La plupart des États africains ont ratifié les instruments législatifs en faveur des droits des femmes. Pourtant le fossé entre les normes adoptées et leur application est patent, l’accès à la justice restant très aléatoire. D’une part, les facteurs socioéconomiques et les lourdeurs socioculturelles jouent un rôle dissuasif. D’autre part, les dysfonctionnements des institutions judiciaires ne font que renforcer l’image d’une justice lointaine et inaccessible. Par conséquent, le droit reste méconnu et peu mobilisé par les femmes. Or, l’accès à la justice constitue un élément central dans un état de droit au sein duquel les citoyens doivent pouvoir faire valoir leurs droits. C’est donc bien la question de la construction de la citoyenneté qui est posée à travers l’étude du rapport des femmes à la justice en Afrique.
Trois axes de réflexion sont proposés :
1) Les institutions judiciaires face à la problématique du genre : analyser le fonctionnement de la justice au quotidien est indispensable pour comprendre les obstacles que les femmes peuvent rencontrer. Y a-t-il une prise en compte spécifique de la dimension genre au sein des tribunaux? Dans quelle proportion les femmes sont-elles représentées dans les professions judiciaires? La variable genre joue-t-elle un rôle dans la manière d’interpréter le droit?
2) Femmes et justice dans un contexte de pluralisme normatif : la justice étatique ne constitue souvent que le dernier recours pour les femmes, d’autres ordres normatifs tendant à s’imposer à elles en pratique. Quels sont-ils? Comment cohabitent-ils avec le droit étatique? Quelles possibilités les femmes ont-elles pour jouer sur différents registres?
3) Politiques d’accès à la justice : quels dispositifs sont mis en œuvre par les États et les associations pour favoriser un meilleur accès à la justice? Comment expliquer leur développement récent? Ces programmes intègrent-ils une dimension genre? Quel est leur impact sur le rapport des femmes au droit?