Le développement des nanotechnologies (c.-à-d. technologies utilisant des matériaux dont la taille est comprise entre 1 et 100 nm de côté) représente un marché mondial florissant dans lequel le Québec s’est doté d’une capacité de recherche enviable. Des ordinateurs plus performants et plus petits, des emballages «intelligents» conservant les aliments plus longtemps et plus efficacement, la fin des mauvaises odeurs dans les textiles, des médicaments plus efficaces atteignant spécifiquement les tissus à soigner... les nanotechnologies ont d’ores et déjà révolutionné le monde de l’industrie. Toutefois, de nombreux rapports montrent que les nanomatériaux de synthèse présentent des risques potentiels pour la santé et l’environnement. À ce titre, ils sont considérés comme des contaminants émergents pour les milieux aquatiques depuis 2009. Le manque de connaissance actuel concernant le devenir des nanomatériaux dans l’environnement ne permet pas de déterminer efficacement les risques écotoxicologiques que représente leur dissémination et encore moins de déterminer si des interactions sont possibles avec d’autres contaminants (hydrocarbures, pesticides, etc.).
De nombreux scientifiques travaillent depuis plusieurs années à améliorer les connaissances dans les domaines de la toxicologie aquatique et de la chimie environnementale des nanomatériaux anthropiques introduits en milieu naturel. En effet, de nombreuses questions se posent aujourd’hui. À cause de leur petite taille et de leurs propriétés physico-chimiques très particulières, comment mesurer leur concentration en milieu naturel? Persistent-ils dans l’air, l’eau, le sol? Les retrouve-t-on dans les organismes et les affectent-ils? Que deviennent-ils une fois rejetés dans l’environnement? Peuvent-ils être dégradés ou bien persistent-ils dans les milieux naturels? Ce colloque vise à répondre à certaines de ces questions et à démystifier les effets des nanotechnologies sur l’environnement.
Ce colloque permettra de mettre en lumière les travaux de pointe des chercheurs du Québec travaillant sur les nanomatériaux anthropiques susceptibles de se retrouver dans l’environnement. Les différentes présentations couvriront de multiples aspects de la recherche en cours, allant du développement de nouvelles techniques de dosage et de caractérisation des nanomatériaux dans l’environnement à la nanotoxicologie aquatique, une discipline naissante incorporant les études sur le devenir environnemental et les effets toxiques des nanoparticules anthropiques pour les organismes aquatiques. Une attention particulière sera portée à la nanotoxicité des nanomatériaux et aux processus qui affectent ces matériaux dans les milieux aquatiques, en particulier dans les milieux estuariens tels que l’estuaire du Saint-Laurent.