611 - Adaptation aux changements climatiques et à l'augmentation du niveau de la mer en zones côtières : une perspective mondiale

Certaines compétences humaines facilitent le processus d'adaptation aux changements climatiques. L'étude de cas multiples visait à identifier les compétences d'adaptation démontrées par deux groupes de citoyens: des employés municipaux et des agriculteurs. Lors d'ateliers basés sur la résolution de problèmes, chaque groupe a analysé les impacts locaux des changements climatiques puis proposé et implanté des mesures d'adaptation. Les employés municipaux ont travaillé sur les inondations et les agriculteurs sur la vulnérabilité de leurs sols aux intempéries. L'analyse thématique des ateliers et la construction de récits de pratique ont permis l'identification, chez les deux groupes, de compétences d'adaptation similaires: la connaissance du milieu, les pensées prospective et rétrospective, la définition des composantes clés du problème, la prédiction des risques, la proposition de solutions, la pensée critique, l'identification des contraintes et la prise de décision. Par contre, l'optimisme, l'ouverture à la nouveauté et la pensée connective ont été principalement repérées chez les agriculteurs. L'étude invite à une réflexion sur les stratégies d'accompagnement des groupes lors de leur processus d'adaptation. Des stratégies de renforcement des compétences d'adaptation sont proposées ainsi que des considérations pédagogiques par rapport à la complexité du problème des changements climatiques et aux difficultés liées aux changements de pratiques.

Pour une période de temps indéterminé, notre climat sera en transition. Le cadre juridique actuel peut-il rester immuable devant une telle situation et continuer à répondre aux besoins de notre société? Le droit étatique, traditionnellement basé sur la stabilité et la prévisibilité, n'est-il pas en perte de repères? La présente contribution a pour but de  questionner les finalités du droit et ses moyens. Plusieurs constats ressortent de cette étude : 1) le droit étatique étant souvent réactif face aux problématiques environnementales, il s'accommodera plus facilement de l'option visant à réduire les causes du changement climatique alors que nous devons envisager dès maintenant l'adaptation au changement climatique; 2) considérant l'incertitude scientifique inhérente au changement climatique, il appert qu'un changement de paradigme juridique pourrait se révéler nécessaire au niveau normatif; 3) devant la multiplicité et la complexité des enjeux environnementaux en général, un changement de paradigme juridique s'impose également, et a fortiori, au niveau processuel. Plusieurs de ces changements, déjà  souhaitables avant l'arrivée du changement climatique, deviennent aujourd'hui incontournables et urgents. L'absence de stabilité climatique au cours des prochaines décennies requiert un système juridique plus flexible et nuancé pouvant encadrer l'élaboration, la mise en œuvre, le suivi, l'évaluation et la révision d'une norme qui se veut adaptée, équitable et efficiente.

Les stratégies d'adaptation au changement climatique en zone côtière du Golfe Saint-Laurent implique de considérer ce changement comme étant un inconvénient majeur (catastrophe naturelle). Générateur de coûts, l'adaptation va consister à choisir parmi les trois grandes options possibles (protection, retrait, ne rien faire) celle qui donne le ratio avantages-coûts le plus élevé. Outre la quantité de données et la variété des expertises nécessaires, les événements servant d'étalon de risque (érosion ou submersion hors-norme) sont souvent difficiles à prévoir. Dans ce contexte, l'incertitude concernant la valeur économique future des propriétés à protéger se conjugue avec la variabilité des informations disponibles sur l'occurrence probable de ces événements. L'objectif de cette communication est de montrer qu'une évaluation économique sommaire s'inspirant d'une étude menée sur l'évaluation économique des risques associés à l'érosion dans certaines régions du Golfe Saint-Laurent (Rioux et al. 2009) et proposant de raisonner à partir des coûts évités peut guider les décisions publiques d'adaptation. En particulier, ce type d'évaluation économique peut contribuer à mieux anticiper les risques, les prévoir et à mettre en place des dispositifs comme l'assurance pour en atténuer les impacts. Cependant, ce genre d'approche ne permet pas d'évaluer avec précision les avantages à la société des mesures d'adaptation ni les coûts privés pour chacun des intervenants.

L'objectif de cette présentation est de présenter les défis auxquels les communautés côtières doivent faire face pour rehausser leur niveau de résilience et leur capacité de s'adapter face aux intempéries climatiques. L'accent est mis sur la nécessité d'intégrer ces deux éléments dans un processus de réflexion de planification stratégique à long terme. Ceci est nécessaire afin d'éviter la marginalisation de la problématique des changements et de la variabilité climatiques (CVC) par rapport aux autres enjeux auxquels doivent faire face ces communautés. Nous utiliserons les concepts de la planification stratégique pour et par la communauté, p. ex. la mobilisation et la participation de tous les segments d'intérêts dans les communautés dans toutes les phases de cette planification stratégique: la construction d'une vision future; l'identification des orientations stratégiques;  l'identification des types d'actions possibles dans une telle orientation; et les actions ou initiatives possibles. Nous utiliserons des exemples provenant des communautés côtières au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Europe occidentale. Les résultats démontrent l'importance de l'appropriation de la problématique des CVC en tant que phénomène récurrent ainsi que la mobilisation de tous les segments d'intérêt d'une communauté. En conclusion, nous soulignons l'importance d'une communication efficace à chaque étape et la construction d'une culture de solidarité communautaire.

