'analyse s'y fait dans et sur l'action. L'utilisation de l'outil d'aide à la décision multicritère permet l'analyse, dans l'action, des données issues du dialogue public tandis qu'une réflexion sur l'action, comprenant une distanciation objective, permet d'identifier des savoirs issus de la pratique qui sont réintégrés dans l'enseignement complétant ainsi la boucle sans pour autant y mettre une fin.

  • Synthèse et mot de clôture
    Barbara BADER (Université Laval), Alain Legardez (Université de Provence Aix-Marseille)