La notion de représentation, qu’elle soit désignée comme sociale (Moscovici), culturelle (Hall) ou collective (Durkheim), fait partie intégrante d’une multitude de théories, d’approches ou de disciplines en sciences sociales et humaines (communication, psychosociologie, science politique, anthropologie, sociologie, études des discours, cultural studies, etc.), qui tentent de saisir la dynamique et le cadrage (framing) d’objets dans la pensée sociale (idéologie, attitudes, rumeurs, etc.). Or, même si les données analysées dans le vaste champ des représentations sociales (RS), culturelles ou collectives reposent majoritairement sur des données de nature langagière (p. ex., questions ouvertes, entrevues, analyse de contenus médiatiques, fouille de données, etc.), considérer pleinement le travail du langage, au-delà de son contenu thématique comme dans ses dimensions pragmatiques, énonciatives ou rhétoriques, reste une pratique très rare et surtout peu ou pas théorisée (Ramognino, 1984). Aussi, du côté des sciences du langage, se posent fréquemment des problématiques incluant les dimensions sociales des discours, mais elles peinent à théoriser le rôle et les modes d’action des conditions sociohistoriques (Schnapper, Van Dijk, Rastier) sur le langage. Autant au niveau très macro des idéologies qu’à un niveau plus micro des situations d’interaction discursives, le traitement théorique proposé des conditions sociohistoriques des locuteurs s’appuie volontiers sur le sens ordinaire de la notion de représentation (sociale, culturelle ou collective), ou au mieux se ramène à des représentations individuelles ou linguistiques.
En fait, la transdisciplinarité nécessaire à la réalisation, d’une part, de recherches sur les représentations dans la pensée sociale qui théorisent pleinement le rôle du langage et, d’autre part, de recherches en sciences du langage où les effets des conditions sociohistoriques sont pleinement explicités, est loin d’être accomplie (Grossmann et Boch, 2007).
Ce colloque se propose donc d’ouvrir la possibilité à des chercheurs de différentes disciplines des sciences humaines, sociales et du langage à venir se prononcer sur les plans théoriques, méthodologiques et épistémologiques à propos de leurs pratiques afin d’amorcer une réflexion transdisciplinaire sur le langage et les représentations sociales, culturelles ou collectives.