Cœurs, emoji, « likes » sur Facebook et ailleurs. Les dispositifs numériques permettent à chacun d’énoncer ses émotions par des signes spécifiques s’inscrivant aujourd’hui dans nos échanges quotidiens (Allard, 2014). Les organisations et les marques ont su s’emparer de ce phénomène et s’appuient sur ces marqueurs émotionnels dans leurs communications en ligne. Si les plateformes dominantes du Web, ainsi que les discours propres aux professionnels du marketing et de la communication, emploient la notion d’« émotion », il convient de tracer ses limites. Les recherches en psychologie inscrivent en effet celle-ci dans le spectre cognitif d’un individu (Scherer, 2005). On peut cependant considérer que, dans un contexte d’économie de l’attention, le recours à ces signes émotionnels ne vise pas qu’à partager ce que l’on ressent, mais aussi à produire un effet sur ceux à qui l’on s’adresse. La notion d’affect, entendue comme ce qui circule entre les corps, voire les objets et les corps, afin d’avoir un effet sur eux (Ahmed, 2004), est alors pertinente pour observer ce qui circule par les interfaces des plateformes numériques. Un Web affectif se dessine ainsi (Alloing et Pierre, 2017), et la gestion comme l’expression de nos affects deviennent des leviers de marché autant que des compétences socioprofessionnelles (Martin-Juchat, 2014). Dans ce contexte de communication affective numérique, la relation entre les marques et leurs publics ou clients intègre ces codes émotionnels afin d’optimiser au mieux leur présence numérique et leur réputation (Alloing, 2016).
Ce colloque souhaite étudier et mettre en perspective le tournant affectif et émotionnel du Web, et plus largement de l’économie du numérique. En quoi les dispositifs numériques permettent-ils réellement de produire et faire circuler des affects ou des émotions? Comment les organisations s’insèrent-elles dans ce Web affectif? Quelle éthique de la « donnée affective »?
Remerciements
Les organisateurs tiennent à remercier le Centre de recherche en gestion (CEREGE) de l'IAE de l'Université de Poitiers ainsi que Audencia Business School pour leurs soutiens.