Nos voisins américains ont l’habitude de comparer la période de maturation commerciale d'une innovation à « la vallée de la mort », une région de la Californie connue pour son climat rébarbatif. Faire passer une invention issue de la recherche universitaire au stade de prototype ou de produit précommercial est une étape difficile et semée d’embûches.
Extraits du mémoire présenté par : Les sociétés de valorisation universitaires (SVU) du Québec
Déposé dans le cadre de : la consultation menée par le Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation en vue du renouvellement de la Stratégie québécoise pour la recherche et l’innovation (SQRI)
Date du dépôt : Montréal, le 15 août 2012
Les sociétés de valorisation universitaires (SVU) du Québec
« Les sociétés de valorisation universitaires (SVU) du Québec ont été créées au début des années 2000 afin de faciliter le passage des technologies novatrices issues de la recherche universitaire vers les lieux d’application. L’objectif de passer d’un mode de transfert aléatoire et circonstanciel à un mode structuré et proactif a été atteint : les SVU valorisent aujourd’hui les innovations de 28 établissements qui investissent annuellement plus de 1,6 milliard de dollars dans la recherche fondamentale et appliquée. »
LES SOCIÉTÉS DE VALORISATION UNIVERSITAIRES (SVU)
UNIVALOR
VALEO
MSBiV
SOVAR
École polytechnique de Montréal, HEC Montréal, Université de Montréal et son réseau de sept institutions de santé et hôpitaux affiliés
Université du Québec à Montréal, Université du Québec à Rimouski, Université Concordia, École de technologie supérieure, Université du Québec à Trois-Rivières, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Université du Québec en Outaouais
Université McGill, Université de Sherbrooke, Université Bishop’ s et leurs centres de recherches affiliés
Université Laval, le Centre hospitalier universitaire de Québec, ses trois hôpitaux affiliés, l’Institut universitaire en santé mentale de Québec et l’Université du Québec à Chicoutimi
Nouvelles approches pour réaliser des activités de calibre international tout en maximisant l’impact sur la société québécoise
« La concurrence internationale dans ces secteurs ne connaît […] aucun répit. À l’échelle de la planète, les entreprises sont engagées dans une perpétuelle course à l’innovation. Le Québec doit poursuivre ses efforts pour maintenir sa position de leader dans ces secteurs. »
« La valorisation des découvertes et des inventions issues de la recherche universitaire est un maillon important, mais parfois négligé de la chaîne d'innovation créée par le Québec pour soutenir ses secteurs porteurs. Pour faire bénéficier les entreprises québécoises de toute l’expertise des chercheurs, le Québec doit soutenir davantage et de façon plus stable les organismes de valorisation, dont les SVU. »
Les domaines et les enjeux sociétaux et économiques à prioriser
« Sans délaisser les autres secteurs d’activités, le Québec doit toutefois s’assurer de maintenir et consolider sa position dans le peloton de tête de certaines industries. Nous privilégions les secteurs suivants :
- ressources naturelles (mines, eau, forêt)
- transport et l’aérospatiale
- sciences de la vie
- manufacturier
Le secteur manufacturier mérite une attention particulière. En raison de la réorganisation mondiale qui s’y opère, le Québec se doit de devenir plus compétitif et performant afin de conserver une base économique solide dans ce domaine ainsi qu’une certaine indépendance en matière de capacité de production. »
Le dispositif de liaison, valorisation et transfert en matière de recherche et d’innovation québécois
1. AMÉLIORER LA PERFORMANCE DU DISPOSITIF : L’amélioration de la performance du système de valorisation de la recherche universitaire est au cœur des préoccupations des SVU. Voici nos réflexions et recommandations à cet égard.
1.1 Soutenir l’étape de maturation commerciale : Nos voisins américains ont l’habitude de comparer la période de maturation commerciale d'une innovation à « la vallée de la mort », une région de la Californie connue pour son climat rébarbatif. Il faut reconnaitre en effet que de faire passer une invention issue de la recherche universitaire au stade de prototype ou de produit précommercial est une étape difficile et semée d’embuches.
- RECOMMANDATION : Mettre à la disposition des SVU les sommes destinées aux fonds de maturation et remettre à leur comité d’investissement respectif la responsabilité des décisions d’investissement.
- RECOMMANDATION : Renforcer l’essaimage d’entreprises dérivées des inventions universitaires par un soutien à la création de nouveaux fonds d’amorçage couvrant un spectre plus large de secteurs d’activité.