La communication du risque a récemment évolué de la transmission unidirectionnelle de l'information vers des procédures délibératives plus intégratives visant à réconcilier divergentes constructions sociales du risque. Elle est désormais considérée comme une activité essentielle et transversale à toutes les phases de gouvernance du risque. Simultanément, l'élaboration de système d'aide à la décision (SAD) pour gérer les risques est de plus en plus orientée vers la facilitation du processus décisionnel. Cet article explore ces préoccupations en analysant comment la communication du risque peut être intégrée dans le SAD du projet Theseus à l'aide d'une théorisation ancrée des corpus sous-jacents au TheseusSAD, le corpus d'enquêtes de perceptions du risque avec les parties prenantes sur trois sites Theseus et des interviews avec les développeurs du SAD. Le résultat montre une divergence de paradigmes sur la nature des risques côtiers, la robustesse de la perception des liens causaux et la complexité du système côtier dans son ensemble. S'appuyant sur ces résultats, nous développons un système de communication qui permettrait une convergence progressive des paradigmes manifestés dans le SAD. Nous suggérons que le SAD soit en lui-même un lieu de communication du risque et que les parcours cognitifs des utilisateurs du SAD soient proactifs et créent des opportunités d'échanges interactifs entre concepteurs, usagers et décideurs.

Les inondations côtières semblent connaître une croissance importante en termes de fréquence et d'intensité. En outre,  la forte urbanisation des zones côtières amplifie les conséquences de ces inondations en cas d'impact. Or, au lieu de renforcer la résilience en zones à risques, la gestion des risques s'est davantage focalisée sur le contrôle de l'urbanisation en vue de réduire l'exposition, en biens et en personnes. Face à ces événements inévitables, le recours actuellement à des mesures inflexibles et restreintes sur des espaces dîtes à haut-risques ne semble pas favoriser l'adaptation face aux risques présents et futurs. Ce travail examine les limites des approches actuelles, limitées à la réduction des impacts, et offre un cadre opérationnel de renforcement de la résilience par l'application de principes systémiques de résilience aux mesures associées à la gestion des risques. Le portfolio d'options de résilience est issu de l'application des principes d'homéostasie, d'omnivorie, de haut-flux, d'effet tapon, d'a-archie et de redondance à chacune des mesures associées à l'aménagement du territoire, aux systèmes d'alerte et plans d'évacuation, aux plans de continuité de fonctionnement, aux programmes d'assurance et à la gestion du pot-trauma.

Comme dans d'autres régions du monde, la croissance démographique et l'aménagement côtier sur le littoral Acadien au Nouveau-Brunswick contribue à une plus grande vulnérabilité et à la détérioration des espaces et environnements littoraux. L'élévation du niveau marin et les effets des changements climatiques rendent les côtes du Nouveau-Brunswick extrêmement sensibles et entrainent des impacts de plus en plus importants. Ainsi, l'adaptation aux changements climatiques constitue un enjeu de taille pour la province.

Nous décrivons ici les résultats d'une étude comparative sur les expériences et les stratégies d'adaptation de deux communautés côtières, les communautés de Cocagne - Grande Digue et de Beaubassin-Est - Cap Pelé. Les deux territoires ont en commun d'avoir des littoraux convoités par le tourisme et le secteur immobilier. Des entretiens semi-dirigés et des groupes de discussion (focus groups) ont permis d'obtenir des informations sur les thématiques suivantes : l'expérience des modifications environnementales, les mesures d'adaptation initiées individuellement ou collectivement, les réactions et les besoins futurs. Les résultats de l'étude mettent en évidence l'enchâssement des aspects économiques et sociétaux dans les enjeux  environnementaux et le rôle des représentations et des acteurs qui déterminent le niveau de mobilisation. Enfin, le projet souligne l'importance d'une coordination entre les différentes échelles de gouvernance.

Cette communication traite de l'usage des cartes ou d'autres outils permettant de synthétiser des informations dans le cadre de l'adaptation aux changements climatiques dans des milieux ruraux côtiers. L'aptitude à dialoguer et à prendre des décisions à partir d'informations complexes et souvent lacunaires est cruciale dans le cadre de l'adaptation. Nous travaillons  depuis 2011 avec des communautés côtières de la Péninsule acadienne afin de les épauler dans ces démarches et de mieux comprendre le processus  d'adaptation. Des outils permettant de synthétiser des informations sous divers formats ont été produits en collaboration avec des acteurs locaux. Nous présenterons les outils utilisés, la manière dont ils ont été produits et diffusés, le public visé et le rôle des chercheurs et  accompagnateurs dans chaque communauté. Nous proposerons ensuite quelques indicateurs potentiels du degré d'appropriation des outils par les communautés. Sur la base de ces indicateurs, nous présenterons finalement quelques résultats préliminaires issus d'entrevues et d'observation participante et portant sur la manière dont les groupes visés se sont appropriés les outils: niveau de compréhension, support au dialogue et à l'action, usage stratégique. Nous constatons l'importance de l'accompagnement pour réussir à stimuler des apprentissages collectifs autours de ces outils, mais aussi le rôle non négligeable de l'organisation territoriale et des priorités de chaque communauté.