Le concept de modernité englobe une matrice de processus historiques qui se retrouvent au cœur de l’analyse sociale. La problématisation de ces différentes composantes de la modernité et de leurs temporalités et spatialités variables engendre des défis majeurs pour le chercheur en sociologie historique se penchant sur des processus tels que la genèse et le développement du capitalisme, de l’État-nation moderne, de la bureaucratie rationnelle, etc. À ce problème s’ajoute celui de l’analyse du développement et de l’interaction de multiples modernités parallèles. Principalement armés d’outils conceptuels dérivés de l’histoire européenne, une problématique surgit pour les analystes du monde extra-européen en ce qui à trait à l’application de ces concepts à un ensemble de réalités sociales divergentes.
Ce colloque vise à explorer les questions qui émergent de ce caractère multiple, inégal et fragmenté de la modernité. Quand et où apparaît la modernité? Comment conceptualiser la multitude des processus distincts, à temporalités et spatialités multiples, afin de reconstituer la spécificité et la complexité des trajectoires de développement modernes? Quel rôle le capitalisme, l’État et les révolutions sociales ont-ils joué dans la transition à l’ère moderne? À quel point une perspective comparative peut-elle être mobilisée pour comprendre les divergences et les convergences entre les multiples trajectoires européennes et non-européennes? Comment l’analyse sociohistoriques des sociétés extra-européenes vient-elle remettre en cause les outils conceptuels classiques de la théorie sociale? Quels problèmes théoriques et méthodologiques se posent face à la complexité des trajectoires de développement modernes?
Comme le programme de recherche de la sociologie historique se veut ouvert et inclusif, ce colloque a comme objectif de réunir sociohistoriens et chercheurs de différents horizons afin d’élaborer des réponses à ces questions.