1.2. Du financement stable pour les SVU : Les SVU ont été créées il y a à peine plus de 10 ans selon un modèle qui a fait ses preuves ailleurs dans le monde, au Canada, aux États-Unis et en Europe. Elles ont à ce jour démontré leur valeur pour le Québec et continueront à le faire au fur et à mesure qu’elles gagneront en expérience et en maturité. Dans le domaine de la valorisation de la recherche, il est nécessaire de faire preuve de patience, de persévérance et d’une vision à long terme si on souhaite doter le Québec d’un réseau de sociétés de valorisation fort.
- RECOMMANDATION : Établir les budgets d'opérations des SVU pour une période minimale de cinq ans, comme c'est le cas pour les Centres de liaison et transfert.
2. FACILITER LES LIENS ENTRE LES PRODUCTEURS ET LES UTILISATEURS DE CONNAISSANCES
« Il faut aussi encourager et intensifier le niveau d’interactions entre les acteurs de la recherche et l'innovation au Québec. Ce sont des interactions intensives avec nos partenaires en amont et en aval du processus de valorisation qui ont valu les succès des SVU : Bureaux de liaison entreprise-université (BLEU), Centre québébois de valorisation des biotechnologies (CQVB), Centres collégiaux de transfert de technologies (CCTT), incubateurs, anges financiers, sociétés de capital de risque, FIERS, MDEIE, fonds d'investissements avec avantages fiscaux, organismes de développement municipaux ou régionaux. »
« La culture qui sous-tend les interactions entre les SVU et les institutions de recherche aurait toutefois avantage à évoluer. On doit amener les acteurs à s’engager dans la dynamique de valorisation dans une optique plus large que celle des retombées financières directes pour eux-mêmes ou pour leur institution. Lorsque les découvertes universitaires sont transformées en innovation utile à l’industrie ou à la société, c’est tout le Québec qui en bénéficie. »
Accélérer le développement d’une culture de l’innovation chez les différents acteurs de la société québécoise
« Les SVU font une distinction entre inventions et innovations. Les travaux des chercheurs en milieu universitaire sont des inventions. Elles ne deviennent des innovations qu’une fois transférées vers la société ou l’industrie. Le développement d’une culture d’innovation passe notamment par un plus grand engagement de la part des chercheurs en milieu universitaire et hospitalier à l’égard du transfert technologique. »
« Les SVU s’emploient quotidiennement à susciter cet engagement, qui ne peut se développer sans l’émergence d’une culture d’affaires au sein des institutions de recherche. Sans cette culture d’affaires, les chercheurs ne peuvent concevoir que l’amélioration de la position concurrentielle et des profits des entreprises puissent à eux seuls constituer des objectifs valables. À cet égard, la Stratégie québécoise de l'entrepreneuriat lancée en 2011 peut favoriser l’émergence de cette culture d’affaires et, par ricochet, d’une culture d’innovation. »
Maximiser l'impact et la valeur ajoutée du soutien public aux efforts d'innovation et l'amélioration de la productivité et de la compétitivité des entreprises
« Les SVU estiment que les mesures en place sont en général adéquates et visent les bonnes cibles. Les crédits d'impôt aux dépenses de recherche et développement sont particulièrement efficaces pour encourager l'innovation en entreprise. »
« Le soutien à la mise en marché des produits innovateurs constitue toutefois un maillon faible. Les budgets requis pour mettre en marché de nouveaux produits sont élevés, souvent supérieurs à ceux déjà investis pour le développement du produit. Sans soutien, les entreprises peuvent être forcées ou tentées de limiter leurs efforts de mise en marché, ce qui nuit considérablement au potentiel de succès du nouveau produit. L'efficacité globale de toutes les mesures de soutien à l’innovation en est affectée. »
RECOMMANDATION : « Les SVU recommandent de s'inspirer des meilleures pratiques de soutien pour la mise en marché et mettre en place les mesures appropriées pour que les produits issus des efforts de recherche et développement se rendent au marché. »
Développer la recherche et l’innovation, les collaborations recherche-milieu, l’intersectorialité et la relève scientifique
« En raison du rôle qui leur est confié, les SVU devraient occuper une place importante dans la nouvelle stratégie d’innovation du Québec. Elles devraient non seulement bénéficier d’un appui renouvelé à long terme, mais également d’une augmentation des moyens financiers dont elles disposent pour mener à bien leur mission. Seules de telles mesures peuvent donner aux SVU les outils nécessaires pour continuer à transformer les inventions issues de la recherche universitaire en innovations industrielles, en nouveaux emplois, et en retombées économiques concrètes pour le Québec. »
- Les sociétés de valorisation universitaires (SVU) du Québec
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