Depuis une quinzaine d’années, on constate un intérêt marqué pour la notion de recueil, considéré par certains comme un genre à part entière. Ce type de production a en effet la particularité de réunir un certain nombre de textes qui, à eux seuls, ne suffiraient pas à constituer un livre, que l’on songe à la nouvelle, au poème ou à l’essai. Plusieurs travaux récents ont porté sur la dynamique particulière de la forme du recueil, entre fragmentation et accumulation, qui amène la lectrice ou le lecteur à osciller entre le caractère unitaire et autosuffisant des textes et les liens qui peuvent s’établir entre eux, du simple fait de leur rassemblement. Comme l’écrit François Dumont à propos de l’essai, l’analyse de recueil nécessite l’examen des « rapports qu’entretiennent la forme colligée et la poétique » (La pensée composée, 1999). Observons enfin que ce mode de composition entraîne des conséquences sur la lecture en raison du phénomène de réticulation « qui conjugue des stratégies textuelles et des stratégies interprétatives » (R. Audet, Des textes à l’œuvre, 2000).
C’est dans un tel esprit que ce colloque invite les participantes et participants à remonter la chaîne des actions, des manipulations textuelles et des étapes éditoriales qui ont mené à la confection d’un recueil destiné à la publication. Il s’agira, en somme, de s’interroger sur l’histoire d’un texte en fonction de sa destination recueillistique. Les chercheuses et chercheurs sont donc invités à choisir un texte : nouvelle, poème ou essai, et à rendre compte de son parcours jusqu’à sa mise en recueil, sous forme de livre, dans une anthologie, voire dans une édition critique. Les communications pourront ainsi s’inscrire dans des travaux en édition critique, en génétique textuelle ou en poétique du recueil. Les présentations s’apparenteront davantage à l’atelier qu’à la conférence afin de favoriser la discussion en toute collégialité autour d’objets ou de questions de recherche en cours.